Reconnue pour être l’aliment des familles à faible revenu, la patate douce est presque inexistante sur le marché.
Dans les ménages, elle est devenue une alimentation de luxe car un petit panier sur le marché coûte entre 10mille et 15 mille Fbu.
Il est 9 h au marché de Magarama, la place est bondée. Dans la partie réservée aux cultures vivrières, tout y est sauf les patates douces. Après quelques minutes, deux femmes se pointent avec deux paniers sur la tête. Les acheteurs et vendeurs accourent, ils se bousculent en s’arrachant les deux paniers. Les simples acheteurs et les domestiques regardent la scène sans rien dire. Ils se sont mis à l’écart pour laisser la place à ceux qui proposent beaucoup d’argent. Les cultivatrices venues de Nyabihanga de la province Mwaro, encouragées par la concurrence qui se fait autour de leurs produits, finissent de fixer le prix. « 12 mille Fbu, c’est à prendre ou à la laisser », lâche l’une d’entre elles.
Une femme qui observe la scène sans rien comprendre dit à voix basse : « Nous allons mourir de faim, dix patates douce à mille Fbu, c’est du jamais vu ici à Gitega. » Pour cette dame, les patates douces sont plus chères que n’importe quel autre aliment.
L’un des cultivateurs rencontrés au marché de Magarama précise que la récolte a été trop faible pour la précédente saison culturale. Aussi ne s’attendent-ils pas au changement pour la saison culturale B à cause du manque des boutures suite à la sécheresse qui a ravagé leurs cultures.
Désintéressement des cultures vivrières !
Selon Denis Nibigira, directeur de la production végétale à la Direction provinciale de l’agriculture et de l’élevage à Gitega (DPAE), il y a eu une renonciation des cultures vivrières de la part des agriculteurs. Il indique que des stratégies agricoles sont mises en place pour lutter contre la disparition des cultures vivrières dans le pays.
Cette autorité reconnaît qu’il y a des cas de négligence de la part des autorités et des agriculteurs qui n’ont pas prévu la disparition de certaines cultures et les variations des précipitations.
« Toutes les recherches se sont focalisées sur les cultures de rente alors que la lutte contre les famines doit passer par les cultures vivrières», affirme Denis Nibigira.
Il fait savoir que face à ce problème, il y a quelques mesures envisagées au niveau du gouvernement et des bailleurs. Notamment la sélection des variétés qui résistent mieux aux maladies et aux intempéries.