Avec une multitude de pharmacies dans la ville de Gitega jusqu’aux confins des collines de la zone rurale, pas plus de deux officines qui travaillent pendant la nuit.
« A Gitega, le commerce qui est en vogue et qui est plus rentable est la pharmacie », plaisante Berchmans, un vendeur de quincaillerie. Selon ce commerçant habitué à vendre les matériaux de construction, il a déjà constaté aujourd’hui qu’il s’est trompé en ne prévoyant pas d’investir dans les pharmacies. Aucune avenue, aucun quartier, aucun coin où on n’abrite une pharmacie. « Je peux compter plus de cinq pharmacies dans mon quartier. Ceci montre bien que les bénéfices dans ce commerce sont énormes sinon je comprends mal pourquoi on les installe n’importe où », précise-t-il. Dans plusieurs de ces pharmacies on n’a pas besoin d’une ordonnance médicale pour acheter un médicament. Il suffit de se rappeler de son nom et l’affaire est conclue. Pour les uns, cela est une bonne initiative en matière de la santé de la population dans la mesure où on trouve tous les médicaments prescrits par le médecin à moindre prix.
« C’est plus avantageux car il fallait aller au centre-ville pour un simple paracétamol. Maintenant tu peux même envoyer un petit enfant pour t’acheter une plaquette de comprimés, c’est très proche de nous », indique Jacqueline, une mère de famille de Yoba. Et pour les autres, cette ouverture en cascades des pharmacies n’amène rien de bon sur la santé de la population. Ils doutent si réellement ces maisons respectent bien les mesures d’hygiène et de conservation des médicaments.
Les risques sont énormes
Si on observe de près, les médicaments qui sont vendus aux malades sont dans des conditions déplorables, comme l’absence de règles élémentaires de conservation, relève un professionnel de santé. D’après lui, le grand problème, est l’endroit où sont situées ces officines. Sans parler de la poussière, les médicaments sont exposés sur les étagères sous des températures très élevées. Le deuxième grand problème est l’absence de pharmacien responsable dans l’officine, qui fonctionne comme un simple magasin, avec un ou des actionnaires qui ont investi leur argent dans l’affaire. « Une situation en totale contradiction avec les lois », a dénoncé ce professionnel. En plus de lui, la plupart des personnes interviewées dans la ville de Gitega font savoir qu’en tolérant même les conditions dans lesquelles elles fonctionnent, les pharmacies sont censées être ouvertes tous les jours, 24h sur 24 pour permettre à chacun d’avoir accès à des médicaments, quelle que soit l’heure. Mais, sans cette continuité, on prend le risque de laisser les patients sans accès aux traitements de qualité, ce qui peut les pousser à s’en fournir au marché noir.
Les propriétaires de ces pharmacies indiquent qu’il n’y a aucune décision qui les contraint à ouvrir toutes les heures. Pour certains, en obligeant les pharmaciens à ouvrir la nuit, on les met en danger : « C’est la sécurité des travailleurs dans la pharmacie qui est en jeu, à cause des risques de braquage». Et pourtant, dans une réunion que le médecin provincial de Gitega avait tenue avec les responsables des pharmacies, il y a quelques mois, il spécifiait clairement que dans une ville comme Gitega, il doit y avoir au moins dix pharmacies de garde.
« Et pourtant, dans une réunion que le médecin provincial de Gitega avait tenue avec les responsables des pharmacies, il y a quelques mois, il spécifiait clairement que dans une ville comme Gitega, il doit y avoir au moins dix pharmacies de garde ».
Qui devrait établir le planning des gardes de ces pharmacies ?