Moins d’une semaine seulement après le cambriolage à cet hôpital, le directeur indique qu’il n’y a pas eu de dégâts malgré les affirmations de la police. La population de Kibuye dit qu’elle est inquiète de cette attaque qui pourrait faire fuir des éléments indispensables du corps soignant.
Mardi 25 février, la situation semblait normale à l’Hôpital Espoir de Kibuye. Les patients continuent d’affluer vers cet établissement reconnu pour ses services de qualité depuis des années. Tous les services fonctionnent normalement. Le personnel semble oublier le cambriolage de ce samedi soir effectué par des bandits armés de fusils et des armes blanches dont un d’eux a y laissé la vie. Pour le moment à cet hôpital, rien ne filtre de l’enquête sur ces événements du week -end passé. Excepté les rares indiscrétions de certaines personnes qui parlent d’un blessé parmi le personnel de l’hôpital et un des malfaiteurs qui est mort sur les lieux de l’attaque, le reste est flou surtout la somme d’argent qui aurait été volé. Le directeur de l’hôpital s’enferme dans cette logique de nier les faits. Interviewé dans son bureau, le révérend docteur Gilbert Kibinakanwa nie en bloc toutes les informations qui continuent de circuler ici et là.
« S’il y avait une personne blessée, elle serait soignée dans notre hôpital. Ce sont des mensonges, tout le personnel ici est au complet », déclare-t-il. Pour lui, quelque chose d’inhabituel a eu lieu mais le reste est faux. Concernant l’homme tué identifié comme un officier de police, il affirme qu’il n’en sait rien.
« J’ai été informé que quelque chose s’était passé mais on ne m’a pas précisé les détails, ce n’est pas moi qui mène des enquêtes, j’attends comme tout le monde les résultats des investigations. » Gêné par des questions de journalistes d’Iwacu, Dr Gilbert Kibinakanwa leur a conseillé de revenir une autre fois pour plus d’informations tout en leur refusant d’être pris en photo.
La population s’interroge
D’après le personnel de cet hôpital, il fait semblant de garder le calme mais les évènements de la semaine passée les inquiètent énormément.
« Comment un groupe de gens a-t-il réussi à s’introduire dans la maison du personnel soignant de l’hôpital alors qu’il y avait des gardes et des caméras de surveillance », s’interroge une infirmière. Selon cette dame, cela montre bien qu’il y a des complices œuvrant à l’intérieur de cet établissement.
« J’ai entendu dire que le domestique de l’Américain blessé a été arrêté ce lundi mais personne ne veut nous éclairer davantage.» A Kibuye, ce n’est pas cette femme en blouse qui est seulement dans le noir, un homme qui se fait appelé Fabien affirme qu’on cherche à tout cacher sans savoir pourquoi.
« Nous savons que c’était un policier qu’on a tué et je l’ai vu de mes propres yeux, un laborantin est toujours en cavale mais jusqu’aujourd’hui, on nous dit que la situation est normale, bizarre, non ? » Quant à la population des alentours, elle indique qu’elle a peur que cet établissement soit vidé de tout son personnel soignant qualifié. Elle donne l’exemple sur les expatriés qui pourraient partir de peur qu’ils ne soient victimes des autres attaques.
« Il faut que les enquêtes soient menées d’une façon minutieuse et que les coupables soient punis exemplairement », demande un propriétaire d’un kiosque situé derrière l’enceinte de l’hôpital. Selon lui, même si la sécurité incombe à tout le monde, un renfort de la police ou des militaires est nécessaire. Et de conclure : « Cet hôpital est très précieux pour nous tous, vaut mieux le protéger pour que le personnel se sente en sécurité et continue de nous aider. Ce n’est pas n’importe quel hôpital où on rencontre 14 médecins spécialistes et 19 généralistes qui travaillent jour et nuit.»