262 éleveurs de la commune Gitaramuka, province Karusi, ont reçu chacun une vache au début du Projet d’Appui à l’Intensification et la Valorisation Agricoles du Burundi (PAIVA-B) financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), il y a presque 10 ans. Aujourd’hui, vers la fin du projet, leurs conditions de vie se sont beaucoup améliorées.
Une nouvelle maison, un vélo, deux kiosques pleins de marchandises, une parcelle, … grâce à sa toute première vache, Candide Manirambona, 60 ans, est aujourd’hui une femme épanouie sur le plan économique. Elle qui n’était même pas capable de s’acheter un taureau avant le projet, faute de moyens.
Candide confie que le don de cette vache était comme un rêve qui se réalise. C’était en 2012, se rappelle-t-elle. « Je rêvais d’élever des vaches. Je n’avais pas de moyens pour m’en offrir ne fût-ce qu’une. » Elle élevait les chèvres auparavant, un élevage caprin qui ne lui a pas réussi.
Depuis lors, cette veuve et grand-mère confie qu’elle n’a pas cessé de voir des miracles. La production a augmenté grâce au fumier. Les enfants ne manquaient plus de frais et matériel scolaire. Elle a acheté de nouvelles tôles pour sa maison.
Ce n’est pas tout. Son fils, Kazimir Rugira, qui a entretenu la vache pendant plusieurs années, aura le plus beau cadeau de sa vie : une épouse et un mariage digne de ce nom. Il affirme que la dot et toutes les cérémonies nuptiales sont le fruit de cette vache. Il a pu construire une maison, s’acheter un vélo, ouvrir deux boutiques au marché…
Kazimir indique que la vache produit 12 litres de lait par jour. « Nous vendons la moitié. Nous buvons le reste. » D’après lui, la famille gagne 150 mille BIF par mois grâce au lait.
Bois de chauffage contre une plaque solaire comme éclairage
C’est une vache des plus grosses, rencontrée dans l’étable de Matthieu Ndayazi, éleveur et père de quatre enfants. La vache vient de mettre bas. Ce don du PAIVA-B a déjà donné pas mal de fruits à la famille de Ndayazi qui n’avait jamais élevé de vaches auparavant.
Avant le projet, confie-t-il, sa famille vivait dans une maison en bois éclairée à l’aide des bois de chauffage. Avec l’élevage de vaches, il a pu construire une maison en briques avec les toiles. Une plaque solaire éclaire toute la maison.
Selon lui, la récolte de bananiers était médiocre faute de fumier. « Avant le projet, je récoltais un régime de banane de moins de 10 kg. Aujourd’hui, je peux récolter un de plus de 40 kg ». Cet éleveur a acheté deux parcelles dans un marais rizicole.
« Je ne m’attendais pas à toutes ces choses », s’étonne Fabien, visage rayonnant. La vache a vêlé six taureaux. Les uns ont été vendus, d’autres échangés. Il lui reste deux vaches et un taureau. Il fait savoir que ces deux vaches produisent 12 litres de lait par jour. La famille gagne 120 mille BIF par mois.
Sa femme se frotte les mains. Avant l’élevage des vaches, confie-t-elle, nous étions pauvres. Les enfants ne buvaient presque jamais de lait. C’est à peine si elle pouvait s’offrir un pagne.
Menace de maladies, jadis principal défi
Bien que Félicien Bashaka ait pu tirer profit de sa vache en agrandissant sa maison, il affirme avoir fait face à une vache qui tombe malade tout le temps durant les premières années du projet. « Heureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Un problème qui s’est généralisé pour plusieurs éleveurs. Sa vache produit aujourd’hui 9 litres de lait par jour.
Ces éleveurs sont réunis dans une coopérative « Zirakamwa », qui a été créée pour mettre fin aux problèmes qui minaient les éleveurs, d’après Jérôme Ntamavukiro, président de cette coopérative. Des problèmes liés à la conservation du lait et son écoulement.
Selon M. Ntamavukiro, la coopérative met à la disposition des éleveurs tout ce qui est nécessaire pour un bon élevage. Des médicaments, la nourriture pour les vaches… Les membres de la coopérative sont libres de contracter une dette pour rembourser après la vente du lait.
Cette coopérative a la capacité de conserver 200 litres de lait. Mais les marchés d’écoulement posent un problème. « Quelque fois, nous manquons de client et sommes obligés de déverser plusieurs litres. »
Juste à côté de la coopérative, une cafétéria a été érigée pour la consommation de ce lait. Le reste est vendu dans des marchés des autres provinces proches de la commune Gitaramuka : Muyinga, Ngozi…
La coopérative achète le lait aux éleveurs à 600 BIF le litre pour le revendre à 800 BIF. Jérôme Ntamavukiro affirme que la coopérative gagne environ 300 mille BIF de bénéfice par mois.