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Gitega : tensions à Mubuga

15/04/2015 3

Depuis les révélations d’un probable groupe de jeunes qui font des exercices paramilitaires sur les collines de Cene et Bukwazo de la zone Mubuga en commune Gitega, un climat malsain et de peur règne dans ces localités.

Eric Ndayishimiye  le jeune garçon qui affirmait avoir  participé à des exercices paramilitaires ©Iwacu
Eric Ndayishimiye le jeune garçon qui affirmait avoir participé à des exercices paramilitaires ©Iwacu

Les autorités administratives et policières parlent de rumeurs sans fondements liées à des conflits fonciers. Et pourtant, des contradictions dans cette affaire laissent dubitatifs certains habitants.

Depuis une semaine, des informations circulent que des jeunes font des exercices paramilitaires avec des fusils sur les collines Cene et Bukwazo. Cette révélation a fait l’effet d’une bombe. Ces révélations ont été faites par un homme du nom de Cassien Nakobedetse et son fils de 14 ans, Eric Ndayishimiye. Ce dernier aurait participé dans ces exercices. Ils habitent la colline Kimanama de la zone Mubuga. Cet homme qui avoisine la soixantaine a fui son domicile arguant que lui et son fils risquent d’être tués. «Mon fils avait disparu pendant beaucoup de jours. Quand j’ai réussi à le ramener à la maison, il m’a raconté ce qu’il faisait, avec d’autres jeunes, pendant la nuit. Ils faisaient des exercices sur la colline Bukwazo.» Selon cet homme, son jeune garçon a passé tout le mois de mars hors du domicile familial. Ce que confirment les voisins. «Il vivait sur une autre colline», assurent-ils. «Mon fils a suivi des exercices paramilitaires qui dépassent ses capacités intellectuelles. Il doit être protégé.»

Avec de petits détails et à peu près vingt minutes, le jeune garçon raconte comment il s’est retrouvé dans cette histoire. «J’ai été approché par un certain Sadiki. Il m’a dit de quitter le domicile familial et qu’il va m’aider. Je suis parti le jour même.» Le lendemain pendant la nuit, poursuit-il, nous sommes partis avec Sadiki, Innocent, Maneno et les autres sur un terrain où ils ont commencé à faire du karaté, des pompes, des « rolling » comme il dit, … avec des gourdins en forme de fusils. «Nous étions nombreux. Les retardataires devaient soulever des haltères.»

Par après, continue-t-il, Innocent a sorti deux fusils d’une sacoche et a commencé à lui enseigner les parties du fusil et comment il fonctionne. «Ils me disaient de ne pas le répéter», raconte le jeune garçon. «Ils m’ont dit qu’il y a neuf groupes. Le premier, d’après eux, est celui d’Apollinaire et qu’ils ont en tout au moins six fusils.» D’après les habitants de Kimanama, Apollinaire est un ancien militaire. Il continue en précisant que pendant plusieurs jours, ils faisaient des incursions nocturnes sur les collines Cene et Bukwazo pour les mêmes exercices.

Selon le père et le fils, ils ont préféré fuir car un homme connu sous le nom de Kamariza, père d’Innocent cité dans cette affaire, a voulu enterrer vivant le jeune homme mercredi dernier. Kamariza ne nie pas les faits mais il souligne qu’il l’a fait parce que le garçon avait battu ses enfants. «Il m’accusait d’avoir divulgué des informations sur son fils», rétorque le jeune homme. Les voisins qui ont assisté à la scène affirment que la dispute portait sur les exercices paramilitaires.

Coup de théâtre après ces révélations

Cassien Nakobedetse est arrêté, vendredi le 03 avril, et conduit manu militari aux cachots de la zone Mubuga. Mais, il est relâché le lendemain. Dans la foulée, son fils conduit un groupe de policiers pour leur montrer le terrain qui servait d’entraînement. Dimanche, le chef de zone Mubuga accompagné de la police tentent de réincarcérer Cassien Nakobedetse mais il réussit à s’échapper. Le fils est arrêté.

Après une nuit à la position de police de Mubuga, le jeune homme se rétracte. Il donne une autre version. Des incohérences se manifestent dans cette nouvelle version. Il indique que c’est un dénommé Ferdinand qui lui a soufflé ce qu’il doit dire. «Nous étions dans la ville de Gitega ce mercredi dernier. C’était le première fois que je le voyais mais je peux le reconnaître.» Et pourtant, avant mercredi, Eric Ndayishimiye et les voisins affirment que lors de la dispute avec Kamariza, la discussion portait sur les exercices paramilitaires. De plus, Kamariza lui-même assure qu’il était au courant, deux semaines avant, qu’on accuse son fils mais qu’il n’a pas jugé bon d’informer les autorités. « Des habitants de notre colline étaient en train de faire des enquêtes sur cette histoire.»

Interrogé, le chef de zone Mubuga indique que le jeune homme avait raconté la première version lors du premier interrogatoire. «Nous lui avons demandé de reproduire les exercices qu’ils faisaient avec les autres jeunes. Il s’est exécuté en faisant des pompes. Nous lui avons même donné un fusil pour nous montrer comment on tire.» D’après cet administratif, le jeune garçon s’est rétracté par après.

La personnalité du père porte aussi à confusion. L’administrateur de la commune Gitega, Valentin Nahimana, le décrit comme un voleur, d’autres comme un fou et le chef de zone Mubuga parle d’un homme qui avait des conflits avec ses voisins. Certes, des habitants de la colline Kimanama affirment que Cassien Nakobedetse a des conflits fonciers depuis son retour d’exil en 2013. «Peut-être que c’est pour ça, il a raconté cela.» Des avis divergent car certains pensent que même s’il a des conflits fonciers, cela ne suffit pas pour le discréditer. D’autres n’hésitent pas à dire qu’ils vont le lyncher s’il n’arrête pas.

Après une descende sur terrain ce lundi 6 avril, l’administration a conclu à des rumeurs liées à des conflits fonciers. Pour la police, car le commissaire régional centre-Est et le commissaire provincial, Melchior Hakizimana, étaient sur terrain, cette affaire est liée à la fièvre électorale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Prosper

    What I can say …Burundians , continue to be together as one. Shun any rumor. Burundians learn to think twice before taking any action. Learn how to digest whatever you hear because most of what roams about in Burundi is rumors. Rumors intending to divide the population of Burundi. Be careful, those professional rumor spreaders under the pay of chaos spreaders are to no good.
    Burundi has and will always be a complex country.
    Those chaos and trouble planners in Burundi will be so much surprised. The unity of all Burundians will conquer them.

  2. Amarementanya. None uwo mwana ko nabonye yasubiye kuvuga ko bamubwiye ivyo ategerezwa kuvuga, emwe iwacu niwikubite Akashi maze usubire utohoze iyo nkuru neza. Kubera ayandi maradiyo suko avuga kandi uwo mwana yarabeshuje ivyo ya ma Medias abesha ivyo yavuze. Emwe , le professionnalisme dans les medias iracatugoye kabisa.

  3. Mwevi

    Cher Manirakiza,
    Merci pour l’article, vous avez bien donne parole a chacun. Seulement, c’est comme si ce n’est pas complet. Pourquoi la police a juge bon d’interroger le jeune garcon uniquement? L’emploi du temps de cet Innocent pourrait aussi reveler des info par exemple, meme Iwacu pouvait le contacter. Si Kamariza a reconnu la possibilite de cette information, pourquoi lui aussi n’a-t-il pas ete entendu? C’est dire que la police semble vouloir cacher quelque chose.

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