Lundi 04 novembre 2024

Société

Région Centre/Gitega : Ils sont sur un terrain déjà conquis

Région Centre/Gitega : Ils sont sur un terrain déjà conquis
Jacqueline Minani devant son stand de piment liquide lors de la visite des représentants diplomatiques au siège de la PAEEJ à Gitega : « L’échéance de remboursement avance à pas de géant »

Les jeunes qui ont bénéficié le financement de PAEEJ pour démarrer leurs entreprises affirment qu’ils subissent la concurrence féroce des anciens commerçants et entrepreneurs. Ils demandent que l’échéance de remboursement soit modifiée pour ne pas tomber en faillite.

Ce sont des jeunes femmes et hommes à majorité diplômés. Ils ont reçu le financement pour démarrer leurs entreprises de la part du Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes suivant les plans d’affaires qu’ils ont déposés et validés. Ils sont sur terrain dans la broderie, restauration, maroquinerie, transformation agro-alimentaire, etc.

Ils croyaient qu’ils allaient faire main basse sur le marché surtout qu’ils amènent quelque chose de nouveau. Mais ils disent subir une concurrence féroce qui risque même de les disqualifier quitte à ne pas rembourser le financement à l’échéance fixée par le bailleur. Francine, une jeune femme qui était déjà avancée dans la broderie à la main dans son quartier.

Après avoir reçu des machines et la matière première, elle a loué une maison au centre-ville de Gitega pour vendre ses produits. Malheureusement sa clientèle n’est pas suffisante.

Ce qui la conduit à se poser mille et une questions sur comment elle va rembourser ce financement à temps. « Le problème n’est ni la qualité de mes produits ni le prix que nous proposons. Mais, c’est trouver vite de l’argent pour payer le financement que nous avons reçu. Trois ans pour rembourser 16 millions de BIF est trop court ! » D’après cette jeune dame, les complications commencent d’abord sur les modalités de paiement qui commencent avec l’encaissement du premier financement qui a servi pour l’achat des machines et non la matière première.

« Aujourd’hui on m’a signifié que j’ai un retard de payement de 2 mois alors que j’ai débuté avec le mois de mai. Eux, ils comptent à partir de la première tranche de paiement alors que je n’avais pas commencé à toucher la totalité de financement », déplore-t-elle. Francine comme tous les autres jeunes qui ont reçu ces millions, ils demandent que la période de remboursement soit rallongée.

Même son de cloche chez Jacqueline Minani qui œuvre dans l’agriculture et la transformation alimentaire. Pour elle, l’idée de transformer et de conserver le piment et le vendre était jugé rentable et bénéfique pour l’agriculture.

Mais elle se rend compte que les clients ne se bousculent pas pour acheter son piment liquide et en huile. « Je n’ai pas beaucoup de commandes ni de clients mais l’échéance de remboursement avance à pas de géant. Si au moins le PAEEJ change les termes du contrat ! »

« Le remboursement doit respecter les délais convenus »

Pour tous ces jeunes entrepreneurs, la réalité sur terrain est très différente de leurs prévisions. Ils doivent accepter la concurrence de ceux qui n’ont pas l’obligation de rembourser le financement reçu à chaque fin du mois. « Nous avons d’abord bataillé fort pour dénicher une maison à louer au centre-ville. Ensuite, on doit s’ajuster sur le prix de loyer vu que les maisons libres et à bon prix ne sont pas nombreuses et enfin il s’agissait de conquérir les clients habitués à aller se faire coiffer dans les autres salons de coiffure », indique Félix.

D’après lui, tous ces facteurs influent beaucoup sur le retard de paiement. Ce que le PAEEJ ne cautionne pas. Selon ses propos, il totalise deux mois d’arriérés et il n’imagine pas payer bientôt si les conditions ne changent pas. « En plus de payer le loyer, l’eau et l’électricité, renouveler le matériel, je devais rembourser 28 5000 BIF par mois durant les 3 ans.! »

Des doléances qui risquent de pas changer beaucoup de choses dans la mesure où le PAEEJ privilégie plutôt le remboursement de ce financement dans trois ans pour continuer à financer d’autres projets, selon les propos du coordinateur. « Si le remboursement ne respecte pas les délais convenus, cela va impacter le financement des autres projets qui seront en attente et la chaîne risque de s’arrêter. Ce que nous n’envisageons pas », a reconnu Désiré Manirakiza.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. HAGABIMANA FERDINAND

    Ooh là là !

    Dans tous les cas, j’essaie de comprendre la situation quoi qu’elle est amert.

    Bref, le Paeej devrait mettre en place une équipe des consultants locaux qui travaillent avec les PMEs et les coopératives des jeunes pour qu’ils fassent une analyse approfondie de ce défi, pour enfin bien sûr proposer des solutions durables.

    Pour ce qui me concerne et selon l’expérience eu depuis que j’ai commencé mon métier du coaching de proximité, le cas échéant, avec les coopératives, je trouve un peu incompréhensible comment on peut donner de 16.000.000 Millions à un entrepreneur débutant son activité entrepreneuriale.

    Quand cela ne tienne pourquoi ne pas engager des coachs qui vont d’abord travailler avec eux afin de se rassurer de leur chiffre d’affaire réel. Souvent nous faisons référence à des situations fictives au lieu de nous fier à la réalité, justement sans le vouloir, mais tout simplement parce que les les détenteurs de la vérités ne veulent pas les libérer.

    Comme ça, ils peuvent donner le crédit sur avis d’un coach qui a travaillé avec le bénéficiaire.

    Je doute d’ailleurs que la situation ne soit ainsi dans d’autres provinces.

    Courage, courage à Paeej@ attaquez les problèmes causes et méfiez-vous des problèmes effets.

    Merci à Iwacu

  2. Mapoka

    Hahahaha,
    Dans le passé, d’autres entreprises ont donné des crédits aux jeunes mais le rembousement n’a jamais été au rendez-vous. Certaines ont fait faillite. La situation avec PAEEJ ne me surprend pas.
    « Umurundi umuguranye uba umugabiye », ceux qui ont fait l’expérience en savent quelque chose.
    Courage PAEEJ et bon vent. Vous en direz la suite.

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