Assistés par une femme qui leur procurait tout le matériel scolaire et autres biens depuis leur amputation de bras par les voisins, Richard Bizimana et Jean Claude Ndayishimiye avaient réintégré l’école. Aujourd’hui, l’un des deux garçons a abandonné l’école.
Après trois années sans bras comme les autres enfants de leur colline, Richard et Jean-Claude essayaient de suivre les cours normalement malgré leur handicap. En classe, ils ne manquaient ni cahiers ni uniformes. Une femme de Bujumbura faisait tout son possible pour leur faire oublier qu’ils sont handicapés pour la vie.
Christine Ntahe appelée aussi « maman dimanche » montait de temps en temps leur rendre visite à Karemba dans la commune Itaba à Gitega. Selon les habitants, ces deux garçons vivaient comme tous les autres enfants de la colline sauf que certains camarades les taquinaient sur leur handicap en leur proposant de jouer à la boxe.
« Mais ce n’était pas méchant, c’était pour rigoler entre enfants. A les voir, ils ne se sentaient pas malheureux », affirme un voisin rencontré sur place. A l’école, ils n’étaient pas non plus stigmatisés, d’après leurs amis de classe. Ils les décrivent comme des écoliers brillants malgré que l’un d’entre eux a doublé de classe sans raison valable.
« Depuis qu’il est revenu (Richard), il est toujours le premier de la classe et tout le monde veut s’asseoir avec lui pour jeter un coup d’œil sur son papier pendant les évaluations », a avoué son compagnon de classe de 5ème année.
« Cet enfant arrivera loin, ceux qui lui avaient coupé le bras croyaient qu’il finirait mendiant mais il leur démontre le contraire car il est très appliqué à l’école », ajoute une voisine.
Même handicap, deux destins différents
Tandis que Richard suit les cours régulièrement et avance de classe avec le soutien de sa maman, Jean Claude quant à lui, a abandonné l’école depuis le 2ème trimestre de l’année scolaire 2019-2020. Pour cause, sa maman qui devrait lui servir de conseillère vend ses cahiers et ses uniformes.
«Nous le savons tous que c’est sa maman qui lui dérobe tout ce qu’on lui donne. Même le riz et les haricots finissent dans les boutiques du coin ou au marché », accuse un homme qui affirme l’avoir vue en train de marchander une culotte kaki appartenant à son fils. D’après les voisins et la famille, cet enfant est devenu victime de l’irresponsabilité de sa mère.
« Nous n’avons pas voulu le dénoncer pour ne pas décourager les âmes charitables mais nous sommes au courant de tout. A la fin, elle finira par le pousser au banditisme ou à la mendicité. Que va faire un enfant de 12 ans qui ne va pas à l’école ?», déplorent les voisins. Pour Christine Ntahe, il est malheureux d’avoir un tel parent.
« Quand je quittais Bujumbura, j’avais hâte de les voir, les serrer dans mes bras, voir leur sourire quand ils déballeront les cahiers que j’emmenais. Mais, je suis scandalisée d’apprendre que l’un de mes enfants a abandonné l’école à cause de sa mère. » Selon Maman Dimanche, la responsabilité est partagée.
Elle se demande comment cela est arrivé sur une colline où il y a une administration, des hommes et des femmes qui ont des enfants. « Pourquoi n’ont-ils pas pu intervenir à temps, pourquoi je n’étais jamais informée de cette situation ? », s’interroge-t-elle la gorge serrée.
Jusqu’au moment où nous mettons sous presse, nous n’avons pas pu joindre l’administration à Itaba pour plus d’amples informations sur le cas de Jean-Claude Ndayishimiye.