Devant une kyrielle de produits dits suppléments nutritionnels proposés par les agents de Dynapharma, la population de Gitega demande plus de vigilance de la part de l’administration pour contrôler la véracité de ces composants.
<doc7655|left>Aujourd’hui, c’est tout près du marché, hier c’était sur le parking routier Gitega-Bujumbura. Avec des badges et t-shirts rouges, les agents de Dynapharma expliquent à qui veut l’entendre qu’ils disposent de produits miracles pour compléter notre maigre alimentation et ainsi avoir une santé de fer. Habituée à voir beaucoup de personnes qui se targuent d’amener des nouveautés, la population de Gitega exprime ses doutes concernant l’utilité de ces produits. Certains commencent même à se demander si ces « suppléments nutritionnels » ne servent pas plutôt à leur vider les poches.
Timidement, une maman d’une cinquantaine d’années approche d’une tente sous laquelle plusieurs flacons sont disposés. Elle demande quel produit elle peut acheter pour guérir la myopie de sa fille. Embarrassé, un agent commence à lui raconter son expérience en lui signifiant qu’il portait des lunettes avant d’utiliser les produits de Dynapharma. « Elle est à la maison je ne sais pas si je dois l’amener pour que vous l’examiniez ? », continue-t-elle sans lui laisser le temps de finir ses propos.
Un passant jette juste un coup d’œil vers la tente et lance : « Ce sont des escrocs comme les Massaïs qui nous faisaient croire qu’ils ont des produits qui guérissent le SIDA », murmure-t-il. Pour cette population, l’administration devrait prendre des mesures pour réglementer la vente de produits touchant à la santé des citoyens. Elle se demande comment une personne qui ne connait rien de la médecine puisse indiquer tel ou tel produit à prendre.
« Quand un produit génère beaucoup d’argent … »
Le médecin directeur de la province sanitaire de Gitega assure que personne ne s’est jamais présenté dans son bureau pour lui demander une autorisation. Donc, il fait savoir qu’il ne peut pas s’immiscer dans le service des autres ministères. « Tant qu’elles ne vendent pas de la quinine ou de l’aspirine, je ne suis pas habilité à les interdire. C’est le travail de l’administration et de la police comme elles le font chaque fois pour les boissons prohibées. Sinon, nous ne sommes pas les premiers concernés », déclare Dr Salvator Toyi. Quant à l’administration provinciale à Gitega, elle affirme que l’autorisation de vendre ces produits est valable dans la mesure où c’est leur ministère qu’il l’avait signée. Seulement elle fait savoir que ces personnes avaient les consignes strictes de travailler dans une place fixe désignée par l’administration. « Cela aurait permis le contrôle de leurs activités. Mais, s’ils commencent à passer outre ces consignes et travaillent comme des marchands ambulants, je crois que cela va mener à une interdiction », relève Gérard Nibigira, conseiller principal du gouverneur de Gitega.
Approché pour savoir si les inquiétudes de certains seraient fondées, un médecin qui a requis l’anonymat avance que comme ces produits ne sont pas fabriqués au Burundi, le gouvernement ne devrait pas se fier aux seules inscriptions qui sont sur les étiquettes. « Il fallait plutôt vérifier si réellement les composants sont précisément ceux qui sont indiqués sur la boite. La date d’expiration doit également être contrôlée », objecte-t-il. Selon lui, vu la publicité faite autour de ces produits et leurs prix, des inquiétudes ne manqueront pas. « Parfois quand un produit ou un travail génère beaucoup d’argent, des tricheries vont avec. Ce n’est pas au Burundi que ces choses n’arriveront pas. Le cas des prothèses mammaires en France pouvait nous donner une leçon », insiste-t-il. Il ajoute en outre que de nos jours, certaines sociétés pharmaceutiques sont passées maître dans l’art des contrefaçons. « De tels produits, je ne les conseillerais pas à mes patients. Des effets secondaires peuvent être incontrôlables si on n’y prend pas garde » indique-t-il.