Le gouvernement a construit des sites pour héberger des anciens militaires ou combattants handicapés. Si les conditions de vie dans le site de Zege (Gitega), sont globalement bonnes, ces handicapés ont des doléances sérieuses. Reportage.
C’est un groupement de huit maisons juché sur la colline Zege en commune Gitega. Les maisons se distinguent par leur apparence moderne. Elles sont toutes en briques cuites. Un même style. Sur leurs toits, des plaques solaires alimentent ces bâtiments en électricité.
Mardi, 18 décembre 2018, un calme y règne. Jean (le prénom a été changé), un des occupants, est assis devant sa maison. Il se prélasse au soleil matinal. Après une brève présentation, il se lève pour nous mener vers ces autres voisins. Il boîte avec sa jambe droite. Son bras droit ne bouge plus. « Ce sont les conséquences des balles reçues sur le champ de bataille ».
Quelques pas et nous voilà en compagnie de Léon et Claude, (tous des pseudos) Les deux hommes n’ont visiblement pas eu la même chance que Jean. Ils sont en fauteuil roulant.
Pour le premier, une rafale de balles a eu raison de sa mobilité. L’autre, c’est la faute à un accident de voiture lors d’une mission de travail. Tous sont unanimes. Ils sont reconnaissants pour le toit qui leur a été offert par le ministère de la Défense et des Anciens Combattants. « Peut-être que je serais mort à l’heure actuelle et ma famille dans la rue », affirme Jean. Avec sa femme et ses enfants, ils forment une famille de six personnes. Pareille pour Claude. Celle de Léon compte cinq membres.
Pour Claude, bien qu’ils soient soignés, l’accès aux soins de santé reste l’une de leurs préoccupations. « Nous devons descendre à Bujumbura pour nous faire soigner. Au regard de nos conditions physiques et financières, c’est vraiment un chemin de croix. » Par ailleurs, certains d’entre eux n’ont pas de mutuelle. Ils ont la carte d’assurance maladie ordinaire. « Avec la gravité de nos handicaps pour certains d’entre nous, cette carte ne nous sert guère à grand-chose ».
La crainte de perdre leurs maisons
L’autre inquiétude concerne les titres de propriété. « Nous avons toujours demandé à la direction des Anciens Combattants de nous fournir chacun un titre de propriété mais en vain. Nous attendons toujours qu’ils accèdent à notre requête », fait savoir Léon. Ce dernier n’a pas tort car les habitations du site de Zege possèdent tous un seul et même titre de propriété. Ce handicapé de guerre, redoute qu’un cas de décès , la famille du défunt soit expropriée. Pour l’heure, il estime que rien ne leur garantit que ces maisons leur appartiennent complètement. Ils savent seulement que les maisons ont été construites pour les démobilisés handicapés.
Colonel Floribert Biyereke, porte-parole de l’armée réfute ces craintes. « En cas de décès, la maison revient directement à sa famille directe (son conjoint et sa famille). C’est clair dans la convention de cession qu’ils ont eux-mêmes signée ». En effet, lors de la cession de la maison, les bénéficiaires se sont engagés à ne pas la vendre, ni la louer ou sous-louer. Corollairement, la résidence ne peut pas être présentée sous forme de garantie ou hypothèque. Non plus, l’occupant ne doit pas la modifier. Sur la question des mutuelles de santé, M. Biyereke explique que c’est normal qu’il y ait ceux qui n’en possèdent pas car n’ayant pas travaillé er pour l’Etat. Il cite notamment des démobilisés des ex mouvements armés.
Qu’en est-il de la cohabitation entre les ex-Fab et les ex. rebelles ? Bonne, s’accordent à dire tous les trois. «Nous essayons de nous entraider comme nous le pouvons.» Du reste, ils demandent au gouvernement de les appuyer en semences et en engrais chimiques comme ils ont des lopins de terre à cultiver.