Après Ruyigi, mardi 21 juillet, la campagne de dépistage de masse du coronavirus a débuté dans la capitale politique. Peu de gens ont eu écho de la nouvelle. Autre inquiétude: le relâchement de la population dans le respect des gestes barrières.
Annoncée en grande pompe, le début du dépistage de masse n’a pas eu l’effet escompté à Gitega. La cause, diront les autorités pour justifier l’absence à l’appel de la population, la réunion des autorités provinciales avec les administratifs à la base qui a précédé le lancement de ladite campagne. Un leurre ou pas, le constat est-il qu’une partie du personnel soignant n’était même pas au courant du lancement de ce dépistage de masse. Quelque peu médusés, certains infirmiers chuchotent : « Comment un événement d’une si grande ampleur peut mobiliser si peu de gens ? »
Dans la cour de l’hôpital régional, environ une dizaine de patients. Confus aussi, ils demandent si réellement la campagne a bel bien commencé. « Ils auraient dû nous en informer à l’avance. C’est la moindre des choses ! ». Si l’information avait été préalablement lue dans toutes les paroisses, murmurent-ils, nous serions venus en grand nombre. Parce qu’après tout, les patients ne manquent pas. Et aussitôt de lâcher : « Si le canal de l’information ne change pas, l’appel risque de se limiter aux gens de la ville.»
Jusqu’à nouvel ordre, seul centre de dépistage, l’hôpital régional de Gitega dépistera quotidiennement 30 personnes.
« Un nombre qui ne s’accroîtra que si le ministère de tutelle nous octroie, une machine à test avec une grande capacité », fait savoir Dr Jacques Nduwimana, directeur de l’hôpital. Actuellement dépistant avec la machine Gene XR dont la capacité de tests ne dépasse pas 32 échantillons, M. Nduwimana assure que prochainement, il espère acquérir une unité PCR beaucoup plus grande. « Mais, pour le moment, comme les cas suspects ne sont pas nombreux, nous pensons que la présente machine sera à la hauteur ».
Pour éviter ou réduire les risques de contamination, il indique qu’une aire pour les malades avec de formes graves a déjà été aménagée avec de lits équipés. A cet effet, il confie que le personnel soignant a été formé. « Une unité spécialisée a été formée dans la prise en charge, des équipements de protection individuels(EPI) octroyés. Tout ceci, pour dire que nous nous sommes suffisamment préparés ».
Des inquiétudes
Seul centre de dépistage pour une province avec 11 communes, bon nombre de personnes imaginent mal comment un seul centre, dépistant à peine 30 personnes, pourra s’acquitter de sa tâche. « Déjà la seule commune de Gitega peut saturer tout l’hôpital. Qu’en sera-t-il des autres provinces ? »
Autre inquiétude, la distance de l’hôpital par rapport aux localités éloignées telles que les communes Buraza, Gishubi, etc. Sans doute, pour eux, une décentralisation urge. « Si réellement les autorités veulent que la campagne soit efficace, faut-il aussi que des unités de dépistage soient détachées pour toucher une plus grande population ». Sinon, craignent-elles, en cas d’apparition, ne fût-ce que d’un seul cas, les risques de clusters seront légion.
L’autre grande crainte concerne la prise en charge des malades. « Compte tenu du nombre réduit de gens en mesure de se confiner chez eux en cas de maladie, tel que prévu par le protocole national de prise en charge, c’est une grande inconnue ». Allusion faite aux petites maisonnettes qui gonflent certaines communes.
Reconnaissant à demi-mots le manque d’appareils adaptés en cas de détresse respiratoire d’un patient, le directeur de l’hôpital ne cache pas que l’acquisition de nouveaux respirateurs serait un coup de pouce. « Ceci nous éviterait de réquisitionner les respirateurs présents dans le service de réanimation ».
Un relâchement…
Des parkings dépourvus de seaux d’eau savonnée, des gens tout au long de la route s’étreignant comme si de rien n’était, voire partageant les chalumeaux dans les cabarets de fortune… Tel est le visage de certaines localités de la capitale politique.
Pire, au cours de la réunion, le conseiller principal du gouverneur a déploré le fait que les gestes barrières tombent en désuétude.
Une preuve qu’il est plus qu’urgent de sensibiliser la population sur le respect des gestes barrières comme le lavage des mains, la distanciation sociale, etc. Face à cette insouciance qui va crescendo, au cours de la réunion du mardi 21 juillet avec les administratifs à la base, les autorités ont fait preuve de fermeté.
Une attitude appréciée par bon nombre de gens. Pour plus d’efficacité, Marc, habitant le quartier Yoba, demande que dans les transports en commun le port du masque soit obligatoire. « Avec autant de personnes qui font la navette entre Gitega et les autres provinces, cette mesure serait efficace».
Et selon le ministère de la Santé, depuis le 31 mars jusqu’au 22 juillet, sur 11332 prélèvements, 345 cas ont été testés positifs. Parmi ces personnes, 270 ont recouvré de leur santé au moment où 74 continuent leur traitement. Jusqu’ici, un seul décès a été enregistré des suites de cette pandémie.