5 malentendants, 3 non voyants, 1 malvoyant sont en 7ème année depuis cette année scolaire. Mais leur école fait face à d’énormes difficultés logistiques pour mieux les encadrer et les former. Les autorités, les professeurs et ces élèves demandent à l’Etat et aux bienfaiteurs de les aider.
<doc5595|left>On les appelle des personnes à besoins spéciaux. Le seul établissement secondaire qui les accueille, le Lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega, est sous convention catholique. Dans la classe de 7ème, en uniforme noir-blanc, les élèves occupent trois rangées et s’assoient à deux ou à trois sur un pupitre.
4 élèves handicapés physiques, trois garçons et une fille, sont assis sur les deux premiers bancs de la première rangés. Les autres pupitres sont occupés par des élèves « normaux ». Un enseignant d’initiation aux sciences physiques dispense son cours. Il pose une question et est obligé de l’écrire au tableau pour les malentendants. Lorsque c’est un non voyant qui doit répondre, le professeur le tapote doucement sur l’épaule pour le désigner.
Pendant les explications, le professeur parle en écrivant au tableau. Un malentendant, qui voudrait des précisions, va au tableau et pointe du doigt ce qu’il n’a pas compris.
Pour abbé Vincent Bandeba, directeur de l’établissement, tous ces efforts des enseignants devraient être soutenus. « Malgré notre bonne initiative, nous faisons face à de multiples problèmes. Si rien n’est fait financièrement et matériellement pour aider ces enfants, nous finiront par abandonner», déclare-t-il.
Un avenir incertain
Les difficultés ne sont pas seulement d’ordre matériel et financier. L’abbé Jean Marie Kazitonda, superviseur diocésain de l’éducation, évoque les problèmes de leurs centres d’encadrement des enfants à besoins spéciaux depuis l’école maternelle : « Nos centres ne sont pas reconnus légalement. Même ces enfants que nous venons d’accueillir en 7ème année fréquentent sans qu’aucun texte ne les régisse. »
De plus, souligne-t-il, ces enfants disposent de deux machines « Peckins » (une machine permettant d’écrire du braille sur une feuille de papier spécial), de quelques papiers et d’un seul encadreur pour les malvoyants.
Une carence d’enseignants qui n’est pas sans conséquences. Vincent Bigirimana, professeur de Kirundi, se plaint de n’avoir enseigné que le contenu d’une seule page durant trois semaines: « J’avance à pas de tortue dans mon programme. Je suis même obligé d’écrire au tableau pour les malentendants, une remarque que je devrais donner verbalement. Imaginez le temps de l’évaluation ? »
Ainsi, les responsables du lycée Notre Dame de la Sagesse demandent à l’Etat d’agréer leurs centres et de prévoir les moyens financiers pour l’établissement dans ses prévisions budgétaires. Les professeurs souhaitent une formation spécifique tandis que les élèves veulent plus d’encadreurs et un matériel suffisant.