Gitega Peace Festival, un échec et de l’escroquerie en l’air

Le festival du 27 au 28 décembre n’a pas réussi à rassembler plus de 220 spectateurs. Le deuxième jour a été annulé en raison des disputes entre les artistes locaux et les organisateurs accusés d’avoir détourné des sponsors.

Une semaine avant, des affiches annonçant un grand rassemblement des artistes burundais étaient déjà placardées le long des avenues et dans tous les coins des rues de la ville de Gitega. Une camionnette avec haut-parleur sillonnait tous les jours les rues de la ville et ses environs en invitant la population au Festival Peace. Tous s’attendaient à un week -end musical très rythmé à Gitega.
Première désillusion pour la population de Gitega, le ticket d’entrée est à 1000 Fbu alors qu’elle croyait l’entrée gratuite. Au programme, il avait été prévu des expositions, vente des produits locaux, concerts et autres activités socio-sportives mais seule la musique a été privilégiée. Les activités qui étaient prévues dès 9h n’ont commencé que vers 17h.

Au stade, aucun artiste de renom n’était présent. Même avant, des bruits couraient dans la ville qu’aucun grand musicien ne s’est déplacé pour Gitega, A l’entrée du stade, pas de fil d’attente comme pour les autres événements sportifs ou culturels, les vendeurs des tickets attendent les clients qui ne viennent pas. Les mauvaises langues affirment que les organisateurs avaient menti sur le programme et sur les invités ; ce qui aurait poussé beaucoup à ne pas venir au stade. Vers 18h, la fête commence timidement avec les chanteurs locaux devant quelques centaines de spectateurs. L’ambiance n’était bonne mais beaucoup espéraient que la suite des événements serait plus rythmée.

Les artistes locaux se plaignent d’avoir été escroqués

Le lendemain, c’est la stupeur totale pour ceux qui s’étaient présentés au stade, aucune trace de matériel musical. Tout le monde se demandait ce qui se passait. Ni les artistes, ni le staff technique, personne n’était là. Les téléphones portables des organisateurs restaient injoignables. Contactés, les musiciens locaux déclarent qu’ils ont boycotté les activités parce que les responsables ont tout détourné. Dans cette situation confuse, c’est le sauve qui peut, chacun cherchait à se faire payer par tous les moyens.
Comme gage de paiement, certains avaient même pris les précautions de confisquer les matériels de sonorisation dès la première soirée. Les autres alertaient les instances policières pour récupérer leur matériel et argent. Isaac alias Mwakatika est commerçant à Gitega, il avait donné 600 mille Fbu cash aux organisateurs en vue d’être remboursé après la fête. « En plus de leur prêter ce montant, ils me doivent aussi 150 mille Fbu pour l’installations des estrades. Mais tout ce monde a disparu», se plaint-il.

Ce commerçant n’est pas le seul à se plaindre, les musiciens locaux et autres nombreuses personnes crient aux voleurs. Les membres du groupe BEBELE n’ont touché aucun sou. Pourtant, avant de chanter, les organisateurs leur avaient promis de payer 10 000Fbu chacun, pour tous les artistes qui se produiront dans ce festival. Mais à la fin, ils sont rentrés bredouilles. Un des organisateurs qui est resté sur place a condamné ceux qui sont venus de Bujumbura d’avoir tout désorganisé. D’après ses propos, ces derniers auraient dépensé inutilement les sponsors espérant tirer de gros profits dans la vente des tickets.

« Ils ont loué le matériel de sonorisation à Bujumbura pour 14 000 000Fbu. En plus de cette somme faramineuse, les musiciens de la capitale ont touché 1 200 000Fbu », a-t-il souligné. Mais ces musiciens dont ont parle ici, personne n’a été aperçu dans les parages. Sauf Makarena et Matabaro qui avaient présenté deux numéros, aucun autre n’aurait foulé le sol de la province Gitega. Cherchant à avoir plus d’informations, le téléphone de Shazi Kool, le principal organisateur de Gitega Festival Peace reste injoignable.

Pour les autorités provinciales, c’est la consternation. Elles indiquent qu’elles ne sont pas encore informées sur la situation. D’après le conseiller culturel du gouverneur de la province de Gitega, les organisateurs devaient venir expliquer pourquoi ils n’avaient pas honoré leurs engagements : « Nous attendons toujours leurs rapports. Nous ne pouvons pas nous prononcer alors que nous n’avons pas toutes les données. » Pour ce responsable, des mesures rigoureuses pourraient être prises prochainement pour éviter que de telles fautes se produisent encore une fois. Aucun autre détail n’a été révélé pour l’heure.