Dimanche 22 décembre 2024

Société

Giheta : Le CFR au chevet des mineurs relâchés

19/12/2019 Commentaires fermés sur Giheta : Le CFR au chevet des mineurs relâchés
Giheta : Le CFR au chevet des mineurs relâchés
Frère Tharcisse Batungwanayo : « Ramener la confiance en ces jeunes est l’un des défis majeurs auxquels nous faisons face.»

Depuis 2015, le Centre de formation rurale accueille les mineurs libérés des différentes prisons. Ils y apprennent différents métiers dans le cadre de leur réinsertion socio-économique. Certains ne tarissent pas d’éloges. A la découverte du CFR.

Lundi 9 décembre. Nous sommes sur la sous- colline Karukona, commune Giheta, en province Gitega, à 1km de la route nationale Bugarama-Gitega (RB2).  Sur cette colline juche le Centre de formation rurale (CFR). La localité est verdoyante. Des cultures variées : haricots, maniocs, riz, arbres fruitiers et des eucalyptus. Un centre qui apprend différents métiers aux mineurs sortis des différentes prisons depuis 2015. Il est dans les mains de la congrégation des Frères de Saint Joseph. Certains bâtiments sont flambant neufs, d’autres un peu vétustes. Hormis le bruit dans les ateliers, l’endroit est calme. Il n’y a pasd’autres habitations aux alentours.

Il est 9hfrère, Tharcisse Batungwanayo, directeur  dudit centre, nous reçoit. Son bureau est spacieux, beaucoup de dossiers sur la table. Des certificats qui vont  être remis, le lendemain, à la 9e promotion.

Une visite du centre est décidée.  Beaucoup de bâtiments qui abritent plusieurs activités.On y trouve des ateliers pour la cordonnerie et la maroquinerie : fabrication des souliers, sacoches et des habits en cuir. Un atelier pour la fabrication métallique : la  soudure. Et un autre pour la couture.

« Depuis 2015, nous sommes à la 9e promotion.  Nous  avons déjà formé 270 jeunes. Nous acceptons dix  candidats dans chaque section et nous les formons  sur une période de trois mois », explique frère Batungwanayo.

Il précise qu’il collabore avec la fondation « Terres des Hommes ». Cette dernièrevisite les centres de rééducation des mineurs en conflit avec la loi. Elle récupère les mineurs, soit qui bénéficient de la grâce présidentielle, soit acquittés ou ceux qui purgent leurs peines.

« Nous avons échangé avec la fondation. Nous avons réalisé que ces jeunes ont besoin d’être formés non seulement  sur le plan social, mais aussi ils ont besoin de connaissances professionnelles pour qu’ils puissent réintégrer leur milieu de vie habituelle », précise frère Batungwanayo.

 

                             Les bénéficiaires satisfaits

« Non seulement, j’ai appris  le métier de soudure, mais aussi j’ai bénéficié d’une formation sur la cohabitation pacifique», se réjouitOlivier Irakoze, 17 ans, de la zone Mungwa, commune Gitega. Libéré du centre de rééducation pour mineurs de Ruyigi, il affirme qu’il va se débrouiller dans la vie avec  ce métier.

Satisfecit du côté de Jonas Toyi, 16ans, venu lui-même du centre de rééducation de Ruyigi après avoir purgé une peine d’une année et 4 mois pour vol. « Je suis content d’avoir appris le métier de cordonnerie et maroquinerie. J’ai une occupation. Fini  les balades ». ll invite les autres jeunes à venir  fréquenter ce centre.

Joselyne Nifasha, 16 ans,  ne tarit pas d’éloge. Elle a appris la couture. « Ce métier va me faire vivre. Je vais l’apprendre aux autres jeunes ».

Révérien Ndikubwayo, 17 ans, ne cache pas sa joie et ses ambitions : « Je compte installer un atelier de soudure. Et je vais donner du travail aux jeunes désœuvrés. Je vais contribuer au développement de mon entourage.»

Atelier de soudure du Centre de formation rurale de Giheta.

Des défis ne manquent pas

« Ramener la confiance en ces jeunes est l’un des défis majeurs auxquels nous faisons face », fait savoir frère Tharcisse Batungwanayo. Il n’est pas aisé d’encadrer ces jeunes venus de milieux divers, certains ayant consommés des stupéfiants. Et de préciser : «Nous fournissons beaucoup d’efforts pour les ramener progressivement à la raison.»

Il se réjouit du fait que ces jeunes apprécient le cheminement qui est adopté par rapport à la réinsertion sociale. Il accorde un entretien à ces mineurs chaque soir. L’accent est mis sur la citoyenneté. « Nous leur apprenons comment se comporter quand on est jeune devant les autres jeunes, devant les adultes ». Pour ce faire, renchérit-il, la coutume burundaise est mise en avant.

Il interpelle les responsables des établissements pénitentiaires d’inculquer à ces mineurs les valeurs humaines. Pour lui, il faut que ces jeunes reçoivent un encadrement social là ils sont incarcérés. Un encadrement qui rappelle d’abord les droits de la personne humaine, qui continue à  entretenir les coutumes des Burundais. Il faut qu’il y ait une fraternité vivante. « Quand on leur dit qu’ils sont condamnés, il y en a qui en sortent condamnés moralement ».

Selonce religieux, le centre a besoin d’un bâtiment spécifique pour les filles. Il y en a qui viennent avec leurs enfants. « Le besoin d’une crèche se fait sentir».

« La période de formation est courte », fait remarquer frère Batungwanayo. Pour lui, trois mois ne suffisent pas. Et de constater que c’est juste pour se lancer dans un métier. Ils rentrent  après avoir seulement accumulé les théories exécutées sur des exercices différents pendant une période d’un mois et demi. Il plaide pour la  prolongation de la formation sur six mois. Et de confirmer : «Nous avons vu qu’un jeune qui a subi une formation sur six mois réussit bien ses affaires.»

Frère Tharcisse Batungwanayodéplore l’absence de formation de ces jeunes sur la section agroalimentaire. Or, fait-il observer, la formation sur la technique agroalimentaire se révèle être une filière qui donne des emplois et valorise l’agriculture.

Interrogé sur le suivi des jeunes ayant quitté le centre, frère Tharcisse Batungwanayo fait savoir que c’est la fondation « Terres des Hommes » qui s’en charge. Et de souligner que les personnes en charge du suivi  donnent des témoignages positifs au sujet de l’impact de la formation. « Au moins 90% de ceux qui sont formés sont fidèles, réussissent et s’améliorent dans le métier ».

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 4 054 users online