Peu préparée à l’arrivée massive de nouveaux fonctionnaires à Gitega, la nouvelle capitale, les prix s’envolent au grand bonheur des propriétaires et des commissionnaires. Pour les locataires, la situation est difficile.
Gitega. Place de l’ancien marché, aujourd’hui transformé en un bar. En plein cœur de cette ville, récemment décrétée capitale politique c’est là que des commissionnaires attendent des éventuels demandeurs de services.
Ils servent d’intermédiaires pour faire louer ou acheter des maisons.
Peu nombreux, ils ne sont pas facilement identifiables si on n’est pas un habitué de la ville. Ils rôdent sur cette place à longueur des journées et quand un client arrive on les voit en conciliabules improvisés.
Ils disent en chœur que le déplacement de la capitale a une influence sur les loyers dans tous les quartiers. Excepté à Nyabisindu et à Karera en raison du mauvais état des routes qui y mènent. Ces quartiers en hauteur sont difficiles d’accès surtout pendant la saison des pluies.
Selon Ibrahim, un commissionnaire du quartier Nyamugari, l’augmentation varie d’un quartier à l’autre. «Nous faisons louer, à Nyamugari tout comme à Magarama, une maison à 70 mille dont le loyer était de 50 mille BIF ».
Un propriétaire des maisons à louer à la 2e avenue de ce quartier dit « swahili » confirme sous anonymat l’augmentation des loyers et nuance : «Mais cette hausse concerne beaucoup plus les quartiers qui accueillent les fonctionnaires. Moi, je n’ai augmenté que 5000 Fbu, c’est peu.»
Des locataires obligés de déménager
E. N., jeune habitant du quartier Shatanya depuis six mois, n’en revient pas. Avec ses trois colocataires, le bailleur leur a récemment exigé une hausse de 100 mille BIF. «Nous payions 150 mille BIF. Mais, il a presque doublé le loyer. Nous avons le choix : payer 250 mille BIF ou partir ».
Les quatre jeunes locataires ont opté pour la résiliation du contrat.
Dieudonné, un autre commissionnaire, rencontré dans le quartier Shatanya, dans la matinée de lundi 18 février, abonde dans le même sens : « Il y a beaucoup de demandes des maisons à louer ces derniers jours. Ainsi, la hausse des loyers est normal.»
D’après lui, l’augmentation est de 20 mille BIF en général. Les loyers dans ce quartier étaient de 100 mille BIF. Ils sont aujourd’hui de 120 mille BIF.
Néanmoins, tient-il à nuancer, il existe des maisons dont les loyers ont été augmentés avant la mesure de la fixation de la capitale politique à Gitega. Il cite notamment des appartements dans les blocs. Ce ne sont pas tous les propriétaires qui ont procédé à la hausse des loyers. «Dans le bloc 5 au quartier Shatanya par exemple, je connais des maisons dont les loyers n’ont pas encore changé, qui restent à 100 mille BIF par mois».
Une particularité
Au CNAR, un des quartiers huppés, il y est difficile de connaître si les loyers ont augmenté ou pas. Presque tous les occupants des maisons sont propriétaires. Pierre (pseudonyme) rencontré dans ce quartier en train de faire enduire les portes en vue du déménagement d’un locataire avec lequel il vient de signer un contrat, témoigne que le loyer reste inchangé. «Le sortant payait 300 mille BIF par mois et ce montant a été maintenu pour le nouveau».
Il explique qu’il ne pouvait pas revoir le loyer sans l’accord de son frère, le propriétaire. Celui-ci est absent en raison du travail. Pierre trouve tout de même compréhensible qu’un propriétaire d’une maison louée à 250 mille BIF augmente le loyer de 50 mille BIF.
A Bwoga, un quartier résidentiel situé non loin du Palais, l’augmentation des loyers fait l’objet de spéculation. Selon Antoine, rencontré chez lui sur la voie, en construction pour relier la route Gitega-Ngozi (RN15) à la route Bujumbura-Gitega, la hausse des loyers est une réalité.
Pour rappel, cinq ministères devaient être délocalisés à Gitega dès le mois de janvier dernier.