Malgré les efforts de l’administration et les services sanitaires pour sensibiliser la population à se protéger en se lavant régulièrement les mains avec du savon, certaines personnes surtout dans les quartiers populaires continuent de prendre à la légère les mesures prises.
Depuis peu, devant chaque bureau, dans les milieux publics, un seau d´eau et du savon sont placés devant l’entrée. Souvent, un gardien ou un agent de sécurité oblige toute personne qui arrive de se laver d’abord les mains. Des précautions qui parfois font jaser certains. « Où est alors la nourriture pour manger. Depuis ce matin c’est la dixième fois qu’on m’oblige de me laver les mains», plaisante un quinquagénaire envers le gardien d’un bar-restaurant. Pour la population, cette pandémie publiée dans tous les pays est un danger pour la population burundaise qui prend souvent à la légère certaines précautions d’hygiène.
« Ntamurundi yicwa n’umucafu, na Ebola yaradusize (« La saleté ne tue pas un Burundais, même Ebola ne nous a pas atteints »), affirme une femme qui regarde de loin un seau d’eau posé devant un magasin. Au centre-ville, dans les quartiers, les hommes et les femmes continuent de se serrer la main en se saluant, des embrassades et se donnent des bises comme à la normale. Interviewés, la plupart d’entre eux affirment qu’ils oublient souvent de se laver les mains, que ce n’est pas dans leurs habitudes. Se serrer la main, c’est comme une tradition.
« Imagine que tu rencontres une parenté et tu refuses de lui serrer la main ou l’embrasser. Il te prendra pour un orgueilleux ou un impoli. Il y a encore de quoi faire pour changer », indique une enseignante. Et un autre d’abonder dans le même sens : « Nos coutumes nous tueront. Personne ne veut prendre au sérieux cette menace ! »
De fausses informations prises pour vérité
Dans les quartiers populaires, autour d’une tasse de café ou d’un verre de bière, des hommes lancent souvent des affirmations gratuites qui font froid dans le dos. « La peau noire des Africains est immunisée contre ce coronavirus. Les blancs n´ ont pas de la mélanine, c’est pourquoi ils l’attrapent facilement », raconte un homme attablé dans un restaurant au quartier Nyamugari à la deuxième avenue. « Il suffit de boire du thé ou du café chaud pour que le virus soit tué», estime un autre. Non loin de ce restaurant, un groupe d´hommes qui entendent l’appel du muezzin pour la prière de midi, eux aussi alimentent les mêmes rumeurs.
« C´est une punition divine pour les non croyants. Ce geste de lavage rituel de purification du corps que nous faisons avant chaque prière suffit pour nous protéger contre cette maladie », soutient un homme d’une trentaine d’année. Curieusement, tout le groupe qui est avec lui semble approuver cette théorie.
« L´histoire nous a montré que les musulmans ont été toujours épargnés par des épidémies », poursuit son ami vendeur de café.
En attendant, l´administration et la province sanitaire continuent de sensibiliser tous les chefs de service, les détenteurs d’hôtels, de restaurants, les hommes d´églises, etc de sensibiliser la population aux mesures d’hygiène pour se protéger contre ce virus.