Depuis cette semaine, la population de la ville de Gitega est inquiète à cause du port de masque qu’elle estime obligatoire. Des rumeurs sont propagées d’une pandémie qui serait devenue incontrôlable.
Sur la route, au marché, dans les quartiers, ceux qui portent les masques actuellement sont devenus brusquement nombreux. Les masques chirurgicaux, ceux en simples tissus jusqu’ à ceux cousus dans les nouveaux sachets biodégradables sont mis sur le marché. Pour certains habitants, il y a anguille sous roche car cette habitude spontanée signifie que les autorités ont des informations sur ce qui se trame pour les jours à venir. « Nous avons entendu un communiqué de presse à la radio qui oblige seulement les transporteurs et les passagers à porter les masques. Ce que nous observons maintenant nous inquiète énormément », affirme Josiane, une habitante de Mushasha dans la ville de Gitega. Pour une partie de la population, le port de masque risque d’être banalisé parce que beaucoup le font comme un amusement ou un signe d’aisance matérielle. Ils déplorent que certains commencent à inciter les autres de se munir d’un masque n’importe où et n’importe quand. Selon eux, ces personnes qui restent masquées donnent une mauvaise image de la situation actuelle et font peur aux autres. D’après eux, cela montre que le coronavirus est devenu incontrôlable alors que les communiqués officiels donnent le contraire.
« Il se trouve que ceux qui le font s’accusent de quelque chose parce qu’aucune loi ne l’a exigé », pointe Imelda l’amie de Josiane qui explique qu’elle se sent souvent gênée devant celui qui porte un masque.
« Nous entendons que cette pandémie a refait surface au Burundi mais qu’elle est maîtrisée. J’ai peur que même les malades n’aillent pas se soigner croyant que les masques suffisent seulement », s’inquiète Léonard. D’après lui, il y a le coronavirus qui sévit toujours dans notre société. C’est une grave pandémie. Ce ne sont pas les masques qui nous guériront mais plutôt qu’ils aillent se faire dépister et respecter les mesures barrières.
Le commerce des masques monte en flèche
Actuellement, les rumeurs sur cette maladie deviennent invivables. Matin et soir, on entend souvent que tel ou tel a été testé positif, dans telle banque, dans tel service, on a découvert plusieurs personnes contaminées, gare à celui qui croisera ceux qui y travaillent. Et pour certaines familles, le port de masque est devenu obligatoire chez elles. Les chefs de famille exigent même aux domestiques le port de masque de ne pas ouvrir à quelqu’un qui n’a pas de masque. Ce comportement engendre un climat de panique.
« Je l’ai connu à mes dépens. Je me suis dirigée chez mon voisin comme d’habitude mais le domestique m’a signifié que les parents ne sont pas là par peur de me révéler cette interdiction », déplore Caritas. Elle déplore les masques que l’on vend dans toutes les rues de la ville qu’elle qualifie de gros business des riches. « Ils se vendent comme de petits pains. Pas de masque standard, même les sachets biodégradables servent maintenant à les confectionner », remarque Pontien un commerçant au marché central de Gitega. Le prix varie de 1000 Fbu à 2000Fbu. Les tailleurs ne chôment pas. Le seul travail rentable qu’ils font, c’est la confection des masques même sans commandes. Selon eux, il faut coudre le maximum possible car les clients en ont font la demande sont nombreux.
« Le seul problème c’est pour les élastiques qui vont avec. Les stocks s’épuisent rapidement mais je crois que les magasiniers vont commander plus que d’habitude » avance Jacqueline, les yeux rivés sur le tissu qu’elle était en train de couper. Pour ces tailleurs qui n’avaient pas de clients ces jours-ci, la vente des masques est devenue subitement florissante. « Je préfère coudre 100 masques pour 100 000 Fbu au lieu de m’attarder sur un costume qui ne me paie que 15 000Fbu. C’est facile et rapide », indique Théodore.