Les habitants vivant dans les maisons en étages du quartier Shatanya I n’en peuvent plus à cause de l’odeur des déchets provenant des toilettes. Le service technique d’assainissement de Gitega (SETAG) est clair : ils doivent se débrouiller eux-mêmes pour trouver une solution.
Au Bloc I du quartier Shatanya I, on est accueilli par une odeur fétide. Elle émane d’une petite bananeraie qui se trouve à quelques mètres de la maison. En s’approchant un peu, on remarque que les déchets provenant d’une maison qui se trouve en haut dégoulinent jusqu’à deux mètres du Bloc I. «On n’en peut plus. Cela dure depuis un mois. Les autorités à la base le savent mais ils ne font rien », martèle une dame, la soixantaine, vivant dans cette maison. Bien sûr qu’ils le savent car le responsable de tous les Blocs vit au dernier étage de ce Bloc. Dans cette petite bananeraie, il y a un puits de 5m censé collecter ces déchets. «Il y a deux semaines, mon fils est tombé dedans, mais grâce à Dieu, il n’a rien. Aujourd’hui, tous les déchets sont orientés vers nous. Qu’est-ce que nous allons devenir?», s’interroge une autre maman.
Bloc 3. Ces déchets arrivent jusque sous les fenêtres des locataires. «On ouvre plus les fenêtres à cause des odeurs », souligne un habitant de ce bloc. Lui aussi fait savoir que ça dure depuis un mois. A quelques mètres de là se trouve un petit caniveau censé recueillir les eaux pluviales. Apparemment, il ne sert plus à ça. Les déchets y coulent à longueur de journées. «Notre bloc n’a pas de problèmes. Cette saleté provient de ces maisons individuelles qui se trouvent en amont », assure une mère de quatre enfants. Et d’ajouter qu’ils ont peur des maladies qui pourraient en découler. «Aujourd’hui, on parle d’une épidémie de choléra au Burundi. Et nos enfants jouent tous les jours à côté de ces … choses.»
Effectivement, au Bloc 5, une dizaine d’enfants jouent à » Qui craint le lion ». Sans se soucier ni des déchets qui suintent vers le caniveau de la route qui passent à travers le quartier, ni des odeurs qui s’en dégagent. «On s’adapte.» C’est la réponse d’un homme possédant une boutique alimentaire devant le Bloc. Alphonse Banderembako, chef du Bloc 5, fait remarquer que c’est le SETAG (un service de la commune Gitega) qui se chargeait de cette question moyennant une contribution de 1.000 Fbu par ménage : «Nous n’avons pas les moyens pour réparer ça.»
«Ils doivent se cotiser pour régler le problème »
Abel Bizimana, responsable du SETAG, n’y va pas par quatre chemins : «C’est à eux de se réunir pour trouver une solution ». D’après lui, le SETAG peut les aider d’une façon technique en calculant le coût que l’opération peut prendre. « Comme si on ne pouvait pas le faire nous-mêmes », ironisent certains habitants. Abel Bizimana indique qu’il s’est rendu sur place et qu’il a constaté que le problème ne vient pas des Blocs, mais des maisons individuelles qui se trouvent vers le haut. Il demande à l’administration à la base d’organiser des réunions avec les deux parties pour régler la question. En attendant, il conseille à la population de prendre des précautions afin d’éviter les probables maladies qui pourraient survenir. Iwacu a cherché, en vain, le chef de quartier Shatanya.
Signalons que ce quartier est le seul dans la ville de Gitega qui a un système de réseaux d’égouts collectif. Construit en 1984 dans le programme de SIP (Société Immobilière Publique), il relie 175 ménages. Entre les maisons, il y a des regards et des tuyaux collecteurs qui convergent tous vers une station de traitement qui se trouve en aval.