Des commerçants dénoncent la somme exorbitante exigée par la commune pour la construction des échoppes. Ils réclament de revoir à la baisse la somme demandée.
« L’obligation de payer 200 000 BIF pour avoir l’autorisation de construire une échoppe dans le nouveau marché présage une exclusion », se lamentent des commerçants trouvés sur l’ancien marché de Giheta. Des frustrations se lisent sur leurs visages. Ils jugent la somme exigée exorbitante.
Pour Guillaume, un commerçant rencontré sur le nouveau marché en construction, l’exigence de construction en matériaux durables constitue un obstacle pour les commerçants aux faibles moyens. « Les matériaux sont très chers et les travaux de construction coûteux ». Pour lui, 200 000 BIF est une grosse somme pour quelqu’un qui possède un capital de moins de 500 000 BIF.
« Vu que la somme exigée est exorbitante, plus de la moitié des commerçants se sont désistés ». Par ailleurs, il fait savoir que certains commerçants n’ont pas été consultés dans la fixation du montant. Et de déplorer que des commerçants venus d’ailleurs ont bénéficié de stands.
Il faudrait, suggère-t-il, que les responsables administratifs exigent cette contribution en tenant compte du capital de chacun. Il demande à la commune de leur construire des kiosques à crédit.
D’autres s’interrogent sur l’utilisation des 500 000 000 BIF accordés chaque année par le Fonds national d’investissement communal (Fonic) pour le développement des communes. « La commune devrait utiliser ce fonds pour la construction de ce marché », observe M.N.
Un autre commerçant ne cache pas sa colère : « La somme exigée dépasse nos moyens. Chaque mois, je réalise un bénéfice qui est en dessous de 50 000 BIF. Je n’ai pas eu de place, faute de moyens suffisants ».
Ceux qui ont déjà commencé les constructions sont dans le doute. Chacun paie 50 000 BIF chaque semaine pour l’achat des matériaux. La construction d’un stand étant estimée à plus de 1 000 000 BIF. Les commerçants s’accordent à dire que la somme est exorbitante. La plupart ayant un chiffre d’affaires qui avoisine 700 000 BIF.
N.B. est sur le chantier. Il supervise les maçons. Il juge le devis excessif : «Il m’est difficile d’avoir 50 000 BIF chaque semaine. Je risque d’abandonner les travaux de construction de mon échoppe.»
Un déménagement précipité
Pour les commerçants, il fallait d’abord finir les constructions avant de déménager vers le nouveau marché. Par ailleurs, les boutiquiers sont restés dans l’ancien marché. Ils se lamentent comme quoi la clientèle a sensiblement diminué. Ces tenanciers de boutiques disent qu’il n’y a plus de mouvement. Et de s’interroger sur les raisons qui ont poussé l’administration a précipité le déménagement de certains commerçants.
Un des commerçants interrogés dit qu’il est entré d’accélérer les travaux afin de déménager : « Nous devons nous hâter pour finir les constructions afin de rejoindre les autres. Nous sommes bousculés par le temps. Nous manquons de clients ».
Signalons qu’une trentaine de commerçants ont déjà démarré les travaux de construction de leurs stands. Chaque stand aura une dimension de 3m x 3 m.
Un autre commerçant trouve la place stratégique. « Nous espérons qu’elle sera rentable ». Néanmoins, il déplore que la place ait été mal aménagée. En période pluvieuse, fait-il remarquer, le marché sera boueux. « En cas de pluie, les commerçants seront obligés de dégager leurs articles pour ne pas être endommagés ».
Des irrégularités balayées
Selon Alexis Manirakiza, administrateur communal, le nouveau marché figure parmi les projets inscrits dans le Plan communal de développement communautaire (PCDC) élaboré sur cinq ans sur financement de la GIZ. Ce plan est en vigueur depuis 2018. D’après cette autorité communale, chaque zone doit être dotée d’un marché moderne.
Par ailleurs, précise M. Manirakiza, la population avait longtemps souhaité que le marché soit installé à proximité de la route nationale N° 2 (Bugarama-Gitega). « C’est dans le but que le marché soit plus accessible aux acheteurs et vendeurs et par conséquent plus rentable ». Le marché a déménagé il y a de cela deux semaines.
Interrogé sur l’utilisation de la somme versée par les commerçants, l’administrateur se veut rassurant : « Elle sera gérée en bon père de famille.» Il indique qu’une partie de cette somme sera utilisée dans la construction des caniveaux et des latrines. L’autre sera affectée à la construction des murs de soutènement. Il affirme que les commerçants bénéficieront des tôles qui seront octroyées par le bureau de la présidence de la République.
Quant à l’utilisation du fonds accordé par le Fonic, cette autorité communale dit attendre le rapport y relatif qui sera rendu public incessamment.
Le suivi des travaux, insiste-t-il, est assuré par l’ingénieur civil de la commune en collaboration avec le comité des commerçants. Quant aux lamentations de certains commerçants sur la somme demandée, l’administrateur communal précise que la somme a été fixée après concertation de tous les commerçants. Il rassure que le processus d’attribution des places continue. Pour lui, la liste des bénéficiaires n’est pas encore clôturée. « Les portes restent ouvertes à ceux qui le peuvent.»
Asmane Ntunzimana, président du comité des commerçants, abonde dans le même sens. Il indique que la contribution a été fixée de commun accord avec tous les concernés. « Avant de fixer ce montant, nous sommes allés nous ressourcer chez d’autres commerçants dans d’autres communes ». Et de marteler : « Il y a eu transparence dans la fixation de ce montant et dans l’attribution des places ».