Une dizaine de quartiers urbains de la commune Gitega n’ont pas vu une goutte d’eau sortir des robinets depuis plusieurs semaines. Frustrée, craignant pour sa santé, la population appelle au secours.
Quartier Magarama, un lundi matin pas comme les autres, aux heures de pointe. Dans les rues de ce quartier, bidons, seaux, bassins… tout ce qui peut contenir de l’eau traîne dans les mains des femmes ou sur les vélos. Le manque d’eau saute aux yeux.
Il est 8 heures. Au lieu de se rendre au travail, certains habitants de ce quartier se précipitent vers un robinet public à la recherche de l’eau potable. C’est la seule source qui alimente tout le quartier de Magarama, une longue file de bidons s’aligne.
Des visages fatigués, ensommeillés. Deux femmes affirment qu’elles sont là depuis 5 h du matin. Un jeune homme qui est arrivé le premier affirme qu’il s’est réveillé à 3h du matin. La dernière fois qu’ils ont vu l’eau couler dans leurs robinets, c’était en août.
La plupart de ces gens sont des commerçants. Ils confient que les heures d’attente perdues devant ce robinet sont nombreuses. Ils affichent un manque à gagner important. « Nos enfants ne mangent plus à leur faim. Notre santé est en danger à cause de la mauvaise hygiène », déplorent-ils.
Une guéguerre…
Au quartier Yoba, c’est une autre scène. La population s’approvisionne en eau dans des ruisseaux. Là, ce sont plutôt des enfants âgés de 4 à 8 ans, la plupart, rencontrés dans les vallées de ce quartier.
Il leur faut à peu près une heure pour remplir un bidon de 5 litres. Ces ruisseaux ont un très faible débit. Certains enfants boivent sur place cette eau.
Dans cette localité, il existe un seul robinet public pour trois quartiers. 50 mille ménages, environ. Il faut jouer des coudes pour arriver à avoir au moins un bidon rempli. Contrairement à Magarama, l’ordre d’arrivée ne compte pas. Les plus musclés arrivent toujours à puiser les premiers. « Un enfant vient d’être grièvement blessé », raconte une maman qui fait la lessive à côté.
Ceux qui ne supportent pas ces longues files doivent acheter un bidon de 20 litres à 500 voire 1.000 BIF. « Nous sommes vraiment fatigués. »
Les écoles à régime d’internat ne sont pas épargnées. Le directeur du lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega (ex-CND) confie que parfois les élèves sèchent les cours pour aller puiser de l’eau.
Le Lycée Sainte Thérèse de Mushasha, ex-Ecole normale des filles (ENF), peut passer deux jours sans eau, d’après sa directrice. La vie devient pénible à l’internat. L’encadrement est aussi difficile, car il est impossible de contrôler les élèves partis chercher de l’eau.
« L’été s’allonge, les sources s’assèchent »
La ville de Gitega s’agrandit. La demande augmente. La période d’été s’allonge. Des quartiers mal lotis… Ce sont les quelques raisons avancées par le chef de Regideso région centre-est, Jean Claude Manirakiza pour expliquer la pénurie.
D’après lui, plus la saison sèche s’allonge, plus les sources hydriques s’assèchent. Par ailleurs, faute de pression suffisante, le relief géographique de la ville de Gitega ne permet pas l’eau d’atteindre tous les quartiers. La Regideso doit recourir au rationnement.
Comme solutions, le technicien évoque l’augmentation des forages hydrauliques dans la ville de Gitega. Capter les eaux des rivières pour en faire des sources s’avèrera une solution durable, d’après lui. Quand ? Dès que les moyens le permettent, rétorque M. Manirakiza.