Pour espérer récolter, les agriculteurs sont obligés de passer la nuit dans les champs.
Le maïs et les pommes de terre mûrissent dans plusieurs champs, les cas de vols signalés ici et là. La question de banditisme est extrêmement prégnante à Gitega. En effet, il ne se passe pas un seul jour sans que les agriculteurs ne se plaignent des actes d’insécurité liés aux vols. Cette situation semble grandissante et non maîtrisable. Les hommes et les enfants âgés passent alors la nuit dans les champs. D’après certaines personnes interviewées, fini le temps où les voleurs étaient bien connus ou soupçonnés par les habitants du coin.
« Ils permutent leurs zones d’action. Ceux d’ici vont à Simba ou Songa et ceux de Simba sévissent ici », souligne Berchmans de Songa dans la commune de Gitega. Selon lui, ces bandits sont de tous âges et de tous sexes.
« Nous étions habitués à voir des bandits qui volent pour la nourriture mais aujourd’hui ils en ont fait du business. S’ils ne sont pas pris la main dans le sac, ils se font passer pour des véritables commerçants », a-t-il ajouté. Pour les uns, ces bandits sont poussés par l’argent facile et s’orientent vers les denrées alimentaires non facilement périssables comme le maïs et les pommes de terre. Ils les gardent chez eux pendant un temps et les vendent au marché par des intermédiaires qui sont dans la plupart des cas leurs complices. Du jour comme de nuit, il faut rester vigilant car ces voleurs guettent le moindre geste du cultivateur pour récolter ce qu’ils n’ont pas semé. Et pour les autres, ces forfaits sont commis par des jeunes gens du fait de l’absence d’activité génératrice de revenus dans les campagnes. « Ils passent la journée en jouant aux cartes devant les bistrots et observent ceux qui rentrent ivres et pendant la nuit ils viennent piller leurs cultures », se plaint Mathias de Zege, qui affirme avoir repoussé deux fois en une semaine les assauts des voleurs dans son champs de maïs.
Ils risquent de se faire justice
En milieu rural non loin de la ville, notamment à Rukoba, Songa, Giheta Kiyange, Mweya, Mungwa sont des lieux où le banditisme dans les champs est le plus ressenti. Ceci a conduit les populations à payer un veilleur de nuit pour protéger leurs champs. Pour juguler ce phénomène, les agriculteurs affirment qu’ils risquent de se faire justice car ces bandits, une fois attrapés, ne passent même un mois dans la prison.
« Si tu l’attrapes et l’arrêtes, il est relâché après une semaine et revient pour te narguer ou t’intimider. Pour décourager la pratique, il faut le tuer et appeler la police le matin pour ramasser le cadavre », indique un habitant de Songa. Pour les agriculteurs, c’est facile de se relayer dans les champs cultivés et semés en commun pour faire la ronde, mais c’est difficile dans les petits champs isolés.