Ils sont tous accusés de vol qualifié. Pourtant, leurs familles affirment que personne n’a porté plainte contre eux…
Trois militants du FNL à Gitega sont écroués au cachot du commissariat de police de cette province, depuis vendredi. Trois autres sont en cavale pour éviter de subir le même sort. D’après les familles des personnes arrêtées, tout a commencé, le 23 mai dernier. Selon nos sources, une réunion de sécurité s’est tenue au cabinet du gouverneur. Etaient présents, selon les mêmes informations, le commissaire de police, le procureur, le responsable du SNR, un représentant du président du Tribunal de Grande Instance de Gitega et d’autres administratifs. Des informations recueillies à Gitega font savoir qu’ils ont évoqué, pendant la réunion, le cas des membres du FNL qui veulent perturber la sécurité. Pourtant, ajoutent nos sources, aucune décision n’a été prise ce jour-là.
Le 28 du même mois, selon nos sources, une autre réunion s’est tenue dans un bar d’un certain Protais, situé à Zege, à la jonction de la route Karusi-Gitega. Les mêmes sources affirment qu’une liste de six membres du FNL, qui devaient être arrêtés avant le 1er juillet, a été élaborée. Le 21 de ce mois, témoigne M.E. de Gitega, trois personnes, parmi celles qui figurent sur cette liste, ont été arrêtées. Il s’agit de Zenon Nizigiyimana, professeur au collège communal de Nyabibuye, Bède Nyandwi, professeur à l’école normale de Mweya et Pascal Miburo alias Gahoro, un commerçant de Gitega. Leurs familles affirment qu’ils ont été arrêtés par le commissaire de police adjoint à Gitega, Michel Rwaneza, alias Rwembe. « Ils ont été acheminés au cachot à bord du véhicule du gouverneur de Gitega », raconte N.D., un habitant de cette province, qui était sur les lieux. Sur le mandat d’arrêt, témoignent nos sources, ces fidèles d’Agathon Rwasa sont accusés de vols qualifiés.
<doc4389|left>Leurs familles s’inquiètent
Tous les membres des familles de ces personnes arrêtées soutiennent qu’elles sont victimes de leur appartenance politique : « Ils appartiennent au parti FNL d’Agathon Rwasa, depuis longtemps. » Ils estiment qu’aucune charge ne pèse sur eux, car personne n’a porté plainte contre eux. Et de se demander comment les membres d’une même formation politique peuvent avoir une même accusation. En outre, selon eux, aucun cas de vol n’a été signalé dans l’entourage ou sur leur lieu de travail. Leurs familles réclament ainsi la libération des leurs car, d’après eux, l’appartenance à un parti politique n’est pas une infraction.
« Des enquêtes sont en cours »
Interrogé par Iwacu, Eric Igiraneza, commissaire de police à Gitega, ne sait rien de ces réunions. Il se souvient avoir été au cabaret de Protais une seule fois seulement : « C’était l’année passée quand j’effectuais une patrouille. » Le commissaire Igiraneza confirme l’arrestation de ces trois personnes : « Nous n’avons pas appréhendé des membres du FNL, mais des personnes soupçonnées d’avoir commis des vols. »
Il promet de mener rapidement des enquêtes pour établir les responsabilités. Sylvestre Sindayihebura, gouverneur de la province de Gitega, avait promis à Iwacu de s’exprimer, ce jeudi matin. Contacté de nouveau, il a indiqué qu’il est en réunion. Nous avons essayé de joindre Emmanuel Nyandwi, procureur de la République à Gitega, Emile Muhamed, responsable du SNR à Gitega, et Canisius Ndihokubwayo, président du Tribunal de Grande Instance de Gitega, sans succès. Frère Emmanuel Ntakarutimana, président de la commission nationale indépendante des Droits de l’Homme, est au courant de ces arrestations. Il promet de suivre de près cette situation.
