Malgré son ouverture officielle organisée en grande pompe, Gitega International Academy n’a accueilli aucune autorité provinciale dans ses murs. Seuls les parents des élèves et le représentant régional de Jeunesse pour Christ ont rehaussé de leur présence l’événement.
<doc5500|left>Erigée sur les hauteurs de la colline Karera, commune Gitega, ses bâtiments préfabriqués sont visibles dans toute la ville de Gitega. Cette école a célébré son ouverture solennelle samedi 29 septembre en l’absence totale des autorités tant administratives que scolaires de la province de Gitega. L’une d’entre elles qui a requis l’anonymat a précisé que cette journée a coïncidé avec la célébration de la fête du parti au pouvoir organisée à Cankuzo. Cependant, l’école avait minutieusement préparé les cérémonies. Les élèves étaient habillés de leurs uniformes « taillés sur mesure. » Ils ont exécuté des numéros de danse et de chansons. Raison de plus d’exprimer leur joie devant leurs proches étant donné que la plupart d’entre eux viennent de Bujumbura, loin de leurs familles. Tout était exprimé dans la langue de Shakespeare. A la fin des festivités, boissons et repas ont été servis à tout le monde.
Lors des discours, tous les intervenants ont exprimé leur remerciement à l’endroit de l’organisation Jeunesse pour le Christ pour cette initiative de créer cet établissement qui sera, selon eux, le flambeau du pays. Selon le directeur, les parents ne seront pas déçus d’avoir envoyé leurs enfants dans cette école. Il leur a promis qu’il ne ménagera aucun effort pour que son établissement soit exemplaire au niveau national, voire de toute la région.
« Ces enfants que vous nous avez confiés seront les pionniers du changement de la société burundaise. Vous devez prendre le risque pour le changement de nos mentalités. Les vieilles habitudes qui font qu’un étudiant exécute sa tâche comme un robot doivent être bannies. Nous devons leur insuffler l’esprit d’initiative », a déclaré Joshua Devere Hill.
« Une école qui innove »
Selon le directeur, ses élèves apprendront à être responsables et respectueux. Pour y arriver, a-t-il poursuivi, ils devaient maîtriser les cinq C de Gitega International Academy à savoir Créativité, Confiance, Critique, Commitment (Engagement) et Collaboration. « Nous devons accepter le risque d’être les innovateurs dans la société. Nous voulons rompre avec cette tradition d’être des machines programmées », a-t-il ajouté.
Hussein Nzisabira, représentant des parents, a rappelé aux enfants qu’un bagage intellectuel sans la personnalité ne sert à rien. D’après lui, ils ne doivent pas gaspiller leur temps d’étude pour des distractions futiles. Et de citer Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
« Une éducation pour les enfants des riches »
La population de Gitega n’a pas jugé bon d’assister aux cérémonies. Certaines personnes interrogées ont répondu qu’elles ne voient pas l’utilité de cette école pour un Burundais moyen. Selon elles, cette bonne éducation est réservée aux enfants des riches. Elles critiquent les autorités de ce pays qui veulent créer une barrière dans l’enseignement entre les riches et les pauvres. « Ceux qui n’ont pas assez de moyens ne sont pas autorisés d’avoir une bonne éducation. Nos enfants paient pour notre pauvreté. Pourquoi alors ces mêmes programmes ne sont pas dispensés dans les écoles publiques ?», s’insurge Anatole H., qui avait suivi de loin ces cérémonies.
Gérée en grande partie par l’organisation Jeunesse pour Christ, cette école est parmi les établissements scolaires les plus chers du pays. Un élève qui veut entrer dans cette école à régime d’internat doit payer en intégralité le minerval de 951 000 Fbu en plus de 50 000 Fbu pour les frais d’inscription. Selon Grégoire Niyubahwe, responsable du projet éducation au sein de Jeunesse pour Christ, l’école poursuit actuellement le programme d’enseignement national mais avec un accent particulier pour la langue anglaise. Les enseignements sont dispensés en anglais. D’où les cours de renforcement en anglais de 10 heures par semaine. Les lauréats de cette école seront capables de concourir avec ceux d’Afrique de l’Est car beaucoup de cours sont similaires à ceux dispensés dans les écoles de la sous-région.
L’établissement compte 82 étudiants dont 25 filles. Ils sont répartis dans quatre classes : 7ème, 8ème A et B. Chaque classe a une capacité d’accueil de 32 places. Pour permettre aux professeurs et aux élèves de travailler dans de bonnes conditions, M. Niyubahwe a fait savoir qu’aucune classe ne dépassera ce nombre. Et il conclut : « S’il s’avère nécessaire d’accueillir un très grand nombre d’élèves, l’école construira d’autres salles de cours et dortoirs.»