Il y a peu de jours, les enfants de la rue ont été chassés manu militari dans la ville de Gitega. Timidement, ces groupes sont de nouveau visibles dans différents coins de la ville. Selon leurs propos, vivre dans la campagne est très dur. La population parle d’un problème mal résolu.
Ils ont tenu leur parole. Quand la police et l’administration les chassaient et les embarquaient vers leurs collines d’origine, les enfants de la rue, qui étaient devenus nombreux dans la ville de Gitega, juraient de revenir dans un laps de temps. Et voilà, ils reviennent un à un pour occuper les rues et devant les magasins et les restaurants. Difficilement mais sûrement, ils sont déjà partout. Le matin, ils sont devant les restaurants et au marché, le soir ils sillonnent les quartiers à la recherche des endroits un peu sombres pour dormir. La vie de ces enfants est caractérisée par un manque d’hygiène et de discipline. Comme certains d’entre eux le témoignent, la consommation de drogue est courante. Ceux qui ont les capacités de voler n’ont pas peur d’effectuer des vols à l’arrachée le soir et les plus jeunes se livrent à la mendicité. L’argent récolté permet alors de prendre un maigre repas et quelques boules de chanvre. « Ils nous ont chassés mais ils ont oublié que nous n’avons nulle part où aller », affirme un garçon de 13 ans connu sous le nom de Mwarabu. Selon ce dernier originaire de Muramvya, il a fui sa marâtre qui le maltraitait jusqu’à ce qu’il abandonne l’école. D’après les autres, les causes du départ dans la rue sont multiples. Pour la plupart, la misère dans laquelle vivent les familles en est le dénominateur commun. Ils viennent des familles en grande difficulté qui ne parviennent pas à nourrir leurs enfants. Poussés par la faim, ceux-ci cherchent dans la rue de quoi manger, ils y passent leurs journées et, au bout de quelque temps, s’y installent, par commodité. Lorsque les familles sont trop pauvres et que la misère devient intolérable, les garçons sont les premiers à partir.
« A chaque fois, mes parents me traitaient de fainéant parce que je ne voulais pas aller travailler sur les chantiers. Ils me donnaient l’exemple des autres enfants de mon âge qui sont allés à Bujumbura et qui reviennent avec un peu d’argent pour la famille », témoigne Steve, 15 ans. Pour les autres, leurs mères sont des femmes célibataires ou veuves, qui ne peuvent subvenir ni à leurs besoins ni à ceux de leurs enfants et poussent ces derniers à se débrouiller tout seuls. Ils quittent leur foyer pour partir en quête d’un emploi en ville. « J’ai travaillé 3 mois comme domestique dans une famille nombreuse, mais à la fin ils m’ont accusé d’avoir volé un téléphone et m’ont chassé sans me payer. Sans nourriture et sans toit, j’ai rejoint la rue », indique Bruce de Mutaho.
« Ils ont voulu guérir la fièvre en cassant le thermomètre ! »
Pour les habitants de la ville de Gitega, le phénomène des enfants de la rue est très délicat, la force seule ne peut pas résoudre ce problème. Selon eux, le nœud du problème est dans les familles. Certains parents voient les enfants comme une charge suite à la pauvreté dans laquelle ils vivent. Dans les familles séparées et remariées, le mari ou la femme ne veut pas s’occuper des enfants issus du mariage précédent qui sont alors délaissés ou chassés.
« Ils ont voulu guérir la fièvre en cassant le thermomètre. La société a changé. Les petites filles sont arrachées au banc de l’école pour aller travailler comme nounous dans les familles citadines. Et les garçons en pleine adolescence ne peuvent pas supporter l’autorité parentale. D’où le chemin vers la rue », explique Léonie une enseignante de Shatanya. D’après claver, les violences physiques infligées aux enfants à la maison sont courantes dans beaucoup de familles, mais aboutissent rarement devant la justice. « Il est rare qu’un parent puisse être inculpé et jugé responsable si un enfant est sévèrement battu. Ni les parents ni les enfants ne dénoncent les mauvais traitements à la police », déplore Louis, un officier de la police judiciaire. Quant à Abdallah qui affirme avoir accueilli chez lui un enfant de la rue, la cohabitation avec ces petits garçons est très difficile. Il reconnaît qu’il s’est efforcé de réintégrer ce garçon de 14 ans en l’inscrivant à l’école. Au bout de quelques temps, il a disparu et il l’a revu dans la rue avec ses anciens camarades.
« La rue est comme une drogue. Avec 25 ans que je vis à Gitega, seuls deux enfants de la rue ont pu devenir des hommes normaux. L’un est chauffeur et l’autre est devenu commerçant. Avec l’âge, certains deviennent des brigands et croupissent dans les prisons !»
Vous avez raison quand vous signalez que « le problème est dans les familles. Certains parents voient les enfants comme une charge suite à la pauvreté dans laquelle ils vivent. »
Il faut aussi signaler que ce sont ces mêmes parents qui font des enfants alors qu’ils sont incapables de les élever. Ngo « Imana izobarera »!
La solution ne peut être qu’éduquer la population sur le problème de notre démographie.