Face à des sols ingrats et des engrais chimiques de plus en plus chers, les paysans de Jimbi et Nyabututsi rural se sont mis à l’école le FFS (Farmer Fields School). Dans les parcelles expérimentales, ils apprennent comment rentabiliser leurs champs en utilisant le peu des moyens agricoles à leur possession.
<doc4222|right>Devant de petites parcelles dans lesquelles on a cultivé du haricot, un groupe de femmes chante et danse pour accueillir les visiteurs et la population des alentours qui étaient venus voir de leurs propres yeux les parcelles pilotes implantées sur la colline Jimbi, commune Gitega. Comme l’a explique l’un des élèves-cultivateurs, dans chaque quartier, c’est la même variété de haricot mais planté avec ou sans engrais. Ou bien avec engrais mais sur des proportions différentes.
« Ce n’est pas l’agriculture qui est impossible aujourd’hui, mais c’est plutôt l’ignorance de nos paysans qui est à l’origine de la mauvaise récolte de nos cultures. Parfois ils gaspillent les engrais en voulant semer tout le champ alors qu’ils n’ont pas de moyens pour le faire. L’autonomisation agro-économique de nos ménages permettra d’améliorer le rendement agricole », a fait savoir Alexis Niyungeko, responsable du projet initié par COPED (Conseil pour l’éducation et le développement) à Gitega. Selon lui, ce ne sont pas des moniteurs agricoles ou des agronomes qui devront passer dans les champs pour vulgariser les bonnes méthodes agricoles pour avoir une production meilleure.
Ce sont plutôt les élèves-paysans volontaires qui ont reçu une formation pratique sur terrain qui divulgueront leur savoir faire en la matière à leurs voisins. Sur les deux collines pilotes de la commune de Gitega, 40 agriculteurs volontaires ont commencé la pratique sur le haricot, culture principale de la région de Kirimiro. Avec l’appui des cadres de cette ONG locale, ces élèves -agriculteurs ont appris à suivre le développement de la culture du haricot dès la préparation du terrain de culture jusqu’à la récolte.
Une pratique rentable
Pour remédier à la carence des moniteurs agricoles qui ne sont pas toujours présents sur les collines au moment voulu, les agriculteurs ont appris par la pratique. La vulgarisation de ces parcelles pilotes a été saluée par la population de ces deux localités au moment où le prix des intrants agricoles devient inabordable pour tous. « Le fait que le suivi de ces petits champs soit confié aux agriculteurs eux-mêmes est résolument indispensable », indique Juvénal Bavugempore, chef de colline Jimbi qui ne se lasse pas de vanter l’importance de cette école. Il affirme qu’il a déjà fait l’expérimentation chez lui. Selon lui, il ne se contentera plus à cultiver tous ses champs alors qu’il ne peut pas avoir d’engrais suffisants.
« Vaux mieux cultiver une portion de mes champs et maximiser l’engrais que défricher là où je ne pourrai pas fertiliser. Dans mes champs où j’ai mis tout le nécessaire, je récolterai plus de haricots que je n’ai jamais eu dans toutes mes parcelles réunies.» Cette nouvelle méthode de responsabiliser les bénéficiaires apporte plus de résultats que la vielle pratique qui consistait à laisser un moniteur agricole parcourir toute la colline à expliquer surtout théoriquement une meilleure façon de cultiver. Sans ignorer que nombreux s’occupaient de la culture de café en négligeant les cultures vivrières.