Suite aux fissures causées par des glissements de terrain le long de la rivière Ntahangwa, au moins 5 maisons se sont déjà écroulées alors que d’autres sont menacées dans le quartier Gikungu II, zone Gihosha au nord de la ville de Bujumbura. Les habitants de cette localité appellent l’Etat à intervenir dans les brefs délais pour éviter des dégâts humains.
A 12 heures ce 21 décembre, des gens observent avec désespoir des maisons emportées par des glissements de terrain sur l’avenue Nyankoni dans le quartier Gikungu II. Les habitations affectées sont surtout celles situées entre la rivière Ntahangwa et la rue Nyankoni. Des maisons construites en matériaux durs n’ont pas tenu face aux fissures. Leurs murs se sont progressivement affaissés.
Pour certaines maisons non encore détruites, mais sous la menace de ces glissements, leurs propriétaires essaient de sauver certains matériaux notamment les tôles, les portes, les fenêtres, après avoir évacué leurs familles. La rue Nyankoni est aussi menacée par ces glissements. De l’autre côté de la rue, des clôtures de certains ménages manifestent également des fissures.
« On a enregistré des pertes énormes. Je ne pourrais même pas les estimer. Il ne reste rien. Je n’espère récupérer rien. Ma maison était construite en matériaux durables. Sa valeur était estimée à des centaines de millions », raconte avec amertume Julien Ndayiragije, propriétaire d’une maison détruite par ces glissements.
Il confie que cela n’est pas la première fois que cette localité est menacée par des glissements de terrain : « En 2013, on avait connu un glissement. Il a emporté la clôture de ma maison et quelques annexes. J’avais essayé de faire quelques aménagements, mais cela n’a pas pu tenir longtemps malheureusement ». Et de déplorer que l’Etat n’a pas intervenu cette année pour appuyer ces travaux d’aménagement.
Julien Ndayiragije recommande l’aménagement et la protection des berges de la rivière Ntahangwa. Pour lui, il faut entamer des travaux de grande envergure pour protéger les autres parcelles non encore endommagées : « On peut faire de la même manière qu’on a aménagé les berges de Ntahangwa de l’autre côté de Mutanga sud, Mugoboka, Nyakabiga et Kigobe sud ».
Il appelle les pouvoirs publics à interdire l’extraction du moellon et du sable dans la rivière Ntahangwa. Selon lui, cela fait partie des causes qui auraient conduit à cette situation catastrophique de glissement de terrain.
Et de suggérer l’interdiction de passage des camions poids lourds sur la rue Nyankoni. Pour lui, cela pourrait alléger le poids qui s’exerce sur cette route déjà menacée par des fissures.
« Tout a commencé avec les fissures qui ont menacé certaines maisons. Par la suite, elles ont commencé à s’écrouler. La situation continue de s’aggraver et il est difficile de la gérer », confie Alain Bakundukize, un des administratifs de ce quartier. Selon lui, cinq maisons sont déjà affectées. Il promet de donner des rapports aux autorités hiérarchiques.
Un glissement de terrain rotationnel
« C’est un ancien glissement de terrain qui s’est réactivé. Nous avions fait des études montrant qu’il y a un glissement de terrain dans cette zone. Les gens qui y ont construits des maisons n’ont pas consulté ces études faites ou requis des études pour constater cet ancien glissement de terrain rotationnel », explique Désiré Kubwimana, chercheur en sciences de la terre et professeur à l’Université du Burundi. Selon lui, ce glissement de terrain a une largeur de plus de 300 mètres et la longueur d’environ 100 mètres.
D’après ce professeur, les causes sont des ruissellements et des eaux des pluies qui s’infiltrent dans ce glissement de terrain : « Nous avons aussi trouvé des marres d’eaux à l’intérieur de ce glissement qui s’infiltrent depuis les puits perdus. Tout cela aggrave ce glissement ».
Il précise que ce glissement de terrain est actif avec une vitesse considérable : « Il faut déplacer les gens qui habitent dans cette zone pour éviter des dégâts humains ».
Désiré Kubwimana recommande la stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa pour protéger les habitations. Pour lui, il faut d’abord reconstruire le caniveau détruit par ces glissements pour cheminer directement les eaux des pluies vers la rivière Ntahangwa.