Les représentants communaux du CNL à Gitega se disent préoccupés par l’incarcération de deux militants de ce parti dont un responsable zonal. Ils demandent leur libération sans condition.
Les témoignages recueillis concordent : «Innocent Irakoze et Léonce Hakizimana sont victimes de leur appartenance politique.» Aux yeux des habitants de Mubuga, plusieurs facteurs l’expliquent.
Les deux hommes sont arrêtés en deux temps, mercredi 27 novembre aux environs de 10h. Selon ces habitants, au moment de son arrestation, Léonce Hakizimana, un motard natif de la colline Kimanama, est accusé de «mauvais chargement». Ce qui était vrai.«Il transportait deux personnes sur sa moto».
Néanmoins, disent-ils, les circonstances de cette arrestation étaient d’autant plus inquiétantes que ceux qui l’ont arrêté n’en avaient pas la compétence. «Il a été arrêté par le chef de poste de Mubuga, le représentant zonal des Imbonerakure et le chef de la zone Mubuga».
Des inquiétudes qui se vérifient. Selon nos sources, Léonce Hakizimana a subi un court interrogatoire avant son passage à tabac. Une scène pleine d’émotions. «Nous n’avons pas compris. En principe, quand vous êtes arrêtés pour mauvais chargement, on vous fait payer une amende, selon ce qui est prévu par la loi», explique un jeune homme qui dit avoir assisté à la scène.
Incapable de gérer son émotion, Innocent Irakoze, le représentant du CNL en zone Mubuga, a tenté d’intervenir. «Pourquoi vous le traitez ainsi?», aurait-il demandé, expliquant que «s’il a commis une infraction, le mieux serait de le conduire devant la justice».
Loin de contribuer à la libération de son copartisan, il venait de signer sapropre arrestation. « Il a été vite cueilli et a rejoint son ami». Selon ces témoignages, les deux hommes ont été malmenés, tabassés dans le grand mépris avant d’être emmenés au cachot de la commune Gitega. «Leurs bourreaux leur répétaient sans cesse: ‘Appelez votre Rwasa (patron national du CNL) pour qu’il vienne vous libérer’».
«Nous demandons une libération sans condition»
Léonce Hakizimana et Innocent Irakoze ont été jetés au cachot de la commune Gitega, le même jour. Depuis, ils n’ont jamais comparu. Selon nos sources, l’accusation aurait fini par changer. «Ils sont maintenant accusés de vol qualifié».
Des militants du CNL de la zone Mubuga accusent François Nsanzerugeze, le chef de poste de cette zone, d’être l’instigateur de cette affaire. «Il n’était pas en bons termes avec Innocent, depuis août dernier». En qualité de responsable zonal du CNL, Innocent Irakoze avait porté plainte contre le chef de poste pour vandalisme de la permanence collinaire de Kimanama. Le dossier aurait été remis au commissariat provincial de Gitega qui n’en aurait réservé aucune suite.
Cet agent de police aurait depuis gardé une dent contre Irakoze. Nos sources considèrent que son intervention sur le passage à tabac de M. Hakizimana aurait servi de prétexte au policier pour se venger. Ils s’étonnent que des policiers s’immiscent dans les affaires des partis.
Léopold Ntatama, le responsable communal du CNL à Gitega, demande la libération sans condition de ces Inyankamugayo. Il se dit convaincu qu’ils sont emprisonnés pour des mobiles politiques. «Les mots qu’on leur lançait au moment du passage à tabac prouvent à suffisance les raisons cachées de leur détention». Et de plaider pour une justice équitable.
Interrogé, François Nsanzerugeze n’a pas voulu communiquer. Pour sa part, Jean Marie Vianney Nshimirimana, le représentant zonal des Imbonerakure à Mubuga, affirme qu’il était sur place au moment de l’arrestation des deux Inyankamugayo, sans plus de commentaire.
Quant à Placide Manirambona, le chef de la zone Mubuga, il nie toute implication dans cette détention. «Ils avaient été arrêtés, suite à un différend qu’ils avaient avec le chef de poste de Mubuga». Selon lui, les deux hommes auraient tenté un montage contre le chef de poste afin qu’il soit jeté en prison. «Ils auraient appelé le commissaire provincial de police et lui auraient menti qu’ils ont donné un pot de vin de 30 mille BIF au chef de poste». Ce dernier l’aurait su à temps pour signaler ce « montage ».
Placide Manirambona rejette toute allégation faisant état de détention aux mobiles politiques. «Non, les policiers ne s’ingèrent pas dans les affaires des politiques. Ils n’avaient jamais porté plainte contre le chef de poste de Mubuga». Pour lui, leur détention n’a rien à avoir avec l’histoire de la permanence de Kimanama. «Si c’était le cas, ils ne dirigeraient pas leurs plaintes contre le chef de poste. Car c’est plutôt moi qui ai ordonné sa fermeture».
Signalons qu’au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que les deux détenus viennent d’être liberés.