Devant plusieurs bureaux, monuments, banques, tribunaux et écoles, le drapeau de la charte de l’unité n’existe plus. L’administration parle d’une rupture de stock.
« Peut-être que nous avons déjà l’unité nationale dans nos veines et que ce bout de tissu n’est plus nécessaire », ironise un homme rencontré devant le monument du président Melchior Ndadaye au centre-ville de Gitega. Pour lui, la disparition des drapeaux de l’unité nationale sur les rampes est très inquiétante. Sur plusieurs bureaux et institutions visités par le Journal Iwacu, c’est seulement devant le cabinet du gouverneur de la province et la Banque de la République du Burundi qu’on peut le voir flotter côte à côte avec le drapeau national.
« C’est honteux ! Nous étions habitués à voir des drapeaux qui sont en lambeaux mais pas la disparition pure et simple. Que font nos autorités jusqu’à ce qu’elles ne remarquent pas que ces drapeaux n’existent plus », se demande Constance, une cinquantenaire. Le constat est mitigé surtout pour les plus âgés.
« Demain ils viendront nous chanter qu’il y a l’unité nationale alors qu’ils ne veulent même pas hisser devant leurs bureaux quelque chose la symbolisant », critique Juma. Et à Simon d’expliquer : « Hier j’ai demandé à ma fille de me chanter l’hymne national, elle m’a regardé comme si je lui parlais du chinois. Qu’en sera-t-il pour l’hymne de la charte de l’unité !»
« C’est une obligation patriotique ! »
Approché, un directeur d’un établissement scolaire a affirmé que seul le drapeau national suffit pour le moment et pour le reste, il ne l’a pas prévu dans le budget de ce trimestre. Pour Gérard Nibigira, conseiller principal du gouverneur à Gitega, ce n’est ni la négligence ni la banalisation. « Dans nos réunions, cette question revient souvent. Mais à chaque fois, des responsables disent qu’ils ont déjà adressé une demande à leurs ministères respectifs. Comme la plupart n’ont pas de budget propre, ils ne peuvent pas les acheter sur leur propre compte. » D’après lui, il comprend la situation actuelle mais ne souhaite pas qu’elle perdure.
« Nous avons fait nos propres enquêtes et nous avons constaté qu’il y aurait une rupture de stocks au ministère de l’Intérieure et de la formation patriotique. Nous attendons qu’on nous confirme qu’ils sont de nouveau disponibles.»
D’après lui, c’est une obligation patriotique de hisser les drapeaux devant chaque bureau. A côté du drapeau national et celui de la charte de l’unité, le conseiller du gouverneur dit qu’ils obligent les responsables de se munir aussi de celui de l’East Africa Community. « Ils sont avisés et personne ne pourra dire qu’il ne le savait pas ! »
Cependant une question se pose : comment cette autorité pourra-t-elle contraindre les autres chefs de service alors que même le monument de l’unité reste sans son drapeau ?