Trente après la création du département de l’hydrométéorologie et de l’agrométéorologie, les agriculteurs n’utilisent pas encore les prévisions climatiques.
Le comportement des agriculteurs n’a pas changé d’un iota en ce qui concerne la prise en compte des prévisions métérologiques. Or, selon Aloys Rurantije, directeur de l’hydrométéorologie et de l’agrométéorologie au sein de l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU), ce dernier a été créé avec, entre autres objectifs, d’informer la population en général, et les agriculteurs en particulier, de la situation climatique. Néanmoins, poursuit-il, le comportement des agriculteurs n’a pas changé. Il incrimine l’absence de communication pour toucher la base.
Du côté des agriculteurs, l’ignorance est effectivement totale. « Depuis longtemps, nos ancêtres étaient habitués à observer le ciel et ils déterminaient les périodes durant lesquelles il était permis de cultiver dans les vallées ou dans les parties semi-arides. Ils atteignaient la sécurité alimentaire plus qu’aujourd’hui », témoigne Thérèse Congera en train de cueillir les feuilles de haricot dans son champ sur les rives du ruisseau Nyabuhira.
Les agriculteurs ne s’intéressent jamais aux prévisions climatiques. « Je connais la culture que je dois pratiquer pour chaque saison. Le plus souvent, les mauvaises productions sont dues au manque d’engrais », se justifie Claver Ntawukirishiga de la colline Mugoboka. Pour lui, dans l’agriculture il n’y a pas de miracles. Il suffit d’avoir du fumier et de semer à temps.
Pour d’autres agriculteurs, le coup d’envoi est souvent donné par la vente des engrais par la Direction provinciale d’agriculture et de l’élevage(DPAE). Gaspard Bacinoni et ses voisins, quant à eux, affirment sans ambages qu’ils scrutent le ciel pour comprendre l’état des précipitations. Et pour ce qui est des débuts des saisons culturales, ils observent le calendrier agricole : « Durant tout ce mois de septembre, chacun s’occupe à labourer pour commencer à semer dès le début du mois d’octobre. »
« La prévision climatique est une nécessité nationale »
Aloys Rurantije précise que la prévision saisonnière du climat revêt d’une importance cruciale pour la vie socio-économique du pays : « C’est une nécessité nationale, un impératif pour faire émerger de nouvelles politiques et de changer les mentalités de la population. » Mais d’après lui, la guerre civile a entravé le développement de la médiatisation des informations climatiques : « La crise politique de 1993 a emporté de nombreuses vies humaines parmi le personnel. Nos stations ont été endommagées, ce qui a influé énormément sur notre activité de prévision du temps. » Il précise que des 114 stations qu’ils avaient en 1993, il ne reste que 12.
Toutefois, M. Rurantije indique que le PNUD, à travers son programme de gestion des catastrophes, a aidé dans l’acquisition de nouveaux équipements. Avec ce matériel, le département d’hydrométéorologie et d’agrométéorologie affirme être en mesure de fixer la date probable et la répartition des pluies durant toute l’année. « Grâce à la station météorologique de Bujumbura, nous recevons des images satellitaires pour surveiller à tout moment les nuages. Nous sommes capables aussi de donner avec précision des prévisions météo une journée avant. »