En l’absence d’une loi le légalisant, l’avortement clandestin reste une épine dans le pied de la jeunesse burundaise.
Les résultats des enquêtes effectuées par l’Abubef (Association burundaise pour le bien être familial) en 2005, attestent une fréquence élevée d’avortements quoiqu’on n’en trouve pas des traces dans les registres des structures sanitaires burundaises. Selon cette association qui œuvre dans tout le pays, sur les 59 cas relevés dans les différents hôpitaux, la population jeune est particulièrement touchée. Sept ans plus tard, cette association qui s’occupe de la santé et reproduction lance un cri d’alarme. Elle annonce que cette pratique fait encore des ravages dans la société burundaise. Elle soutient aussi que l’avortement clandestin est la cause principale de la mortalité maternelle et de ses implications très graves chez les femmes et les filles.
« L’avortement clandestin est un vrai problème de la santé publique .Non seulement les conséquences pour les jeunes filles sont nombreuses mais aussi il participe à la mauvaise santé de la population. Ce qui mine énormément les efforts au développement du pays », constate Léoncie Barengayabo, membre et cadre de l’Ababuf.
L’absence de législation pénalise les filles
C’était dans le cadre d’une formation de pairs éducateurs de Gitega. Les jeunes ont exprimé les connaissances acquises sur la santé et reproduction. Ces participants sont issus de différents milieux sociaux. Durant les trois jours qu’ils ont passés ensemble, ils ont exprimé leurs inquiétudes sur la non légalisation de l’avortement ce qui pousse beaucoup à le faire dans des conditions qui peuvent même leur coûter la vie. Ils ont émis des hypothèses que la sensibilisation sur la sexualité par des différentes associations n’atteint pas des résultats palpables. En effet, selon ces jeunes, le plus souvent certaines méthodes contrastent avec les coutumes burundaises. D’après eux, une reconnaissance légale pourrait contribuer à la lutte contre des avortements clandestins.
Léocadie Kansuraheba est célibataire et habite la colline Rutegama. Elle affirme que les avortements clandestins font rages sur sa colline. Selon Léocadie, la plupart des filles se retrouvent avec des grossesses qu’elles doivent cacher à leurs parents. Sans pour autant soutenir publiquement l’avortement, elle demande que le gouvernement pense à ces milliers de jeunes qui s’exposent à des conséquences fâcheuses à cause des coutumes et une absence des lois qui légalisent l’avortement.
Quant à Evelyne Dusabe qui habite à Nyamugari, quartier populaire, les filles au bas âge sont exposées à avoir des grossesses non désirées. Selon cette fille qui a eu la chance de continuer l’école au moment où beaucoup de ses camarades l’ont abandonnée pour aller se marier, la pauvreté est la cause principale de tomber enceinte étant mineure.