Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Gitega, pour « gupanga akarere »

02/05/2017 18

Le ministère de l’Intérieur a organisé une réunion des partis politiques. Une occasion de prendre des résolutions faisant pression au prochain sommet des chefs d’Etat de la région.

Les responsables des partis politiques à Gitega ont adopté plusieurs résolutions © Droits résevés
Les responsables des partis politiques à Gitega ont adopté plusieurs résolutions © Droits résevés

Il y a une expression que les combattants du Cndd-Fdd, alors dans le maquis, utilisaient : « gupanga akarere » (que l’on traduirait par « affiner, préparer sa stratégie de combat). L’expression est encore aujourd’hui utilisée. C’est ce qui s’est passé dans ce conclave de Gitega.

«C’est le moment propice de s’exprimer sur la position à prendre par rapport au dialogue d’Arusha, à l’approche du sommet des chefs d’Etat des pays de la Communauté Est Africaine.» C’est en substance la consigne donnée par le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, aux partis politiques, ce 20 avril à Gitega. Ces derniers ne se sont pas faits prier. A l’issue de la session, une série de résolutions a été prise.

Les responsables des partis politiques ont donc convenus de combattre toute idéologie remettant en cause le respect des institutions politiques issues des élections pluralistes. « Ne pas tolérer que les auteurs du putsch du 13 mai 2015 participent au dialogue inter-burundais. » Ils ont prié les chefs d’Etats d’Afrique de l’Est d’arrêter et d’extrader tous les putschistes burundais se trouvant sur leurs territoires. « Cela permettra de décanter facilement le conflit entre le Burundi et le Rwanda.»

Le Rwanda indexé

Les politiciens présents à Gitega ont plaidé pour la participation de tous les partis politiques agréés au dialogue.
La session de Gitega a demandé que le chef d’Etat Rwandais, Paul Kagame, ne se prononce pas sur le cas du Burundi, lors du prochain sommet des chefs d’Etat. « Il ne peut pas être à la fois juge et partie. »

La session a également appelé la Communauté est africaine EAC à appuyer le facilitateur dans le but de rapatrier le plus rapidement possible le dialogue inter-burundais qui se déroule à Arusha. « Cela coupera court à toute spéculation tendant à faire participer les putschistes au dit dialogue.»

Les responsables des formations politiques invités à Gitega se sont convenus de lutter pour le strict respect de la déclaration faite par le co-facilitateur Benjamin William Mkapa lors de sa visite au Burundi en date du 9 décembre 2016. Selon eux, cette déclaration restera dans la mémoire de tous les Burundais soucieux de sauvegarder la paix, la souveraineté et la sécurité dans notre pays.


>>Réactions

Gaston Sindimwo : « Au lieu de rêver transition, travaillons pour les élections de 2020. »

gaston-sindimwoLe 1er vice-président de la République soutient les recommandations issues de Gitega. Il indique qu’il faut décourager ceux qui croient qu’en semant le chaos, ils auront à exiger quoi que ce soit, encore plus le dialogue. « Il faut décourager la logique de chercher le pouvoir par la force.» Pour Gaston Sindimwo, il faut donc tracer une ligne d’interdits à ne pas dépasser pour ne pas sombrer dans l’impunité. Et de trancher : « Au lieu de rêver de gouvernement de transition, d’immunité, ces politiciens devraient plutôt être réalistes et rentrer au pays pour travailler sérieusement pour les élections de 2020.»


Agathon Rwasa : « Une mise en scène orchestrée par le Cndd-Fdd.»

agathon-rwasaIl indique avoir reçu l’invitation de participer à la rencontre des partis politiques bien qu’il n’ait pas pu y prendre part. Le 1er vice-président de l’Assemblée nationale parle de mise en scène orchestrée par le Cndd-Fdd. « C’est une attitude lâche que d’entreprendre des choses censées freiner le dialogue au lieu de chercher plutôt des voies de sortie à cette crise.» Agathon Rwasa appelle à plus de lucidité et agir de sorte que le dialogue inclusif soit mis en avant comme seule alternative pour en finir avec la crise politique au Burundi.


Léonce Ngendakumana : « Ces recommandations sont à dénoncer.»

leonce-ngendakumanaLe vice-président du parti Frodebu indique n’avoir pas reçu d’invitation pour Gitega. Il indique qu’il ne pouvait de toutes les façons pas participer « à des séances de manipulation, à chercher à étouffer les négociations qui mettraient un terme aux souffrances qu’endurent le peuple. » Pour Léonce Ngendakumana, les recommandations issues de la séance de Gitega sont à dénoncer et à combattre. Selon lui, ces partis politiques signataires sont au service du pouvoir de Bujumbura, des caisses de résonnance du Cndd-Fdd.


Jacques Bigirimana : « Pourquoi dénigrer les partis qui s’associent au pouvoir.»

jacques-bigirimana-2Le président du parti Fnl indique que son parti a pris part à la séance de Gitega. « Je ne vois pas pourquoi on dénigre les partis qui s’associent au pouvoir en place quand il s’agit de trouver des solutions à la crise. » Aux détracteurs qui indiquent que son parti est à la solde du Cndd-Fdd, Jacques Bigirimana clarifie : « Nous ne sommes pas engagés à lutter contre le Gouvernement. Nous soutenons ce qui est positif tout comme nous dénonçons le mal du pouvoir en place. »


>>Décryptage

Le sommet de la dernière chance

Les Burundais et la Communauté internationale ont tous les yeux tournés vers le prochain sommet des chefs d’Etat de la Communauté est-africaine. Chacun veut tirer les ficelles et faire pencher la balance de son côté. Tous savent que ce sommet est capital pour la suite du processus de paix. Cette rencontre des chefs des partis politiques à Gitega n’est donc pas un fait du hasard. Elle a été savamment calculée par le pouvoir en place qui ne manquera pas de brandir les desiderata de ses politiciens comme un ticket gagnant de la course. Histoire de laisser jouer aux partis politiques sa partition et la présenter comme le refrain de tout un peuple.

La question est de savoir si les chefs d’Etat de la Communauté est-africaine sont vraiment dupes pour croire à cette supercherie et se laisser berner. Ou alors s’ils vont mettre de côté toutes les pressions qu’ils auront subies de part et d’autre pour finalement prendre une décision susceptible de faire avancer réellement la cause de la paix.

En tout cas, tous lorgnent ce sommet de la dernière chance. Ce sommet qui pourrait brandir une arme secrète capable de changer la donne et faire fléchir un pouvoir en place tout puissant qui refuse de s’asseoir avec le véritable adversaire. L’opinion semble dubitative et les espoirs de voir cette réunion déboucher vers une sortie de crise s’amenuisent. A se demander s’il existe encore une carte gagnante qui se jouera le mois prochain. Cela se jouera probablement sur la motivation des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est. Celle de saisir à bras le corps le cas du Burundi. Et appeler Bujumbura à plus de flexibilité.

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Gacece

    Le jeu de dupes, c’est se cacher derrière les bonnes paroles, alors qu’on est animé de mauvaises intentions!

    Dans cet article, on met l’accent sur le fait de forcer le gouvernement à négocier avec ce que tout le monde appelle « l’opposition radicale ». À court terme, c’est viable. Mais à long terme, c’est reporter le problème à plus tart.

    Nous l’avons vu depuis 1993, tous les gouvernements qui ont été formés après celui de Ndadaye (qui est jusqu’à présent le plus juste et représentatif de la société burundaise), ont cette caractéristique d’être « issus » ou fondés sur des négociations, soit entre le parti au pouvoir et les autres, soit après accords supervisés par une tierce partie.

    Le moment est venu de rompre ce cercle vicieux où il suffit de brandir une menace de chaos pour se retrouver au gouvernrment. Si on veut faire partie du gouvernement, il faut le mériter démocratiquement.

    Forcer le gouvernement à négocier revient à perpétuer un problème déjà latent. Rien n’indique que les gens qui pourraient bénéficier de négociations pour installer leurs membres au gouvernement après des pourparlers, ne fassent pas la même choses lors d’élections futures.

    Si on veut résoudre le problème une fois pour toute, quelqu’un devra leur dire, le plus tôt possible, de jouer au jeu de la démocratie comme tout le monde… dans le monde!… selon les règles!

    Et ce jeu? LES URNES!

  2. Tant que le CNDD-FDD a des marionnettes comme Jacques Bigirimana, Gaston Sindimwo, Jean de Dieu Mutabazi et autres Njangwa (je ne sais pas pourquoi ces deux derniers n’ont pas donné leurs opinions ici!), il va en profiter et, politiquement, cest normal. Et d’autant plus que le gouvernement a pu trouver des alliés parmi lesquels Mkapa et une communauté internationale fatiguée, aveugle et plus que jamais irresponsable. En passant, je proposerais à l’ONU d’effacer le R2P (Responsibility To Protect). Quant à la sous-région, elle ne représente pas grand chose dans la résolution de cette crise; l’EAC n’est pas la CEDEAO, il n’y a pas d’ECOWAS en Afrique de l’Est. Ainsi, Barandagiye peut manipuler ces apprentis-politiciens comme on manipule les réactifs au laboratoire et ébaucher un résultat qui sera le socle du modus operandi dans cette mascarade de l’EAC. Entretemps, la famine et la malaria s’occupent du petit peuple. Pauvre Burundi!

    • Bakari

      @Julius
      « …une communauté internationale fatiguée, aveugle et plus que jamais irresponsable. »
      Quel est l’objectif de la communauté internationale? La philanthropie? Même les religions peinent à le faire!

      • @Bakari
        Vous avez raison. Je ne me fais pas d’illusions à ce sujet, seulement je décris cette communauté comme je la vois et je fais un clin d’oeil à ceux qui comptent beaucoup sur elle.

    • Ntazizana

      @Julius; abo bagabo batunzwe n’ubuvugizI bw’umugambwe uri ku butegetsi kugira bahuvye abarundi batarabamenya nibo batuma abatwara batikebuka. Mubatuma ibintu biyangara babifisemwo uruhara kandI mu bihe biri imbere bakwiye gukwirikiranwa bagahanwa!
      Analyse wagize mbona ko ar’ukuri.

  3. kabingo dora

    Quels sont ces partis qui participent « au conclave » ou plutot au concubinage de Gitega ?

  4. Ruzoviyo

    la republique tres tres democratique du tambour demande qu on arrete et extrade les pauchistes … c est vrai pour leur case, ils ont usurpe un mandat tuent chaque jour les gens.Ils doivent delors etre arreter et extrader devant la CPI.. siko ga porte parole du president fondateur au citoyen lamda@ ayahu

  5. Ayahu Jean Pierre

    Chère Agnes,

    Pour vous, on « … pourrait brandir une arme secrète capable de changer la donne et faire fléchir un pouvoir en place tout puissant qui refuse de s’asseoir avec le véritable adversaire ». Et pourquoi pas ne pas brandir l’arme secrète pour contraindre ces hommes et femmes qui cherchent à nuire au pays à cesser leurs manœuvres de déstabilisation?
    Vous avez de drôles de façon d’informer!
    Chère Agnes, les problèmes qui se posent au Burundi, se posent au Rwanda, en RDC, au Kenya, Ouganda et ailleurs. Ces véritables adversaires existent bien au Burundi et ailleurs, sauf que ceux du Burundi bénéficient d’une bonne publicité et sont suffisamment protégés par ceux là même qui crient au loup !
    Un putschiste est un ennemi des institutions, un lanceur de grenade est un criminel, une rébellion est acte hors la loi, celui qui finance des actes tendant à déstabiliser le pays, qui cherche à asphyxier son pays est un ennemi du peuple…Et ce sont ceux-là les véritables adversaires?
    Ben dit donc!

    • Mafero

      @Ayahu ou Ayubu Jean-Pierre. Et maintenant que votre police détonne des roquettes contre elle-même qu’en penses-tu ? La Bible nous dit: « Qui tuera par l’épée périra par épée »

      • Ndabaza

        @Mafero
        Ce n’est pas bien de se moquer des morts!
        Ruriye abandi rutakwibagiye!

    • Ntazizana

      @ayuhu, à voir ce que tu dis, on dirait que tu as oublié que le CNDD FDD a étê Un mouvement rebelle. Reka ejo bucana ayandi, aho muri hari abandi,

      • Ndabaza

        @Ntazizana
        Ingendo y’uwundi iravuna!

        • Ntazizana

          @:Ndabaza; ariko urazi neza ko dd atariyo ya mbere yabaye un mouvement rebelle. Urumva ko …itavuna imisi yose!

          • Ndabaza

            @Ntazizana
            Wibagiye ko mu ki rebelle la moitié de l’effectif yahezeyo. Le maquis ce n’est pas une promenade de santé. Les DD pouvaient bien s’en passer s’ils pouvaient.
            Urumva rero ko bavunitse!

          • Happy

            Les DD bavunitse mu kwica ba bana i Buta…Ils ne pouvaient pas s’empêcher de massacrer des innocents….C’était ça leur maquis… un maquis avec une idéologie génocidaire!!!!!! une idéologie de vengeance, de pillage, de terroriser, de corrompre…. c’est ça qu’on voit chez les DD. Ivyo ni vyo vyamwa bera, ivyamwa vy’umururazi… Imana yo nyene ni yo izotabara Uburundi.

          • Ntazizana

            @Ndabaza; nivyo harimwo risque mugabo iyo uravye ingene dd yugara  » espace politique », nibaza ko abo batabona kumwe ivya politique bazosanga bategerezwa guca muti iyo nzira!

          • Kamariza

            uragenda nawe ugerageze hari naho yoba iyanyuma tukaronka amahoro. Nakare izo zose zabaye kubera ububegito bwawe

          • Ntazizana

            @kamariza; urashobora kumbwira ubwo bubegito unyagiriza?

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