Samedi 23 novembre 2024

Économie

Gitega : les prix des matériaux de construction en hausse

Ils se sont multipliés par deux, voire trois après la revue à la hausse des taxes sur les moellons, sables et graviers par l’OBR. Transporteurs, fournisseurs et clients dénoncent la mesure.

Les chauffeurs et les fournisseurs au parking des camions à benne, ils attendent les clients qui ne viennent pas ©Iwacu
Les chauffeurs et les fournisseurs au parking des camions à benne, ils attendent les clients qui ne viennent pas ©Iwacu

Sur le parking des camions à benne au centre ville de Gitega, les chauffeurs s’ennuient. Pour ne pas dormir, convoyeurs et fournisseurs des matériaux de construction jouent aux cartes. Les autres scrutent les passants espérant trouver un client éventuel. Dans les quartiers, les travaux de construction sont au ralenti pour ne pas dire arrêtés. Les maçons et leurs aides sont au chômage forcé. Tous soulignent que ce phénomène a commencé après la revue à la hausse des taxes sur tous les matériaux de construction par l’Office burundais des recettes (OBR).

Augustin est l’un des fournisseurs des briques cuites. Il indique que son travail est déjà perdu. Il espérait vendre plus de 50.000 briques ces deux derniers mois mais personne ne vient lui demander une commande. « Malgré les taxes surélevées, j’ai continué à vendre une brique à 35fbu seulement pour ne pas faire fuir les clients. Mais si rien ne change, c’est le tunnel. Peut-être que le mois de juillet changera les choses, sinon je perdrais tout mon argent », s’inquiète-t-il.

Comme ces vendeurs des matériaux de construction l’indiquent, les taxes de conformité environnementale sont passées de 145 mille Fbu à 55O mille Fbu. Ce qui a occasionné considérablement la cherté de leurs produits. Ils se plaignent : « Nous avons été obligés de doubler les prix pour récupérer cet argent. Mais au lieu de gagner nous perdons énormément, nous n’avons plus de client. Ils nous accusent de vouloir spéculer sur eux alors que nous aussi nous subissons cette décision.»

Les chantiers ont été abandonnés

Herménegilde Haritwinshi est un enseignant. Il avait contracté un crédit de 1O millions pour se construire une maison en dur. Aujourd’hui, il a décidé d’abandonner son projet. La somme nécessaire n’est pas à sa portée. Il se plaint : « Je croyais que j’allais m’offrir une maison mais tout est tombé dans l’eau. J’étais averti que le ciment est cher mais je ne m’attendais pas à acheter une brique cuite à 40 Fbu et une benne de sable à 65 mille Fbu.»
Il s’est alors résolu à se débrouiller avec les briques adobes. Quant à F .G, il ne sait plus à quel saint se vouer. Sa parcelle est située dans le quartier de Bwoga. Il risque d’être dépouillé de sa parcelle parce qu’il totalise plus d’une année sans même terrasser son terrain : « Quand j’ai payé les frais de viabilisation, je programmais la fin de tous les travaux dans deux ans. Mais voilà, il ne me reste que deux mois avant la mise en demeure de ma parcelle. »

D’après lui, la solution est difficile à trouver. Comme il le fait savoir, il a décidé à maintes reprises à vendre son terrain, mais l’acheteur est introuvable. « Personne ne veut plus de nos parcelles, beaucoup craignent qu’ils ne respectent pas les conditions des services de l’urbanisme. Et ceux qui en ont les moyens préfèrent celles de Bujumbura. Ils nous répètent souvent que les parcelles situées dans les villes de l’intérieur du pays ne sont pas rentables », a-t-il ajouté. A l’instar des fournisseurs et des chauffeurs, les maçons et les aides-maçons ne trouvent plus du travail. Ils passent leur temps à chercher un employeur. Peine perdue, plus de chantier, plus de travail pour eux.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Zeno Albert

    Madame, Monsieur,

    Le prix des matériaux sont inabordables.

    Que devient AGGLOBU ?

  2. Stan Siyomana

    « …les taxes de conformite environnementale sont passees de 145 milles Fbu a 550 mille Fbu… ».
    1. Article 157: Est puni d’une peine de servitude penale de deux a cinq ans et d’une amende de cinq millions a dix millions de francs burundais, ou l’une de ces peines seulement, tout titulaire d’un titre minier ou tout beneficiaire d’une autorisation qui:
    a) se livre a des activites regies par le Code minier sans se conformer aux regles relatives a la sante publique, a la securite au travail ET A LA PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT.
    (Voir « Loi No.1/21 du 15 octobre 2013 portant Code minier du Burundi. », http://www.presidence.bi, 25 octobre 2013.).
    2. « Le principe POLLUEUR-PAYEUR est un principe decoulant de l’ethique de responsabilite, qui consiste a faire prendre en compte PAR CHAQUE ACTEUR ECONOMIQUE les externalites negatives de son activite….
    Les mesures decoulant du principe pollueur payeur ont pour but de retablir la « verite des prix »: si une activite economique entraine une pollution, le cout de cette pollution (SUPPORTEE PAR LA COLLECTIVITE) doit etre pris en compte AU NIVEAU DU POLLUEUR… »
    (Voir « Principe pollueur-payeur », http://www.wikipedia.org).
    3. Ceux qui operent dans le secteur des materiaux de construction au Burundi ne peuvent pas tout simplement s’opposer a une taxe environnemntale (qui est ou devrait etre presque universelle).
    Tout au plus, ils peuvent la contester s’ils arrivent a demontrer qu’elle n’est pas commensurable avec les DEGATS qu’ils causent AU BEAU PAYS DE MWEZI GISABO (qu’il faut preserver pour les futures generations de Burundais/MILELE NA MILELE).
    Merci.

  3. Changement

    Tant qu’on ne fait que parloter au lieu de se leve et dire non à ce gouvernement qui ne fait que affamer son peuple à coup de corruption et de taxes au profit d’une poignée de personnes, rien ne changera. Il suffit de bouder à un moment tous ces produits en provenance de l’étranger et le tour est jouer. mais si nous Burundais nous ne sommes pas solidaires pour cela, les prédateurs ne désarmera pas. S’ils haussent le prix des produits de Brarudi, laissons d’en boire un moment et vous verrez que les chefs du régimes ne feront pas tourner la machine avec leur seule consommation. s’ils rehaussent le carburant, laisser de côté ne fut ce qu’un moins nos voitures, laissons de prendre un bus pendant un mois, vous verrez, les choses changeront. S’ils rehaussent le prix des matériaux de construction importez, boudons-les pendant un moment et vous verrez, la situation changera. Ils faut de petites actions sans violence pour changer la société. tant que vous continuer à jouer leur jeu, rien ne changera. Gandhi, Martin Luther King, Mandela, on pu changer la société sans violence et sans beaucoup de bruit pas la boycotte.

    • Stan Siyomana

      @Changement
      Le present article ne parle nulle part du probleme de « prix des materiaux de construction IMPORTES… »
      Merci.

    • Stan Siyomana

      @Changement (: »Gandhi, Martin Luther King, MANDELA ont pu changer la societe SANS VIOLENCE… »)
      1. L’autobiographie de Nelson Rolihlahla Mandela (1994): Long walk to freedom » (a lire gratis sur http://archive.org) raconte comment Nelson Mandela, bien que malade, tenait absolument a assister au premier essai d’explosifs dans une carriere (abandonnee?) parce qu’il etait Commander-in-Chief d’Umkhonto we Sizwe/Fer de lance de la Nation (= branche armee de l’African National Congress).
      2. « Umkhonto we Sizwe (Spear of the Nation), avec Nelson Mandela comme Commander-in-Chief, avait adopte une strategie de sabotage d’infrastructures/installations qui avaient une importance economique et politique, tels que les bureaux de la poste, les cabines telephoniques, les bureaux ou l’on delivrait les « pass »/pass-offices (= qui permettaient aux Noirs de se deplacer dans leur propre pays) et les poteaux electriques/electricity pylons… ».
      (Voir Isaac Saney: Nelson Mandela, 1918-2013. Madiba is gone, the struggle continues. TML weekly, Information project, December 7, 2013, No.48, http://www.cpcml.ca).
      Merci.

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