Dans la ville de Gitega, beaucoup d’élèves préfèrent étudier dans les écoles privées. Selon eux, les matières qu’elles dispensent sont plus attirantes que dans le public. Les parents affirment que beaucoup d’entre elles ne font que du business.
Malgré la coupe de cheveux identiques, la différence entre les élèves du privé et du public est facile à observer. On remarque aisément les élèves du privé par leur habillement à la sortie des classes. Des uniformes bien taillés sur mesure et souvent des téléphones portables à la main. Selon ces élèves, les écoles privées ne sont pas très exigeantes et les éducateurs ne sont pas très rigoureux. « Le taux de réussite est plus élevé que dans les écoles publiques et les sections à étudier sont nombreuses », affirme Eva qui indique suivre la section Banque et Assurance dans l’une des écoles privées de Gitega. Selon cette fille de 20 ans, en matière de rigueur, il y a une grande différence entre les écoles privées et publiques. Elle indique en outre qu’elle a choisi cet établissement scolaire parce que ses amis ne disaient que du bien de lui. « Je ne dirais pas que dans les écoles publiques on ne dispense pas un enseignement de qualité mais il y a moins de filières », ajoute-t-elle. Fabien déplore la rigueur des enseignants qui l’ont chassé de son ancienne école. D’après lui, les retraits des points en éducation l’ont démoralisé jusqu’à ce qu’il change d’école. « Les professeurs sont méchants et ne tolèrent pas de légèreté. J’ai convaincu mes parents de me laisser aller étudier là où ils ne seront pas souvent convoqués par le préfet de discipline ».
Le cas d’Alice est spécial. Elle fait savoir qu’elle ne pouvait pas étudier dans le public parce qu’elle a un enfant et un mari. « Je n’avais pas de choix. Après deux ans à la maison, mon mari m’a obligée de continuer mes études et le chemin le plus facile était le privé. Dans ma classe, je ne suis pas d’ailleurs la seule mariée », témoigne-t-elle.
Les parents sont désemparés
Pour la plupart des parents interviewés, le choix de leurs enfants est guidé par plusieurs facteurs. Ils indiquent que dans la majorité des cas, ils les laissent étudier dans le privé parce qu’ils ont déjà constaté qu’ils sont faibles. « Il arrive que l’enfant n’ait pas de bagage intellectuel suffisant. Dans ce cas, on l’emmène dans le privé pour qu’il ne reste pas à la maison. C’est une occupation et non un enseignement », pointe Omar de Magarama. Même son de cloche chez Marie, mère de 4 enfants. Selon elle, ses enfants n’étudient pas tous dans le privé, deux d’entre eux sont dans les écoles publiques. Elle reconnaît qu’elle a été réaliste dans ses choix en préférant payer beaucoup d’argent au lieu de les laisser errer dans le quartier. « Je sais que l’éducation intellectuelle là-bas est légère mais je ne veux pas qu’ils disent dans l’avenir que je les ai empêchés d’étudier alors que j’avais les moyens ». D’autres parents disent que les écoles privées sont devenues un « business » mais ils nuancent car il y a des écoles qui se distinguent dans les examens d’Etat et autres concours. Pour eux il suffit de voir le nombre d’élèves qui sont dans une classe et le statut des enseignants pour connaître la qualité de l’enseignement.
« Une école qui a beaucoup de professeurs vacataires ne peut pas prétendre dispenser une éducation de qualité. Il en est de même pour une école qui ne vit que sur le minerval des élèves ».