Lundi 23 décembre 2024

Politique

Gitega : la CVR divise les rapatriés et les déplacés

Après le vote du projet de loi sur la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) par le Parlement, les deux catégories divergent.

Jacqueline Nyandwi : « La justice ne me rendra pas mon mari » ©Iwacu
Jacqueline Nyandwi : « La justice ne me rendra pas mon mari » ©Iwacu

Jacqueline Nyandwi est une veuve. Pour elle, la punition ne lui rendra pas son cher défunt. Elle s’est réfugiée en République Démocratique du Congo (RDC), après l’assassinat de son mari à Bujumbura. « Chrétienne, je ne peux pas compter sur la justice humaine, seul Dieu jugera nos péchés », souligne-t-elle.
Rencontrée dans son champ, en train de cueillir les feuilles de haricot pour préparer la nourriture à ses enfants, elle fait savoir qu’elle mène une vie misérable. Malgré cela, elle ne soutiendra pas ceux qui préconisent la justice pour les crimes qui ont endeuillé le Burundi. Elle préfère plutôt que les coupables se repentent de leurs crimes : « Supposons que l’assassin de ton proche soit jugé et emprisonné .Crois-tu que lui ou sa famille ne pensera pas à se venger ? Je ne souhaite pas que mes enfants vivent dans cette situation de vendetta interminable.»

Dismas Cimpaye, un rapatrié de la Tanzanie, n’y va pas avec le dos de la cuillère. D’après lui, la justice pourrait faire beaucoup du mal que du bien : « Nous risquons de voir encore des milliers de gens prendre encore le chemin de l’exil. Dans le pays où la justice balbutie, personne n’aura confiance au jugement rendu. Chacun pourrait l’interpréter de sa manière selon l’ethnie des juges qui siègeront », souligne-t-il.

Ils ne jurent que par la justice équitable

M. H. et ses amis qui vivent à Mwarongundu, un des camps de Makebuko, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils restent persuadés que la justice prime sur le pardon. Ils estiment que la justice pourrait les rétablir dans leurs droits. Néanmoins, ils doutent de l’impartialité de certains juges qui travailleraient à la solde du pouvoir : « Nos familles ont été décimées par nos voisins pendant les événements tragiques de 1993. Les bourreaux de nos familles continuent de nous narguer parce qu’ils sont membres du parti au pouvoir et vivent dans la tranquillité.»
Même son de cloche chez C. M. Cet octogénaire critique la manière dont la CVR a été votée par l’Assemblée nationale. Il déclare:«  la réconciliation imposée par un parti politique ne peut pas durer longtemps. Les mêmes crises risquent de resurgir, elles seront plus tragiques.»

CVR

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. MINANI

    Le chemin est encore très long pour la réconciliation. En effet:

    1. Si on continue à dire que la justice est partiale car les magistrats sont à la solde du pouvoir, on aura jamais confiance à la justice car il y aura toujours un pouvoir! Mais quelque chose est très étonnant : les rapatriés (Hutus à majorité) disent qu’ils préfèrent la CNTB car ils n’ont pas confiance à la justice qu’ils trouvent injuste car ethnicisée (donc tutsie). De leur côté, les déplacés (en majorité Tutsis) et l’opposition (A D C) + « Société Civile » disent ne pas avoir confiance aux magistrats car ils sont à la solde du pouvoir. Vous ne trouvez pas qu’il y a de l’incohérence et contradiction dans tout cela? Je crois qu’il y a une manipulation quelque part!

    2. Quoi qu’il en soit, la justice a deux orientations: PUNIR ou ÉDUQUER. En matière d’assassinat, il n’y a aucune dimension d’éduquer, c’est punir. Or, les Tutsis qui ont tué les Hutus en 1965-1972 sont déjà morts (la plupart). Avec le tribunal, on va punir une catégorie des assassins : les Hutus qui ont tué les Tutsis en 1993 et exclure de la course politique les politiciens issus de la rébellion qui seront accusés de complicité d’assassinats. Or, il ne faut pas oublier que leurs détracteurs de l’UPRONA et la société civile (accusée d’être tutsie) sont des Tutsis, fils des assassins de 1972. Cette justice unilatérale ne peut rien sauver sauf exacerber la méfiance.

    Le Burundi est devant un dilemme: A quoi servirait une justice qui divise au lieu d’unir? De l’autre côté, le pardon n’est jamais obligatoire, il est volontaire. Et les gens risquent de se rendre justice si le pays retombait dans une autre crise. Que faire alors? Décréter le pardon ou privilégier la justice en laquelle les deux composantes de la société n’ont pas confiance?

  2. vios

    Le faite d’etouffer cette verite que tous les burundais connaient est une partie de l’engoisse et la peur que nos Leaders ont.Que ca soit les Simbananiye qui se refugient dans la priere,les Rwembe et concorts bose iyo bumvise CVR ntankeka barahungabana ariko ico bomenya naho bozibira hose,ukuri kuzotoborera aho bataziga.
    Ikigongwe gihabwa uwagisavye kandi sitegeko kugirira imbabazi uwagukoreye ikibi.

    Ciao

  3. Seule la justice prime ! Mais plusieurs génocidaires des années 65, 69, 72 ,88 ne sont plus. Est ce qu’on jugera les morts ??????? Est ce qu’on rendra justice seulement aux rescapés de 93????? Et ceux (rescapés victimes innocents) des années antérieures procéderont au pardon des assassins déjà morts?????? La CVR et la court pénale devront minicieusement se préparer pour trouver réponse à toutes ces questions.

  4. borntomakelovenotwar

    Je suis POUR pour une justice chronologique. On commence avec le commencement pour que les bourreaux ne meurent avant d’être jugés. Ceux de 62-72 se meurent déjà en toute tranquilité, ceux de 88-9 des années 80, 90, des années 2000 et après sont encore jeunes et forts on les a et ils tremblent à entendre parler de la justice et ils risqueraient de nous ramener dans une autre guerre.

    • Nzeyimana

      Ce n´est pas le CNDD-FDD actuel qui initiera la révision ou les enquêtes des massacres de 1965, 1972, 1988, 1993 et d´après. Ils ont peurs d´être jugés à leur tour.
      Comment peux-tu m´expliquer que Simbananiye Arthémon partage le repas avec Nkurunziza? Comment Nkurunziza est arrivé au pouvoir? Etait-il gentil quand il était encore au maquis?

    • NTACOBAKIMVUNA Jonas

      Au moins tu reconnais qu’il y a des personnes peu recommandables qui devraient vivre en paria. Ce sont les aïeuls de Rwembe et les petit fils de Simbananiye. Mais malheureusement par un jeu de couverture réciproque, semble-t-il ,qu’ils ont toujours le dernier mot quant a la gestion de la cite.

    • Nzobandora

      Tu ne crois pas si bien dire.
      Ce qui sont plus jeunes et qui tremblent proviennent de tous les ethnies et régions et on risque de ne pas savoir la vrai vérité car certains sont malheureusement parmi ce qui auront une main mise sur la commission ce qui ne devrait pas être le cas pour une CVR et une justice équitables et indépendantes.
      Pour le reste je suis tout à fait d’accord qu’on commence avec le commencement et je suis POUR aussi la justice pour que seuls les coupables paient leurs tords au lieu de continuer avec cette globalisation régionaliste et ethnique.
      Mais sera-t-il le cas ? Qui ne veulent pas au faite cette justice ? Voilà les bonnes questions qu’on devrait tous se poser ?

  5. Nzobandora

    Cet article montre à quel point le bas peuple est heureusement et malheureusement à la fois plus mature que les hommes politiques et savent très bien anticiper les intentions des politiciens aux objectifs malsains. Ceux qui ont voté seuls cette CVR veulent inutilement imposer leur vérité par la terreur sinon pourquoi décider seuls sur un sujet qui concernent tous les burundais et surtout dont la culpabilité des certains parmi eux n’est plus à démontrer ?Est il opportun de la créer à une année des éléctions?Pourquoi avoir enlevé le volet justice ?
    Par exemple quand cette dame dit  »nos familles ont été décimées par nos voisins pendant les événements tragiques de 1993. Les bourreaux de nos familles continuent de nous narguer parce qu’ils sont membres du parti au pouvoir et vivent dans la tranquillité »
    Elle a tout dit et tout le monde même ceux qui refusaient de voir la vérité en face devraient savoir que de cette CVR version DD accouchera sans hésitation des résultats prévisibles même pour un paysan du fin fond du pays.
    Iyo budget yayo ntiyokora ikindi ko ataco finalement izomara atari gusongera isibe?
    De toute façon tôt ou pas très la vrai vérité izoboneka kandi irazwi déjà.

  6. Nivyo

    Merci de l’article. Mais dans l’article…

    **la peur des represailles** fait que ceux qui sont pour la justice soient mentionnes avec leurs initiales seulement

    et que les autres; ceux qui ne veulent pas la justice, leurs noms soient bien affiches ?

    • Honte

      c’est aussi injuste. merci de le relever! protection des sources exige!!

  7. INGOMA

    la véritable Justice différente de celle taillée sur mesure des princes qui gouverne est la base de la réconciliation. Il y a des crimes impardonnable comme les crimes de guère, le génocide et autres. Nous voulons une justice impartiale avec des hommes et des femmes qui lissent la loi, rien que la loi et qui ne travaillent pas suivant les injonctions des princes qui nous gouvernent. Pourquoi ces princes ont peur de la justice, pourquoi???? En agissant, ainsi, les DD se rendent coupables des crimes qui ont endeuillé les Burundi alors qu’ils ne sont pas les seuls criminels que le pays de Ntare a connu. Lorsque les criminels s’entendent pour étouffer la vérité et la justice devant des victimes qu’ils sont censés représentés! C’est vraiment drôle!!!!!!!!

    • Kayondi

      Tu t,attendais à quoi monsieur ingoma,nous sommes dirigé par des criminels,depuis la chute de la monarchie ,les tuer pouschistes et les génocidaires,,ils ont fait un pacte entre eux nous sommes des otages le peuple burundais est sous l,emprise de ce groupe coaliser,ils ont instauré un système rôder ,indestructible ,et soutenu par une communauté internationale,la seule solution au Burundi,c,est défaire de nos dirigeants par la force,sinon nous sommes condamné à accepter le destin qu,ils tracent pour notre pays,voilà

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