Le gouvernement du Burundi prévoit de construire les bâtiments du Parlement dans la localité de Nyabututsi. Les habitants demandent des clarifications sur les indemnités d’expropriation.
« Si expropriation devrait y avoir, que les indemnités soient conformes au coût de la vie actuelle », réclame la population de la sous colline Mwumba, quartier Nyabututsi, zone Gitega rural, en province Gitega. Cette localité se trouve à quelques 8km du centre- ville de Gitega. C’est sur la sous colline Mwumba où l’on prévoit d’ériger les bâtiments du Parlement burundais. Ce site a été identifié dans le cadre d’un projet de faire de la ville Gitega la capitale politique du Burundi.
La population trouvée sur place indique que la superficie déjà identifiée est d’environ 70 hectares. Certaines personnes rencontrées ont des craintes sur la délimitation et sur les frais d’indemnisation qui leur seront octroyés. Pour l’heure, la rumeur locale parle de 1500 BIF par m2. . « Ce serait une somme dérisoire compte tenu de la valeur actuelle des propriétés et du coût de la vie », s’indigne un des habitants.
M.N., une veuve avec six enfants, se lamente : « Si je suis expropriée, l’indemnisation qu’on m’accordera ne me permettra pas de construire ne fût-ce qu’une chambrette. Je risque d’errer.»
Un autre lâche : « Une parcelle de 400m2 coûte actuellement 5 millions BIF et si on me donne 1500 BIF par m2 (60 mille BIF), pourrai-je construire une maison ? » Par ailleurs, poursuit-il, quitter une propriété qu’on a exploitée pendant plus de vingt ans est une grande perte. Non plus, ajoute-t-il, il n’est pas aisé de recommencer une autre vie. Et d’interpeller : « Les décideurs devraient tenir compte de tous ces paramètres et mettre en avant les intérêts de la population. »
Un autre habitant intervient : « J’ai acheté une propriété à 3 millions BIF. La somme qui me sera donnée ne me permettra ni de construire, ni d’avoir une autre propriété. »
L’administration tranquillise
Cette population propose des alternatives à l’indemnisation. Certains habitants proposent que le gouvernement leur construise des villages où ils seront réinstallés. D’autres réclament que le gouvernement leur donne d’autres propriétés dont les dimensions correspondent à leurs propriétés.
L’autre proposition est la révision des textes de loi en vigueur en matière d’expropriation. « Il faut les adapter et les harmoniser avec la situation actuelle du coût de la vie et de la valeur actuelle des propriétés », suggère N.C.
Interrogé sur les craintes de la population vivant sur le site où sera érigé les bâtiments du Parlement, Venant Manirambona, gouverneur de la province Gitega, dit ne pas être au courant de ces inquiétudes. « Mais que la population soit tranquille ». Il assure que les services concernés vont respecter les lois en vigueur en matière d’expropriation. Une commission parlementaire, précise-t-il, suit de près le dossier et veillera sur les intérêts de la population.