Le nombre des vaches qui se vendaient à Gitega a diminué sensiblement. Pour cause, les commerçants de Cankuzo et Ruyigi (provinces frontalières avec la Tanzanie) ne viennent plus à cause du faible taux d’échange de la monnaie burundaise.
Sur le marché de Zege, les animaux ont diminué durant ces deux derniers mois, comme en témoignent les commerçants et les bouchers. Selon eux, les vendeurs frontaliers de la Tanzanie ne veulent plus vendre leurs bêtes à un prix dérisoire. Plutôt que de les amener à Gitega et faire de longs trajets, ils ont inversé le chemin. Ils préfèrent les vendre aux Tanzaniens qui paient plus cher.
« 100 shillings sont échangés à 116Bif raison pour laquelle ils gardent un avantage sur nous. En plus, eux achètent par centaines alors qu’ici nous achetons par tête », souligne Evariste qui affirme être dans le commerce des animaux depuis 20 ans. Le taux de change du francs Bu face au shilling est une véritable catastrophe pour les commerçants burundais surtout ceux de Cankuzo et Ruyigi.
« Un bœuf était vendu avant 500 mille Fbu. Aujourd’hui, il coûte plus de 800 mille Fbu», précise Sylvestre. D’après ce commerçant, à cause de la baisse de valeur de la monnaie burundaise, même les tanzaniens ne viennent plus vendre leurs bêtes.
Les lundis (jour du marché du bétail à Gitega), les bouchers de Gitega (qui proposent moins d’argent) se disputent avec ceux qui viennent de Bujumbura (qui ont plus de revenus) le peu qui est sur le marché.
« Nous attendons qu’ils terminent d’acheter la totalité des bêtes avant de négocier. Parfois, nous ramassons les reste c’est-à-dire les animaux maigres et non gras », déplore un boucher du marché de Gitega. Pour tenir le coup, les commerçants et les bouchers cherchent donc de nouveaux marchés et passent par les commissionnaires qui vont sillonner les collines à la recherche des animaux.
Le vol du bétail s’intensifie
Le manque d’animaux sur le marché à Gitega entraîne aussi une hausse de vol de bétail et ça devient un vrai problème pour les éleveurs. Sur les collines ou dans les étables situées en bordures de la ville de Gitega, les éleveurs affirment qu’ils sont victimes des voleurs qui viennent la nuit pour voler leurs bêtes. Ils indiquent en outre qu’ils sont obligés de doubler la vigilance nocturne.
« Avant, un berger suffisait pour garder le troupeau. Mais actuellement, on doit engager un berger et un veilleur de nuit et de jour car les voleurs sont nombreux », a précisé Egide un éleveur de Bwoga. Et au berger de Songa de confier : « Nous étions habitués aux voleurs classiques mais ceux d’aujourd’hui sont très dangereux. Ils viennent la nuit, tuent la bête sur place et emportent la viande. » Pour les éleveurs, garder des vaches loin de la ville est devenu très dangereux.
En conséquence de cette rareté et vol du bétail dans les étables, le prix de la viande est monté. Au marché, le kilo est vendu à 7 mille francs alors qu’il était à 6 mille Fbu il y a peu de temps. Dans les cabarets et les bistrots ordinaires, les brochettes sont passées de 1 000à 1 500fbu. Et là encore, les morceaux de viande ont été divisés presque de moitié.