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Gitega : son verre de ‘kanyanga’ a été le dernier

05/05/2013 Commentaires fermés sur Gitega : son verre de ‘kanyanga’ a été le dernier

Passant outre les conseils des médecins qui lui interdisaient de continuer à abuser de boissons trop alcoolisées, Victor Barandagiriye a quitté ce monde après avoir pris un verre de {Kanyanga}. Les habitants de ce quartier demandent plus de force pour fermer les bistrots qui servent cet alcool.

<doc7479|left>Aux environs de 11h de ce lundi 19 mars, Victor Barandagiriye quittait ce monde. Et jusque dans l’après midi, sa dépouille était encore là, couché dans ses vomis mélangés à du sang, le long des petites restaurants situés dans la partie qu’on appelle {Kukimanga}, non loin du marché de Gitega.

D’après les sources de la police, le défunt serait décédé d’une mort naturelle. Mais selon ceux qui étaient sur place, le verre de {kanyanga} qu’il a pris ce matin lui a été fatale : "Les médecins l’avaient pourtant mis en garde contre l’excès d’alcool. Il avait de la tuberculose mais il buvait comme un trou" raconte Léonard, avec un verre dans la main. Ironie du sort : cet homme qui témoigne a déjà des cheveux frisés et le visage tuméfié comme la plupart de ceux qui fréquentent ce lieu. Ce n’est pas la première fois que des corps sans vie soient trouvés dans cette partie de la ville. Le {kanyanga} et le {munanasi}, deux boissons très alcoolisées prohibées et distillées clandestinement sont souvent citées comme origine de ces décès.

L’administration à la base précise qu’elle a maintes fois demandé que ces boissons soient interdites dans ce quartier. Mais comme elle le précise, elle n’a jamais été écoutée ni par les vendeurs ni par les consommateurs : "Les personnes qui abusent de ces boissons représentent un danger public. Quand ils sont ivres, ils se bagarrent et dans la plupart des cas se blessent s’ils ne s’attaquent pas aux passants", indique une femme elle- même ancienne vendeuse de {kanyanga.}

Les ménages sont souvent victimes de vols : "Nous ne nous sentons jamais en sécurité, ils prennent tout. Ils n’hésitent même pas de voler une casserole posée sur le feu. Ils emportent ustensiles et nourriture. Que faire ? La plupart sont armés de couteaux" témoigne quelques habitants.

Des restaurants qui servent de camouflage

Près du marché de Gitega donc, on croirait que les nombreux clients qui se pressent dès le matin vers les petits restaurants viennent prendre leurs petits déjeuners, ou le repas qui inaugure la journée, à raison de 300 Fbu l’assiette de manioc mélangé avec un peu de haricots. Mais dans leur jargon ils viennent {kwishitura} : littéralement "se donner de l’élan" … Et il suffit d’attendre quelques minutes pour voir des petits gobelets remplis de liquide jaunâtre au clair surgir de nulle part.
En un clin d’œil, ces petits gobelets sont vides. Pas nécessaire de s’attabler, beaucoup boivent debout. Comme le confirment certaines sources, ces restaurants servent de camouflage, la vraie activité de ce lieu est la brasserie. Les boissons prohibées sont vendues au grand jour.

Malgré les patrouilles incessantes de la police, l’{umunanasi} et le {kanyanga} coulent à flot. Chaque fois que la police y fait une descente, des vendeurs sont arrêtés, des consommateurs aussi, des centaines de litres des boissons prohibées versées par terre. Et à la surprise générale, il suffit que le policier tourne les talons pour que ce commerce reprenne de plus belle : difficile d’éteindre ce commerce car les vendeurs disposent des guetteurs pour leur signaler l’arrivée de la police …

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