Ce mardi 30 mai, le Burundi a reçu la visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Au menu des discussions avec les autorités burundaises, la coopération bilatérale mais aussi la guerre en Ukraine où Gitega a rappelé sa position de neutralité vis-à-vis de ce conflit.
Par Alphonse Yikeze, Stanislas Kaburungu et Jérémie Misago
Reçu à l’aéroport par son homologue burundais, Albert Shingiro, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, était accompagné par une délégation de 25 personnes dont la plupart étaient des journalistes de médias russes. Après son arrivée, le ministre russe s’est entretenu avec le chef de la diplomatie burundaise. A la suite de cette entrevue, les deux ministres ont livré un point de presse.
Pour le ministre Shingiro, pour la guerre en Ukraine, le Burundi a opté pour la neutralité. « Le Burundi a choisi d’être du côté des solutions et non pas des problèmes. Nous avons pris une position abstentionniste, une position de neutralité, de non-alignement pour éviter que ce conflit atteigne d’autres régions notamment le Continent africain ».
M. Lavrov s’est réjoui des liens de coopération qui existent entre le Burundi et la Russie. Il a précisé que ces liens vont se renforcer, notamment dans le domaine de la santé et l’éducation. « Au vu de l’importance que les Burundais accordent à l’éducation, le quota des étudiants burundais admis dans les universités russes pour l’année académique 2023-2024 va passer à 100 ».
A l’issue de sa rencontre avec le président Ndayishimiye, le ministre Lavrov a déclaré vouloir appuyer la formation de spécialistes burundais dans le domaine de l’énergie nucléaire dans le cadre de la création d’une industrie nucléaire souhaitée par Gitega. Un projet auquel le représentant du Kremlin a promis l’appui de son pays.
Une coopération vieille de plus de 60ans
Le 17 mai dernier, en marge de sa rencontre avec le chef de l’Etat burundais, l’ambassadeur russe au Burundi, Valery A. Mikhaylov, se félicitant des bonnes relations entre les deux pays depuis plus de 60 ans, a fait savoir que des accords de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire, la santé, la justice et du travail entre les deux pays, sont en cours de préparation.
L’ambassadeur de la Russie au Burundi a profité de cette occasion pour rappeler que la Première Dame du Burundi est invitée au forum économique de Saint-Pétersbourg en Russie où elle va participer à la session plénière des débats dédiés aux problèmes de cantines scolaires qui va se tenir fin juillet 2023 à Saint-Pétersbourg.
L’Afrique dans le collimateur du Kremlin
Le Burundi n’est pas le premier pays africain à recevoir la visite du ministre Sergueï Lavrov. Rien que pour cette année, le ministre Lavrov a déjà visité pas moins de cinq pays africains : le Mali, l’Angola, l’Eswatini (Ex-Swaziland), l’Erythrée et l’Afrique du Sud.
En juillet 2022, cinq mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ce sont l’Ouganda, l’Egypte, le Congo et l’Ethiopie qui avaient accueilli le chef de la diplomatie russe. Après son passage à Bujumbura, le ministre russe a poursuivi sa tournée en RDC.
Réactions
Pierre-Claver Nahimana : « La guerre en Ukraine est au cœur de cette visite »
Le président du parti Sahwanya-Frodebu considère que la guerre en Ukraine constitue la colonne vertébrale de la visite du ministre russe des Affaires étrangères. « Dans le contexte actuel, nous savons tous que la Russie mène une guerre en Ukraine qui est soutenue par l’Occident. Le chef de la diplomatie russe fait des navettes dans différents pas pour faire valoir la position de son pays. Du fait des sommets souvent tenus à Bujumbura ces derniers temps, la Russie veut profiter de ces relais diplomatiques. La guerre en Ukraine est au cœur de cette visite au Burundi en ce moment précis. ».
Concernant la position de neutralité du Burundi sur la guerre en Ukraine, Pierre-Claver Nahimana la trouve tout à fait raisonnable. « On sait comment la guerre a commencé. On sait qui a attaqué qui. On sait qui est attaqué. Tous ces éléments sont connus. Mais entre les nations, il n’y a que des intérêts. Tout en connaissant la vérité, le Burundi et d’autres pays africains ont aussi des intérêts au niveau de ces pays qui s’affrontent. Que ce soit avant et après la guerre et maintenant, le Burundi aura toujours des intérêts dans ces pays. On doit préserver la neutralité pour ne pas se mettre à dos l’un ou l’autre au moment où le pays aura besoin d’élargir sa marge de manœuvre en termes de partenaires de développement ».
Simon Bizimungu : « Cette position de neutralité n’est pas tenable »
Pour le secrétaire du parti Cnl, la visite du ministre russe s’inscrit non seulement dans une optique de renforcement de la coopération entre la Russie et le Burundi mais aussi dans une quête d’alliances avec les pays africains de la part de la Russie. « Il est évident qu’avec la guerre en Ukraine, la Russie cherche des soutiens partout dans le monde, notamment en Afrique ». Le haut cadre du parti d’Agathon Rwasa définit les contours que devrait prendre cette quête d’alliances. « Si l’Afrique est mise à contribution pour servir de médiation, tant mieux. Mais si c’est pour soutenir la Russie dans la guerre qu’elle mène en Ukraine, alors là non au vu des atrocités en cours là-bas. »
Le député se dit sceptique par rapport à la position de neutralité adoptée par le Burundi sur la guerre en Ukraine. « Dans une telle situation, cette position de neutralité n’est pas tenable. On peut certes se dire neutre mais ne pas se limiter à ça et faire remarquer à son interlocuteur qu’il a dépassé les bornes, surtout que là on parle d’une violation de souveraineté d’un pays ».
Jean de Dieu Mutabazi : « Une volonté russe de renforcer les liens avec les pays africains »
Pour le président du parti RADEBU, la visite du ministre des Affaires étrangères de la Russie trouve sa signification dans la volonté russe de renforcer les liens avec les pays africains qui ont adopté, pour la plupart, une position de neutralité vis-à-vis de la guerre en Ukraine. « Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, les Nations Unies se sont divisées. Plusieurs pays africains, dont le Burundi, se sont abstenus de condamner la Russie et ont choisi la neutralité. Pour la Russie, ces pays africains sont des alliés potentiels et la Russie va tout mettre en œuvre pour renforcer ses liens d’amitié avec ces pays officiellement neutres ».
Selon M. Mutabazi, la Russie est une puissance militaire et nucléaire, qui dispose d’un niveau élevé de la qualité des services dans le domaine de la sécurité. De plus, soutient-il, la Russie peut assister d’autres pays dans l’utilisation de l’uranium à des fins énergétiques. « Ce sont là des domaines de coopération par lesquels la Russie peut passer pour mieux s’implanter en Afrique ».
Ce responsable politique tient aussi à souligner que la présence très marquée de la Russie en Afrique est le signe d’un renversement d’alliances au détriment des anciens pays colonisateurs. « Aujourd’hui, l’Afrique n’est plus une chasse gardée pour les anciennes puissances colonisatrices comme la France, la Grande-Bretagne et d’autres. D’autres puissances comme la Chine, l’Inde, la Turquie, la Russie, les USA etc., veulent élargir leur sphère d’influence en Afrique ».
Sur la position de neutralité adoptée par le Burundi s’agissant de la guerre en Ukraine, Jean de Dieu Mutabazi la juge parfaitement compréhensible. « Dans une situation où la Russie est opposée à l’Ukraine et que cette dernière est alliée à l’OTAN, pour ne pas se mettre à dos personne, et mieux sauvegarder ses intérêts et tous ses partenaires, de l’Est et de l’Ouest, on est obligé d’observer une stature de neutralité, de ménager le chou et la chèvre. De l’équilibrisme en un mot ».
Union européenne : « La Russie cherche en Afrique les alliés qu’elle a perdus ailleurs »
D’après C.C, un cadre européen basé à Bruxelles, la visite du ministre russe entre dans le cadre d’une recherche d’alliances en Afrique par rapport à la guerre en Ukraine. « Avec la guerre qu’elle mène en Ukraine, la Russie a perdu beaucoup d’alliés. Et ce vide, elle tente de le créer en cherchant des soutiens auprès des pays africains ».
C.C indique qu’avec la guerre en Ukraine, l’Union européenne a poursuivi ses engagements auprès des pays les plus vulnérables dans le but d’amortir les impacts produits par cette guerre. « Pour le cas du Burundi, nous avons dégagé un appui de 1,2 milliard d’euros pour lutter contre l’insécurité alimentaire engendrée par l’invasion russe en Ukraine ».
Le fonctionnaire européen fait savoir que le Burundi est souverain et qu’il est libre de nouer des alliances avec les pays de son choix et réaffirme la position de l’UE sur la guerre en Ukraine. « Nous condamnons fermement une agression qui a entraîné des destructions innombrables, tant sur le plan humain que matériel et considérons que cette invasion met en danger l’ordre international bâti sur le droit »
Concernant les attaques de M. Lavrov contre l’Occident à l’occasion de sa visite à Bujumbura, C.C se dit vouloir se tenir loin ‘’des polémiques’’ et estime que « les Burundais sont suffisamment lucides et informés pour juger eux-mêmes de la situation en cours en Ukraine ».
Eclairage/ Cyprien Mbonimpa : « C’est la confirmation des bonnes relations qui existent depuis longtemps entre le Burundi et la Russie »
L’ancien chef de mission à l’ambassade du Burundi à Moscou estime qu’il est incorrect de voir la visite du ministre russe uniquement à l’aune de la guerre en Ukraine. D’après lui, celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une relation qui existe déjà entre les deux pays et appelée à s’améliorer dans l’avenir.
Comment vous interprétez la visite du ministre Sergueï Lavrov ?
De manière positive. C’est un honneur pour le Burundi de recevoir la visite d’un ministre des affaires étrangères russe, ce qui est une première pour le pays. C’est la confirmation des bonnes relations qui existent depuis longtemps entre le Burundi et la Russie (Depuis le début des années 1960 avec l’ex-URSS). Il ne peut donc pas s’agir d’une relation opportuniste. L’ex-URSS a été la première puissance dans le monde à établir des liens avec le Burundi. Nous avons, depuis cette époque, beaucoup d’étudiants burundais qui ont été formés en ex-URSS. Nous avons beaucoup de médecins et d’ingénieurs burundais qui y ont fait leurs études.
J’ai moi-même pu m’en rendre compte quand j’étais à Moscou dans les années 1975-1976. A l’époque, j’occupais le poste de chargé d’affaires a.i à l’ambassade du Burundi en Russie, c’est-à-dire responsable de l’ambassade en l’absence de l’ambassadeur qui venait d’être nommé ministre dans le gouvernement de l’époque.
En avril 1976, j’ai reçu une visite importante de l’ancien président Bagaza (A l’époque chef d’Etat-major adjoint de l’armée) qui venait négocier une coopération militaire avec l’ex-URSS. En ma qualité de chef de mission de l’ambassade burundaise à Moscou, j’ai participé à cette négociation. Ce fut le début d’une grande coopération militaire, de nombreux généraux ont par la suite été formés là-bas et du matériel militaire livré.
Evidemment, compte tenu de l’actualité, beaucoup d’observateurs peuvent voir uniquement l’aspect de la guerre en Ukraine. Ce serait une vision qui ne serait pas correcte parce que ce n’est pas une relation qui démarre mais qui existe et qui va s’améliorer dans l’avenir.
Quelle analyse faites-vous de la position de neutralité adoptée par le Burundi s’agissant de la guerre en Ukraine ?
C’est une position sage qui a été aussi adoptée par beaucoup d’autres pays en voie de développement qui faisaient autrefois partie des pays non-alignés. Ces pays souhaitent avant tout des négociations. Du reste, je constate que les pays occidentaux gardent des liens économiques et politiques. Le Burundi, comme d’autres pays, entretient des liens en fonction de ses intérêts. Le Burundi est ouvert à une coopération avec tous les pays du moment qu’ils respectent sa souveraineté.
Quelle est votre réaction face à l’offensive diplomatique russe à l’œuvre en Afrique ?
Il y a manifestement un chambardement de la géopolitique mondiale. Autrefois hégémonique, la puissance américaine est aujourd’hui concurrencée par la Chine. Et d’après certaines données, celle-ci pourrait même devenir la première puissance mondiale. Il faut noter aussi la création des BRICS (Bloc de pays émergents constitué par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du sud) qui contestent l’hégémonie américaine. Sans oublier de nouveaux pays émergents qui aimeraient rejoindre ce groupe.
Ce mouvement s’accompagne aussi de la contestation de la suprématie du dollar. La plupart des pays émergents se montrent mécontents vis-à-vis des sanctions pouvant être prises par les États-Unis en bloquant les comptes en dollar d’un pays. Cela pose un énorme problème au niveau de l’économie internationale et ces pays émergents se mettent du coup à envisager une monnaie alternative face au dollar. Le prochain sommet des BRICS qui se tient prochainement en Afrique du Sud abordera sans doute cette question.
Nous assistons à un conflit beaucoup plus large, qui va au-delà de la guerre en Ukraine. Dans cette bataille, l’Afrique, de par ses ressources naturelles et sa jeunesse, suscite un intérêt particulier aux yeux des puissances mondiales qui s’y pressent en masse. Il faudrait pour cela que l’Afrique soit unie pour défendre ses intérêts. Cela suppose que l’Afrique prenne des positions en fonction de ses intérêts légitimes et non sous l’influence d’une quelconque puissance.
Mais il y a aussi une volonté de la part des Russes d’avoir des soutiens en Afrique sur la guerre en Ukraine…
Ce n’est pas seulement la Russie. Les Etats-Unis le font, l’Union européenne le fait sans oublier des puissances émergentes comme la Turquie qui veulent autant nouer des liens avec l’Afrique. Donc, ce que la Russie fait, d’autres puissances aussi le font.
Avec cette quête d’alliances, n’assiste-on pas à une résurgence du conflit Est-Ouest ?
Ah oui, le risque est là ! Quand on voit les discours qui ont cours actuellement entre les USA et la Russie, ça rappelle l’époque de la guerre froide. Est-ce que l’initiative chinoise d’avancer une voie de solution sur la guerre en Ukraine va-t-elle donner des résultats ? Qu’est-ce qui sortira de la visite prochaine des dirigeants africains en Ukraine et en Russie ? Attendons et voyons.
Comment ont évolué les relations entre le Burundi et la Russie notamment depuis la fin de l’URSS ?
C’est une relation qui s’est maintenue même dans les moments les plus difficiles. La Russie n’a jamais posé de conditionnalités quant à l’octroi de son aide au Burundi orientée surtout vers la formation. Aujourd’hui, les deux pays se dirigent vers une coopération économique plus renforcée. Reste à savoir les secteurs qui seront privilégiés.
A quand date l’intérêt pour le secteur minier de la part de la Russie ?
Les matières premières sont un besoin pour toutes les puissances industrielles. La course vers les matières premières est permanente entre les puissances industrielles.
Pour le cas de la Russie, était-ce déjà le cas à l’époque où vous étiez en poste à Moscou ?
Pas encore, non. Les découvertes minières au Burundi sont assez récentes, ça devait être dans les années 1980.
Au moment où la Russie annonce 100 places disponibles pour les étudiants burundais en Russie, des décès répétés d’étudiants burundais en Russie suscitent l’inquiétude ces dernières années. Que peut faire la représentation diplomatique sur place pour rassurer les étudiants burundais qui partent faire leurs études en Russie ?
D’abord, l’augmentation de places pour les étudiants burundais en Russie est une bonne chose. Pour ces malheureux décès, l’ambassade du Burundi là-bas doit faire ce qui est en son pouvoir pour savoir ce qui s’est réellement passé.
Mais vous savez, dans tous les pays du monde, la xénophobie est présente. Quand j’étais en poste à Moscou, j’ai remarqué dans certains milieux ouvriers, il y avait un racisme anti-noir. Et cela existe aussi aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Il faudrait que les étudiants burundais évitent les milieux dangereux, comme ceux fréquentés par des toxicomanes. De son côté, l’ambassade burundaise se doit de rencontrer les étudiants burundais qui arrivent et leur donner des conseils sur la façon de vivre là-bas.
Dans la course que se livrent les grandes puissances pour conquérir le marché africain, comment le Burundi peut-il tirer son épingle du jeu ?
Notre appartenance à l’EAC nous donne plus de poids quand on négocie des partenariats qu’en étant seul. A titre d’exemple, quand le Burundi négociait seul la construction d’un chemin de fer, cela n’aboutissait à rien. Mais une fois les négociations menées dans le cadre de la Communauté, c’est devenu possible.
Bavuga ngo iyo inzovu zirwana ibikoko bito bito vyigirwa hirya.Le Burundi fait bien de se tenir loin de ce qui ne le concerne pas.Twe dukeneye gukorana nabadusonera kugira twegere imbere.Nayo abatwise « shithole countries » (ibihugu vy’umwanda mukuru si je traduis en Kirundi et excez ce terme mais c’est exactement ce que Trump avait dit des pays africains.None nkabo batwita umwana mwumva twoba turiko tubaronderako iki?Nibareke umwana uje aho usonerwa basi.Les africains n’ont pas la mémoire courte.Tuzokwama tuvyibuka.
Hama kuri nucléaire imaginez un peu les dégâts ba ba ingénieurs bacu banyoye ama ibiyeri bashitse muri centrale.Le Burundi sera effacé de la carte du monde par la suite.Il faut d’abord responsabiliser les futurs ingénieurs avant de les parachuter dans des centrales nucléaires.
Murakoze.
@Jean Kabwari
« Can nuclear power plants be built anywhere?
ChatGPT
Nuclear power plants can be built in many places, but they are subject to specific regulations and safety requirements. Site selection is critical, as the location must have the necessary infrastructure, be suitable for the type of reactor, and have a low risk of natural disasters, such as earthquakes or floods. Additionally, the site must be able to handle the waste produced by the plant… »
https://www.quora.com/Can-nuclear-power-plants-be-built-anywhere
1. Vous ecrivez:« A l’issue de sa rencontre avec le président Ndayishimiye, le ministre Lavrov a déclaré vouloir appuyer la formation de spécialistes burundais dans le domaine de l’énergie nucléaire dans le cadre de la création d’une industrie nucléaire souhaitée par Gitega. Un projet auquel le représentant du Kremlin a promis l’appui de son pays… »
2. Mon commentaire
A ce que je sache le Burundi n’a pas de matiere premiere (comme l’uranium), de savoir-faire (comme laboratoire nucleaire a l’Universite du Burundi), discipline (pour eviter des accidents nucleaires ou gerer les dechets nucleaires) pour avoir une ambition nucleaire.
J’aimerais savoir comment ce projet nucleaire de Gitega est formule.
Très bonne question. Je pars du constat que nous n’arrivons même pas, ou arrivons difficilement à entretenir rigoureusement nos infrastructures publiques ( ponts, routes, écoles, bureaux, barrages, véhicules…) si bien que certaines sont en mauvais étant et que d’autres s’écroulent sous nos yeux! Qui peut garantir que nous serons à même de prendre en charge une infrastructure, certes très utile, mais extrêmement dangereuse si elle est mal entretenue? A moins que l’on accepte le principe que le donateur n’en assure en grande partie le contrôle sur place.
« Choix souverain » est une terminologie pleine de confusion. Je m’explique : face à un conflit sanglant, ici russo-ukrainien, un état peut choisir de ne pas prendre position pour l’un ou l’autre des belligérants. Cette neutralité est un choix souverain. Mais il faut se rappeler que ne pas prendre position, c’est jouer le jeu de l’agresseur. Quelques états africains ont pris position pour la Russie: c’est un choix souverain. D’autres ont pris position contre la Russie: c’est un choix souverain. D’autres ont tout simplement choisi de laisser la chaise vide, donc absentéisme et non abstentionnisme: c’est aussi un choix souverain. D’où je peux conclure que choix souverain ne veut pas dire nécessairement bon choix ou mauvais choix. Mais c’est le terme adéquat quand on ne voit pas exactement l’issue de la guerre et qu’on ne veut pas réduire ses marges de manœuvre quoi qu’il arrive.
1. Vous ecrivez:« En avril 1976, j’ai reçu une visite importante de l’ancien président Bagaza (A l’époque chef d’Etat-major adjoint de l’armée) qui venait négocier une coopération militaire avec l’ex-URSS. En ma qualité de chef de mission de l’ambassade burundaise à Moscou, j’ai participé à cette négociation… »
2. Mon commentaire
a. Le 1 er juillet 1977, l’ambassade du Burundi a Moscou avait invite les etudiants burundais pour la celebration de l’independance du Burundi. Comme je venais d’avoir mon diplome quelques jours avant, je me croyais etre assez important (j’ai meme failli porter sur ma veste « six-boutons » mon nouveau petit losange qui identifie les ingenieurs sovietiques). Et donc j’etais franchement decu qu’on me mette a l’entree pour souhaiter la bienvenue aux convives. Ce n’est qu’ apres plusieurs dizaines d’annees que j’ai compris que c’etait un grand honneur pour moi de « representer » le Burundi devant ces invites.
b. Et ce jour j’ai appris une grande lecon d’humilite: il y avait tant de beaux vehicules des diplomates et autres invites alors que moi je devais rentrer par metro moscovite (train sous-terrain) et bus.