Dans les quartiers surtout populaires de la ville de Gitega, les ménages emploient des mineures pour les travaux domestiques. Une situation décriée par les défenseurs des droits de l’enfant.
<doc7727|left>« C’est une exploitation pure et simple des enfants. Ces femmes qui les engagent devraient savoir qu’elles brisent leur avenir » juge Félicien Akimana, président de l’Association pour l’encadrement des domestiques du Burundi (ADOS-Burundi). Selon lui, c’est devenu une habitude pour certaines familles à revenu moyen d’engager des jeunes filles pour le travail domestique. Elles sont utilisées dans les travaux domestiques et sont parfois maltraitées par leurs employeurs. « Non seulement elles ont un maigre salaire (entre 5000 et 10000 Fbu), mais aussi leur avenir est compromis. Ces hommes et femmes cherchent le bien-être de leurs enfants en brisant celui des autres.»
<quote>[Carine, 5 ans, visage de l’esclavagisme moderne->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article5199]</quote>
Les gens qualifient cette pratique d’esclavage voilé des enfants. Pour eux, les familles devraient être conscientisées pour abandonner cette mauvaise habitude. « Si nécessaire, l’administration et les organisations qui œuvrent en faveur des droits des enfants devraient s’impliquer pour poursuivre en justice ces familles qui engagent les mineurs dans les travaux domestiques » propose Fabien Nkuzimana, père de cinq enfants.
Dans cette quête d’une main d’œuvre moins chère, les filles sont plus exposées que les garçons. Pour convaincre les familles de laisser partir leurs filles, les employeurs leur disent qu’elles ne feront que garder le bébé. Arrivées sur le lieu du travail, elles exécutent tous les travaux. En plus de porter le bébé sur le dos, elles font la lessive et parfois la cuisine.
Ces petites filles travaillent surtout pour leurs parents
Les plus soumises partent sans être payées tandis que les autres sont battues. Evelyne Nahimana, 13 ans, a été molestée par sa patronne qui l’accusait d’avoir volé l’argent qui était destiné pour l’achat des légumes. N’eût été l’intervention du président de ADOS-Burundi, Evelyne n‘aurait peut-être pas eu la vie sauve. Renvoyée sans sou, personne ne sait aujourd’hui où est cette jeune fille, ni même cette association qui avait pourtant intenté un procès contre son ancienne patronne.
Une femme qui a accouché récemment assure que ces jeunes filles sont moins chères que les majeures. « Tu n’auras pas à t’inquiéter qu’elle te quitte. Sa maman qui touche son salaire à la fin du mois ne le lui permettra pas. Et aussi, elles sont plus dociles, il suffit que tu lui donnes du riz et le reste ira bien », avance Mme Ingrid. Issues parfois de familles pauvres, ces filles sont envoyées en ville par leurs parents de force. La plupart sont obligées d’écourter leurs études pour subventionner à l’éducation de leurs frères.
A la fin, comme elles ne sont plus capables de cultiver, elles se retrouvent sur le trottoir. « Ma mère m’avait dit que je devais aller travailler parce qu’elle n’avait plus les moyens pour me payer des études. J’ai travaillé dur pendant sept ans sans que j’empoche moi-même mon salaire », raconte une fille qui raconte être devenue une prostituée à cause de son mauvais départ dans la vie.