Au niveau du marché de bétail, les vaches qui venaient des provinces Cankuzo, Ruyigi se raréfient. Le peu qui se vend coûte les yeux de la tête. Les bouchers indiquent que le prix d’un kilo de viande pourra d’ici peu atteindre 10 mille BIF si rien ne change.
Il est midi au marché central de Gitega. La partie où on vend la viande est presque vide. Seules deux « carcasses » de vaches sont suspendues sur les crochets. Les clients se bousculent avec billets d’argent dans la main sur un seul gigot qui restait. Sur le lieu, le kilo de cette viande rouge est encore à 7 500 BIF, mais tous les bouchers affirment que même demain le prix peut monter. « Il n’y avait pas de bétail sur le marché. Hier à Rutegama (marché de bétails à Gitega) les acheteurs et les commissionnaires étaient plus nombreux que les vaches .Les bœufs n’arrivent plus. Je me suis résolu à acheter un seul bœuf car le prix était trop élevé », a précisé Bernard.
Avec cette rareté, certains bouchers attribuent cette situation au faible taux de change de la monnaie burundaise. Selon eux, les marchands tanzaniens qui amenaient leurs vaches au Burundi préfèrent les vendre sur place car le shilling tanzanien serait supérieur au franc burundais. Une version confirmée par les marchands de bétail de Mishiha et Kigamba (Cankuzo)
« Nous étions habitués à nous ravitailler en Tanzanie. Aujourd’hui, il est difficile de voir quelqu’un qui amène cinq vaches alors qu’avant c’était des dizaines ou des centaines de tête de bétail. Ils sont cher», explique Isidore.
Pour combler le vide, les bouchers se rabattent sur les vaches de Mwaro et Muramvya, mais elles sont hors de portée des maigres bourses. Cette tendance n’est pas prête à s’inverser, selon Albert, qui affirme qu’elle se poursuivra jusqu’à la fin de l’année.
« Au vu de ces tarifs, il devient évident que les bouchers de Gitega manqueront des vaches à abattre car nos collègues de Bujumbura et de la RD Congo raflent toutes les vaches disponibles sur le marché.»
Répercussion sur d’autres animaux
Habitués à croquer à belles dents les brochettes de viande de bœuf dans les bistrots à la 1ère avenue au quartier Nyamugari, lieu appelé communément CPGL, Joseph et ses amies, font un constat.
« Même la viande de porc et de chèvre est de plus en plus cher. Une chèvre s’achète à 100 mille francs alors qu’il y a deux mois, je l’achetais entre 60 et80 mille BIF », précise un vendeur des brochettes.
Dans certains restaurants, un morceau de viande cuite coûte 2 mille francs au lieu de 1 500 BIF habituel. Conséquence : dans la majorité des bistrots, une brochette de porc est à la mode, une chose impensable dans la ville de Gitega, il y a quelques mois. Quant aux poules, sa viande reste un mets des gens très fortunés. Les consommateurs qui ne peuvent pas s’arrimer, se voient obligés de payer le prix fort pour l’obtenir ou s’abstenir.
Pour que la situation se normalise, il est urgent de renforcer l’accompagnement du secteur bétail, plaide Simon un éleveur de Songa, afin d’impulser une certaine dynamique de compétitivité face aux importations de vaches venues de la Tanzanie.