Les producteurs de café se demandent s’il est toujours nécessaire d’entretenir les plantations de café. Le prix au kilo chute, désormais à 400 Fbu. Et d’accuser les exportateurs de s’enrichir sur leur dos.
<doc7615|left>Alors que la production de café 2013 commence, la polémique a redémarré dès l’annonce du prix d’un kilo de cerises de café. « On nous disait que le prix monterait avec la production. Nous nous attendions à avoir un prix rehaussé par rapport à celui de la campagne précédente », regrette Pascal Nduwabike. Les producteurs réclament d’être associés dans la fixation des prix : « Tout est fixé par d’autres tandis que le petit cultivateur est condamné à ramasser les miettes. Cette attitude risque de décourager les petits paysans qui consacre la majeur partie de leur temps à entretenir les caféiers qui ne rapportent plus rien », ont-ils accusé. « Le kilo de haricot est à 1000 Fbu, pourquoi alors gaspiller notre énergie à poursuivre une culture dont on ne consomme par les fruits », se demande Innocent Barakanfitiye.
Stanislas Ndabirorere, président de la fédération des associations des caféiculteurs – Shiramazinda – est monté au créneau, défendant les agriculteurs qui critiquent l’instabilité. « Le Président de la République avait annoncé en 2007 que les agriculteurs toucheraient 72% des dividendes tandis que le reste se partagerait les 28%. Mais à y voir de prés, cette
dernière partie qui gagne beaucoup plus au détriment de nos petits paysans »,a déclaré M. Ndabirorere qui est à la tête de 699 associations des cultivateurs de café dans la région de Kirimiro. « Les prix ont chuté et la situation est, il est vrai, compliquée » expliquent ainsi les responsables agricoles à Gitega.
« Le prix du café suit les cours mondiaux ! »
Manque de régulation, de contrôle des autorités ou de coopération entres les sociétés concurrentes qui exportent le café ? Chacun se renvoie la balle. Le directeur général de Sogestal (Société de Gestion des Stations de Lavage) à Kirimiro révèle que sa société est la seule qui donne plus d’argent aux associations et aux fédérations par rapport aux autres sociétés privées. « Heureusement que la Sogestal est encore mi-publique et mi-privée. Sinon, le pire serait déjà arrivé. Si le café était totalement dans les mains des privés qui ne cherchent que du gain… Nous, nous essayons de le faire dans une optique plus respectueuse des droits des cultivateurs », a révélé Ir. Déo-Bède Mpfubusa.
Pour lui, le café est une culture trop stratégique pour qu’elle soit délaissée. « C’est la principale culture d’exportation qui fait entrer les devises au Burundi » a-t-il ajouté. Ainsi, la Sogestal Kirimiro donne une prime de 25Fbu sur le kilo pour inciter la concurrence et la production.
En ce qui concerne les prix, ce directeur général indique qu’il n’y est pour rien : « Les prix sont fixés suivant les cours mondiaux. Si le prix est minime cette année, nous espérons qu’il n’en sera pas toujours ainsi. »