Les caféiculteurs demandent des réformes pour rehausser et stabiliser les prix. Sinon, ils menacent d’abandonner la culture du café.
Selon plusieurs caféiculteurs, cette culture est menacée par la libéralisation qui permet aux spéculateurs de fixer des prix dérisoires en défaveur de l’agriculteur. C’est ainsi que les cultivateurs négligent l’entretien de leurs plantations, et parfois abandonnent les parcelles. « Nous sommes dégoûtés aujourd’hui. Ce sont d’autres qui gagnent beaucoup à notre détriment», s’insurge Gaspard, caféiculteur, en menaçant de couper les caféiers pour récupérer la terre en vue d’y planter les produits vivriers.
Pour cet homme de la colline Mirama, zone Mubuga, les revenus du café, qui autrefois contribuaient largement au bien-être de sa famille, ne représentent aujourd’hui qu’un apport minime.
« Avant celui qui contractait une dette la remboursait avec l’argent obtenu par la vente du café. Ce qui n’est plus le cas», regrette Zacharie Nyambikiye.
Même son de cloche à Birohe, zone Gitega rurale. Les agriculteurs indiquent qu’ils ne sont plus attirés par les plantations de caféiers.
« Aujourd’hui le prix du café est de loin inférieur à celui du haricot. Comment voulez- vous que nous entretenions les caféiers alors que nous savons d’avance que c’est une perte de temps », fustige Gaspard, un septuagénaire.
Des mesures sont souhaitées
Pour « Shiramazinda », une fédération des associations des caféiculteurs de Gitega, Mwaro Karusi et Muramvya, le gouvernement devrait protéger les producteurs contre la spéculation des commerçants qui sont dans la filière café.
Les coûts inférieurs par rapport aux efforts fournis sont également parmi les causes de ce désintéressement.
« Du moment que le cultivateur ne trouve pas son compte dans la culture du café, il nous sera plus difficile de le convaincre à entretenir les caféiers », explique Stany Ndabirorere, président de Shiramazinda.
Selon Hérménegilde Manyange directeur de la DPAE à Gitega, ce mécontentement des petits producteurs est justifié dans la mesure où le café était considéré comme la culture phare dans l’économie burundaise. Les prix versés aux producteurs dans le cadre d’un marché libéralisé sont liés aux prix internationaux, qui dépendent eux-mêmes de l’offre et de la demande.
« L’important n’est pas de baisser les bras mais plutôt d’améliorer la qualité et le rendement dans l’espoir de relever les prix payés aux producteurs ! »
Pour lui, le gouvernement devrait revoir un système de régulation notamment avec le fonds de stabilisation pour maintenir le prix à un niveau supérieur.
Et de conclure : « Il y a trop d’intermédiaires dans la production et la commercialisation du café. Ce qui influe négativement sur le gain du petit producteur. »