Les commerçants de la ville de Gitega affirment qu’ils l’ont déjà rayé de la liste des marchandises à vendre. La population se demande ce qui se passe réellement avec le commerce de cette denrée pourtant produite au pays.
Emmanuel est boutiquier au centre-ville de Gitega. D’après lui, il avait l’habitude de vendre le sucre même quand les autres n’en ont pas. Pour le moment, lui et ses collègues com¬merçants indiquent que le sucre est devenu très rare et cher.
Dans la quête d’une explica¬tion sur cette denrée, Iwacu a improvisé une enquête dans presque toutes les échoppes au marché central de Gitega et dans les quartiers de la ville. Tous les commerçants sont unanimes, pas un gramme de sucre dans leurs stocks depuis un mois. Il doute qu’il y ait quelques boutiques dis¬posant encore de quelques sacs.
« Il faut chercher du côté des provinces frontalières de Gitega où la demande n’est pas forte comme en ville, on peut trouver un ou deux sacs. Mais là encore, le prix ne serait pas abordable pour tout le monde », affirme Thaddée.
Selon lui, la ville frôle la rupture totale. Pour avoir un kilogramme, dans certains quartiers périphéri¬ques de la capitale, la précieuse denrée avait atteint la barre des 6 000 BIF.
« Il n’y a plus de sucre, inutile d’en chercher », martèle Chris¬tophe, un détaillant. Aujourd’hui il a décidé de se retirer momen¬tanément de la commercialisa¬tion de ce produit lorsque son fournisseur lui a proposé le sac à deux cents mille francs. « C’est à prendre ou à laisser », répond Tite à des clients désemparés.
Rupture et spéculation
Des accusations ont été por¬tées contre les commerçants taxés d’agir en spéculateurs et qui auraient caché le sucre pour le vendre à un prix trop élevé à l’extérieur du pays. Selon les enquêtes, le prix a connu une augmentation de 80 %, ce qui n’avait jamais été le cas.
« Il n’y a pas de sucre au marché. Même si on en trouve, il est vendu à des prix exorbitants », affirme une cliente désemparée. Selon elle, il y a deux mois, elle achetait un kilo à 4 500BIF.
Selon plusieurs habitants, la rupture des stocks à elle seule ne saurait expliquer cette pénu¬rie dans la mesure où la société sucrière de Mosso répète souvent qu’il n’y a présentement aucune rupture de stock.
« De la poudre aux yeux, ils se moquent de notre ignorance et de la misère de la population », pointe un homme de la confes¬sion musulmane devant un res¬taurant au quartier Nyamugari.
D’après lui, il y a deux mois à la veille de Ramadan, il avait du mal à acheter le sucre à cause de son prix élevé.
Comme conséquence directe, dans les restaurants ou dans les cafés, le prix d’une tasse de thé a été revu à la hausse. Au lieu de 300 BIF, c’est 500 BIF. Et dans les ménages, servir le thé avec sucre est devenu un luxe privilé¬gié pour familles riches. Tout le monde n’a qu’une question sur les lèvres, : où est passé le sucre?