Anésie Nyandwi et Fridolin Havyarimana qui sont accusés d’avoir tué leurs conjoints ont comparu, mardi 22 décembre, dans un procès de flagrance au Tribunal de Grande Instance de Gitega. Des habitants de la ville de Gitega sont venus suivre les audiences pour comprendre le motif de telles horreurs.
Tous habitent la ville de Gitega, respectivement au quartier Magarama et Nyamugari. Ils ne sont pas proches, ils n’ont pas préparé ensemble leurs forfaits, mais dans un espace de 24 heures, chacun a tué la personne avec qui il vit depuis plus de cinq ans, selon les proches et le ministère public.
Devant les juges du Tribunal de Grande Instance de Gitega en itinérance à la prison centrale de Gitega ce mardi le 22 décembre, Anésie Nyandwi et Fridolin Havyarimana se sont présentés sans leurs avocats, ils sont calmes apparemment et ne semblent pas s’inquiéter outre mesure.
Aucun sentiment de panique ne trahit l’expression de leurs visages. Anésie, une femme d’une trentaine d’années, vendeuse de fruits à Magarama affirme n’avoir aucun regret. Pour elle, c’est la délivrance, et elle ne se plaint pas sur son sort.
Elle parle de supplices lui infligés par son mari depuis des années, devenus de plus en plus insupportables. Pour cette mère de quatre enfants, tous les voisins connaissaient son calvaire mais personne n’ a osé lever le petit doigt pour le dénoncer.
« Dimanche soir, j’avais un couteau dans la main et il m’a violenté comme d’habitude et le coup est parti tout seul. Je l’ai poignardé au niveau de la poitrine et il s’est effondré sur le champ », avoue la jeune dame devant les juges.
Pour le moment, poursuivra-t-elle, mon seul remord est d’être séparée de mes quatre enfants. Elle répondra à toutes les questions sans nier les faits mais elle plaidera la légitime défense.
« Je ne regrette rien, j’étais malheureuse depuis des années, tous les jours il me battait et je me posais la question comment en finir avec lui. Je l’ai tué mais ce n’était pas mon intention, car je le fuyais et c’est par après que j’ai remarqué ce qui est arrivé », plaide-t-elle.
Après quelques minutes de délibération, la sentence ne tarde pas. La femme est condamnée pour assassinat avec préméditation et écope d’une condamnation à perpétuité.
« Dommage que la peine de mort n’existe plus ! »
Quant à Fridolin Havyarimana connu dans son quartier sous le prénom d’Yves, il est accusé par le ministère public d’avoir assassiné sa femme et de l’avoir pendue pour camoufler son forfait.
Son procès n’a pas eu lieu, faute de témoin. Par oubli, il n’a pas été convoqué. Il faut attendre jusqu’à jeudi le 24 décembre pour qu’il soit fixé sur son sort.
Ce procès n’a malheureusement duré que quelques minutes. Il était attendu par toute la ville et a suscité des débats enflammés. Pour plusieurs personnes, c’est la barbarie à l’état pur.
Dès la première comparution de ces deux accusés au parquet, tout le monde s’accorde sur une chose : « Qu’ils soient punis de manière exemplaire pour décourager ces actes ignobles ».
Selon Caritas qui assistait au procès, il n’est pas normal que quelqu’un accusé de meurtre ne présente aucun remord. « Je croyais qu’elle allait éclater en sanglots mais regarde elle se presse d’entrer dans la prison comme si c’était chez elle », déplore Marguerite, visage crispé.
Selon ses dires, tous ces crimes sont encouragés par l’abolition de la peine de mort. Ce qu’un homme d’une quarantaine d’années ne contredit. D’après lui, si une personne tue et qu’il est exécuté à son tour, peut-être qu’il y’aurait une ligne rouge à ne pas franchir.
« Dommage que la peine de mort ne s’applique plus. On tue et on va en prison pour être pris en charge par les contribuables », regrette Patrice. Selon lui, les assassins se réfugient dans les prisons et attendent la grâce présidentielle.
Alors que toute la ville avait été scandalisée par ces évènements macabres, Adonis, un juge retraité prend la défense de ces derniers, non pas qu’il soit convaincu de leur innocence, bien au contraire. D’après lui, il faut que ces derniers bénéficient d’un procès équitable.
Rappelons que dans ce seul mois de décembre, la ville de Gitega a enregistré trois cas de personnes assassinées par leurs proches.