La petite rivière Nyakabugu qui traverse le quartier Nyabagere en zone Gihosha en mairie de Bujumbura et ses riverains ne font pas bon ménage. Malgré l’effort qu’ils fournissent, cette rivière ne cesse d’emporter leurs maisons et terres. La fabrication des briques vient enfoncer le clou.
Tout au long de la rivière Nyakabugu, entre la cellule III et IV du quartier Nyabagere en zone Gihosha de la commune Ntahangwa, une fabrique de briques cuites. Une véritable briqueterie en cette contrée de la mairie de Bujumbura. Des jeunes, des hommes, des écoliers et élèves en vacances s’activent au travail.
Ces briques sont presque partout, sur les rives, dans le ravin creusé par la rivière, etc. Au bord du ravin, des habitations. Certains habitants disent que la production des briques est leur gagne-pain. Selon eux, le problème d’érosion n’est pas lié à la production des briques. Plutôt, les fortes précipitations lors de la saison des pluies sont en cause. « Tout près de chez moi, on ne fabrique pas de briques, mais ma maison est déjà fissurée. Est-ce que je peux accuser ces gens qui fabriquent des briques ? », se demande une riveraine rencontré à Nyabagere.
Malgré le danger imminent, les habitants y vivent toujours. Et la fabrication des briques se poursuit. Certaines familles voudraient déménager, mais les moyens leur font défaut. « Maintenant, je dors car c’est la saison sèche. Nous aimerions que l’Etat nous trouve une autre parcelle, sinon je suis sûre que quand il pleuvra, nous ne serons pas en sécurité », confie une jeune mère de trois enfants.
« De fortes pluies ont fragilisé le sol »
« La petite rivière nous menace car pendant la période des pluies, elle cause beaucoup de dégâts. Elle emporte nos maisons et nos enfants qui vont à l’école. Nous demandons au gouvernement de canaliser cette rivière», s’écrie Nathanaël Rusiga la cinquantaine, riverain de Nyakabugu. Et de demander au ministère de l’Environnement d’organiser la plantation des arbres tout au long de cette rivière dans son projet « Ewe Burundi urambaye. »
La maison Sylvère Minani, père de trois enfants, riverain de Nyakabugu, est au bord de l’effondrement. Il ne sait pas à quel saint se vouer : « Les pluies de l’année dernières ont été trop abondantes. Quand on a acheté cette parcelle, le sol était dur. Nous demandons aux autorités de stabiliser cette rivière. »
Les habitants de la localité s’accordent pour dire que les pluies ont fait que les sols se fragilisent. Même les bambous qu’ils avaient plantés pour bloquer la Nyakabugu se sont déplacés avec la terre qui s’est effondrée. « Ils sont très vite dépassés et s’écroulent».
Le chef de Zone Gihosha s’est rendu sur les lieux ce mardi 28 février. Floribert Sibomana reconnaît le danger de ces travaux. Il a ordonné à tous les exploitants de ce site de cesser toute activité de fabrication des briques. Il soutient qu’il n’était pas au courant de la situation qui prévaut dans le quartier Nyabagere, cellule IV.
Et d’ajouter qu’il va interdire les travaux de production des briques pour limiter les dégâts. Une décision déjà en vigueur sur les rives de la rivière Nyabagere traversant aussi la zone Gihosha.