Dans la nuit du 15 octobre sur la colline Songa, des policiers conduits par le chef de colline pour attraper un voleur qualifié, ont embarqué le propriétaire de la maison où le présumé malfaiteur a passé la nuit. Le matin, sa famille l’a trouvé non loin de chez lui transpercé de plusieurs de couteaux. Il a été transporté à l’hôpital dans un état comateux. <doc1716|left>Sur son lit de l’hôpital, Philibert Kimararungu, père de cinq enfants est soufrant de neuf plaies profondes. Le visage livide, il ne peut bouger aucune partie de son corps sans être aidé. Des bandages couvrent les blessures semblables à de simples meurtrissures. Mais de l’avis de l’infirmier soignant de l’hôpital Sainte Thérèse de Songa, ces plaies sont mortelles dans la plupart des cas. Il en dénombre neuf. « Il avait affaire à des professionnels, ils n’ont visé que les parties vitales, surtout derrière les oreilles. Je m’étonne de ce qu’il a pu survivre cette nuit-là », s’étonne-t-il. Autour du cou du malade, des marques très visibles d’un ceinturon que les tueurs ont utilisé pour l‘étrangler : « Il souffre de plusieurs traumatismes crâniens mais ses jours ne sont plus en danger.» Dans un effort désespéré, la victime raconte d’une voix presque inaudible : « Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans cet hôpital. Seulement, je me souviens que j’avais bu dans la nuit de samedi. J’étais avec les voisins et un certain Eric était parmi les clients. Et d’ailleurs il m’avait offert de la bière. » Au chevet de Philbert Kimararungu, et dans une profonde angoisse, sa femme confirme raconte le déroulement des faits de jour fatidique, entre 22 et 23heures : « Nous étions tous au lit quand j’ai entendu quelqu’un qui frappait à la porte et m’intimant l’ordre d’ouvrir. » Selon cette femme, quand elle a vu que la porte était défoncée, elle a voulu sortir par derrière ; mais elle n’a pas eu le temps d’atteindre la sortie : un groupe de trois policiers la maîtrisait déjà. L’un d’eux s’est alors introduit dans la chambre conjugale et en est sorti traînant son mari. Et ils étaient avec le chef de colline. «Comme ils s’acharnaient sur mon mari, j’en ai profité pour prendre le large sans savoir où j’allais », raconte la femme. « Pour le trouver, nous avons suivi les traces de sang » Selon elle, il y avait du sang partout. « J’avais le pressentiment qu’ils l’avaient assassiné et emporté son corps. C’est à quelques 300 mètres que nous l’avons trouvé couché, inconscient, dans une mare de sang », raconte Térence Habyarimana, son voisin. C’est pendant dans la matinée que les voisins auraient entendu que ces policiers étaient à la recherche d’un certain Eric, un bandit qualifié du coin. Pour le chef de colline, qui se dit « choqué par ce drame », Philbert Kimararungu a failli être assassiné par erreur. Il indique qu’Eric avait passé la soirée avec Philibert dans un bistrot tout près de chez lui. Ses informateurs, explique-t-il, avaient indiqué que les deux seraient même rentrés ensemble et qu’Eric avait même un fusil. Et c’est sur base de ce renseignement, précise-t-il, qu’il va téléphoner aux chefs de poste et de zone ; mais sans sans succès. « C’est par après que je me suis résolu à aviser l’administrateur communal de la présence d’Eric dans la maison de mon administré. Comme on disait le voleur armé de fusil, j’ai demandé le renfort des policiers », a avoué Gaston Gahungu, chef de colline Songa. Toutefois, il dit regretter aujourd’hui la suite des événements. A en croire ses propos, il leur avait dit de ne pas le brutaliser puisqu’Eric avait fui. Mais personne n’a voulu entendre ses conseils : « Ce qui a suivi, je n’en étais pas témoin. Quand nous nous sommes séparés, ils me disaient qu’ils l’embarquaient pour le cachot. » Des questions Pour les habitants de Songa, plusieurs questions demeurent sans réponses : « Pourquoi on a d’abord attendu qu’Eric quitte le bistrot, si réellement il était recherché et armé? Pourquoi les policiers se sont-ils acharnés sur Philibert alors que le chef de colline leur avait signifié que le coupable venait de s’enfuir ? » Le commissaire provincial de la police s’est gardé de tout commentaire tant qu’il n’a pas encore auditionné toutes les parties. L’administrateur communal de Gitega affirme avoir reçu un appel téléphonique du chef de colline l’avertissant de la présence d’un criminel dans les parages, son téléphone a été injoignable.