Agées de 12 à 16 ans, sans contrat, elles font tous les travaux. Les organisations de droits de l’Homme dénoncent ce phénomène.
Elles viennent des provinces Gitega, Karusi, Ruyigi, Rutana et Cankuzo. Elles sont souvent engagées par des familles à revenus moyens. Pour beaucoup, ceci a un lien direct avec la demande de main d’oeuvre bon marché, malléable et docile. Elles se lèvent tôt et dorment tard, elles font la vaisselle, lavent les habits et préparent la nourriture pour un salaire de misère. Daprès leurs témoignages, ce sont leurs mères qui les amènent vers les patronnes ou passent par un intermédiaire après les avoir arrachées du banc de l’école. Nadine a 14 ans et vient de Nyabikere à Karusi. Elle gagne 15 mille francs par mois. Elle témoigne : « Cela fait trois ans que je suis ici, de temps en temps je rentre chez nous pendant les fêtes en amenant mon salaire à mes parents et je reviens après trois jours. » Dans sa commune natale de Nyabikere, la pauvreté des familles force les enfants à venir en ville plutôt quà l’école. Nadine, Yvette, Sylvie, etc, alors quelles sont encore en pleine croissance, elles font tous les travaux domestiques et doivent également faire face à une fatigue extrême, à des violences physiques répétées. Sans avoir appris à cultiver ou faire autre chose, elles finissent par être des prostituées dans les milieux urbains. Divine 16 ans, travaille au quartier Nyabugogo. Depuis quelle est venue à Gitega, elle a déjà travaillé pour 5 employeurs. Trois fois, elle a été chassée sans être payée. Elle était parfois accusée de ne pas faire son travail correctement.
« C’est une équation à plusieurs inconnues »
Pour la plupart des chefs de ménage de Gitega interviewés, ce problème n’est pas prêt dêtre résolu. Ils pointent l’irresponsabilité des parents villageois qui n’ont jamais compris que le travail des enfants a un impact négatif sur le développement de cet enfant et celui du pays. « C’est gâcher l’avenir de cette jeune fille alors que nous combattons pour que nos propres enfants aient un avenir meilleur », avance Pascal de Shatanya. Il explique que dans les familles nombreuses en milieu rural, il est parfois difficile d’empêcher les parents d’envoyer ces fillettes chercher un travail rémunéré. Même constat chez Josiane, mère de deux petits enfants. Elle ne nie pas que c’est l’exploitation des enfants mais pour elle et comme les autres, c’est en quelque sorte du donnant donnant. « Ce salaire que nous leur payons sert à éduquer leurs frères ou acheter des intrants agricoles chez elles. Un parent qui accepte que son enfant arrête ses études et aille chercher du travail est souvent dans le besoin ! ». Quant à Béatrice Manirakiza représentante de CAFOB à Gitega, tout ceci se fait au détriment de ces enfants, puisqu’elles ne tirent aucun profit de leur travail sans oublier que ce genre de travail est puni par la loi. Elle condamne les parents surtout leurs mères qui continuent de faire la sourde oreille devant les sirènes du gouvernement et des organisations qui oeuvrent en faveur des droits de l’homme en particulier la femme. « C’est une équation à plusieurs inconnues. Avec le peu de moyens dont nous disposons, nous ne pouvons pas toucher toutes les familles qui emploient les jeunes filles ou celles qui les laissent venir en ville, mais dans notre entourage, nous sensibilisons les ménages pour le respect des droits de chacun ! ». Mais selon elle, si la sensibilisation continue et que des lois sont appliquées, tôt ou tard, on finira par comprendre que cette exploitation est néfaste pour tout le monde.