Suite à la préparation du cinquantenaire de l’indépendance du Burundi, la commune de Gitega veut récupérer et entretenir les espaces verts de la ville. Ceux qui y faisaient de petits commerces sont sommés de quitter les lieux.
<doc3738|right>Depuis un certain temps, tous les espaces verts de la ville de Gitega ont disparu au profit des ateliers de menuiserie, soudures et petits commerces. Dans cette course effrénée vers ces espaces, les longs des routes principales sont les premiers à être convoités en toute illégalité. Les autorités communales ont déjà donné un ultimatum aux propriétaires d’enlever tous les containers et ateliers se trouvant les longs des routes dans un espace ne dépassant pas six mètres de largeur. La date limite est fixée à la fin de ce mois d’avril.
Les propriétaires de ces kiosques et ateliers quant à eux estiment qu’ils perdront leurs clients une fois déménagés dans la mesure où ils seront dans des endroits éloignés des regards de passants. « C’était un endroit stratégique pour les éventuels clients. D’abord, il nous permet d’exposer nos produits. En plus nous étions plus proches des machines à lame tranchante », constate Bosco M., un soudeur.
Selon une autorité de l’urbanisme, ces espaces sont gérés par l’administration communale. « Normalement la route principale et les parcelles devaient être séparées par six mètres. Cette superficie est réservée pour les câbles téléphoniques et les installations de la Regideso », indique un responsable de cette organisation.
« Ôte-toi que je m’y mette »
L’administration qui a fait la propreté dans la ville son cheval de bataille qualifie de squatters tous ceux qui occupent ces portions de terrain. Selon les autorités, non seulement ces ateliers sont là illégalement, mais aussi tous ces sciures et copeaux constituent un risque d’incendie. « Il suffirait qu’un malfaiteur y jette un mégot encore incandescent pour embraser les alentours », font-elles constater. Mwarabu, un menuisier qui a occupé le long de la route Gitega-Bujumbura en premier lieu indique que le fait de venir travailler tout près de la route lui avait rapporté beaucoup de profit. Il s’inquiète alors si une fois les festivités terminées ces mêmes autorités n’en profiteront pour y installer leurs containers. « Pouvons-nous vraiment être sûrs que ces places resteront inoccupées alors que la majorité de nos autorités exercent eux aussi le métier de commerçants ? », s’interroge-t-il. « Attendons voir que ce ne serait pas la politique de ôte-toi que je m’y mette », craint-il.
Selon Valentin Nahimana, administrateur de la commune Gitega, la question de visibilité ou de méventes n’aura pas lieu. Il suffira qu’ils aillent tous dans le même endroit et les clients se dirigeront vers eux. Il donne l’exemple de ceux qui se sont déjà installés à Rutegama, à trois km de la ville de Gitega qui n’ont pas de problèmes de clients. « Nous savons que leur métier fait vivre beaucoup de familles mais qu’ils travaillent sans enfreindre la loi. Personne ne les chasse mais il faut qu’ils aillent au-delà de ces six mètres réservés pour des éventuelles travaux d’intérêt général ».
Dans ces préparatifs de déménagement, ces menuisiers et soudeurs ne sont pas les seuls perdants. Les propriétaires des parcelles où ces artisans conservaient le matériel vont aussi perdre. Une chambrette de cinq mètres sur cinq mètres était louée à 50 mille francs par mois.