Jadis réputées pour leurs propriétés curatives, les eaux thermales de Gishuha n’attirent plus les visiteurs. Conscientes de sa place dans le développement touristique, les autorités communales cherchent des bailleurs pour aménager ce lieu légendaire.
<doc2730|left>Situé à 6km du site des tambourinaires de Gishora, Gishuha relève de la zone de Kiriba. Cette source d’eaux thermales ne profite en rien à la caisse communale de Giheta. Populaire pour les gens des environs, elle reste néanmoins inconnue des étrangers. En l’absence de structures d’accueil et d’indication, de mauvaises herbes ont envahi ce lieu. Et faute de visiteurs, la population des environs utilise ce site comme elle l’entend.
« Elles ont des pouvoirs curatifs ! »
Torse nue, assis tranquillement dans les eaux, Léonard Nduwarugira de la colline de Rwingiri, vante les bienfaits de cette eau. Il les fréquente quand il se sent fatigué par son travail d’aide- maçon. Selon lui, tous les habitants savent que s’immerger dans ces eaux d’une température avoisinant 50°C soulage certaines maladies, surtout les rhumatismes. « J’ai connu un vieil homme qui venait chaque soir ici. Personne ne l’avait jamais vu tomber malade », témoigne Nduwarugira. Il ajoute que certaines croyances populaires affirment que là où l’on trouve des eaux thermales, il y a des esprits guérisseurs. Cet homme d’une trentaine d’années raconte que le pouvoir de cette eau ne se limite pas à l’apaisement des douleurs : elle enlève aussi toutes les impuretés du corps et de l’esprit. « Les filles qui voulaient trouver des maris devaient venir ici. A la sortie des eaux, elles tombaient dans l’embarras de choix car les prétendants venaient comme un essaim d’abeilles », renchérit-il.
Femmes et enfants font de même. Ils offrent leurs corps à la caresse de l’eau qui, d’après eux, enlève toutes les impuretés qui se trouvent sur le corps, sans même se frotter avec du savon. Pudiquement, Caroline, avec son pagne bigarré qui lui colle dessus, raconte : « C’est un don de Dieu. Nos parents disaient souvent que cette eau chasse la malédiction. Si quelqu’un se soupçonne d’avoir été en contact avec des esprits mauvais, il s’y plongeait pour retrouver sa pureté. »
Pourtant, le site n’est pas connu !
A Kiriba, beaucoup de gens se demandent pourquoi le gouvernement n’a pas songé à développer ce lieu touristique. « Si la commune avait pensé à médiatiser ce lieu, ceux qui vont à Gishora ou aux chutes de Mwishanga pourraient même arriver ici. Mais aujourd’hui, à part les personnes âgées qui auraient entendu parler de Gishuha, je ne crois pas que beaucoup peuvent l’imaginer comme lieu touristique du Burundi », s’insurge Evariste, un moniteur agronome qui vient se laver.
L’administration annonce avoir mis dans ses priorités la valorisation du patrimoine naturel. Selon Alexis Manirakiza, administrateur de Giheta, le conseil communal s’attèle à trouver des fonds nécessaires en vue d’aménager ce site : « Gishuha sera notre deuxième lieu touristique après le sanctuaire des tambourinaires de Gishora. Il est dans nos projets pour que ce lieu soit fréquentable. » D’après lui, la commune avait projeté d’y construire une cafétéria ou un snack bar pour appâter les visiteurs. « Malheureusement, la commune ne dispose pas de moyens financiers pour réaliser un tel projet », se désole-t-il. Toutefois, cette autorité précise que si un privé ou une association est intéressé, la commune lui facilitera la tâche. Par ailleurs, ce responsable affirme ne pas baisser les bras jusqu’à ce que ce lieu puisse faire rentrer de l’argent dans les caisses de la commune.