La relève est assurée. Des enfants de moins de 15 ans sont déjà initiés à cet art séculaire : la danse rituelle au tambour royal. Objectif, perpétuer la tradition héritée de leurs ancêtres.
Nous sommes au sanctuaire des tambours sacrés de Gishora en commune Giheta dans la province de Gitega, le centre du pays. Dans cette localité, le tambour est roi.
L’après-midi, des jeunes de moins de 15 ans dont certains sont à peine grands que les gros tambours burundais se rassemblent. Munis de baguettes, ces ’’héritiers’’ d’Antime Baranshakaje, l’icône du tambour burundais apprennent l’art légué par leur ’’grand-père’’ disparu le 9 avril 2017.
Ils entendent suivre ses pas et battre le tambour selon la complexité du rythme imprimé par les pas de danse esquissés par le tambourinaire soliste central.
Disposés en demi-cercle comme les grands maîtres, gardiens de la tradition sacrée des tambours, ces ’’Batimbo’’ en herbes se relaient au tambour disposé au milieu.
Comme ses camarades, Gilbert Mukeshimana, 15 ans, est un passionné du tambour. Il assure que le tambour est une tradition héritée de leurs ancêtres : «Ce qui m’a poussé à venir apprendre à jouer au tambour. C’est ce nos grands-parents nous ont légué».
Selon ce jeune tambourinaire, il ne faut pas briser la chaîne : «Nous allons l’apprendre à nos petits frères et même à nos enfants comme nous l’avons appris, pour que la tradition se perpétue. Impossible de s’ennuyer ou de se sentir fatigué, il faut rester enthousiaste».
Cédric n’a que 9 ans, pourtant il connaît déjà pas mal de notions du tambour. Après l’école, il se rend au sanctuaire de Gishora rejoindre ses amis pour battre le tambour : «Après les cours, j’ôte mon uniforme, je prends mes baguettes et je viens ici retrouver mes amis».
Selon Ezéchiel Niyibaruta, encadreur de ces petits tambourinaires, le tambour ne se joue pas avec une mine renfrognée. «Avant d’apprendre aux enfants à jouer au tambour, je dois d’abord leur faire aimer cet art. Je leur dis d’être de bonne humeur. C’est par après que je les initie aux différents rythmes et danses. Je leur dis de ne pas tourner le dos aux spectateurs mais plutôt de danser en les fixant dans les yeux».
Pour rappel, l’icône du tambour burundais, feu Antime Baranshakaje est enterré dans les enceintes de ce sanctuaire des tambours sacrés à Gishora.
Chimène Manirakiza