A Giheta, le nombre de filles surtout chez les collégiennes qui tombent enceinte inquiète les parents. Pour ces derniers, la télévision et les téléphones portables sont à l’origine de leurs maux. L’administration appelle les éducateurs et parents à prendre leurs responsabilités.
Colline Gasunu, zone Kiriba à Giheta. Quand on parle de grossesses, presque tout le monde dit que c’est un fait normal. « C’est le vécu, c’est la situation du moment, nous nous sommes déjà habituées », indiquent plusieurs mamans. Elles disent qu’elles sont déjà dépassées par les événements.
« Nous ne pouvons rien. Nous sommes désespérées. Il ne se passe pas une semaine qu’on ne parle pas d’une fille de la voisine qui est enceinte et que le garçon qui est responsable a nié la responsabilité », déplore Yolande.
Dans cette situation, les mères de ces filles sont souvent pointées du doigt par leurs maris comme quoi elles seraient à l’origine de la situation. « Ils ne veulent pas partager la responsabilité de ce qui arrive dans la famille. Chaque fois, ils nous accusent d’avoir baissé la garde dans l’éducation des enfants. Parfois même la maman supporte seule le fardeau et quelque fois elle est jetée dehors comme une vulgaire domestique », ajoute-t-elle. Dans cette localité de Gasunu, il est rare de ne pas croiser une jeune femme qui dit avoir abandonné les études à cause d’une grossesse. Pour elles, ce sont les erreurs de la jeunesse et qu’elles regrettent énormément. « Je suis tombée enceinte quand j’étais en 8ème année. Le garçon avec qui ‘nous étions amoureux’ s’est désisté quand je lui ai annoncé que je viens de passer deux mois sans avoir des règles. Depuis, il n’a plus voulu mer voir et d’ailleurs c’est lui qui a été le premier à propager la nouvelle dans mon entourage », a confié Aline. D’après les sources sur place, la plupart de ces femmes célibataires se réfugient dans le commerce ambulant en vendant des fruits et des arachides dans la ville de Gitega pour subvenir aux besoins de leurs bambins non reconnus par leurs géniteurs.
« Les téléphones mobiles et les télévisions sont la cause ! »
A Gasunu, nombreux sont ceux qui pointent du doigt les nouveaux outils de l’information. D’après eux, à l’école, dans les centres sanitaires, on leur apprend à utiliser les préservatifs, à lutter contre les grossesses non désirées. On projette les films obscènes qui ne devraient pas être visionnés devant les enfants.
« C’est du venin qu’ils inoculent. Ils le font sous prétexte qu’ils leur apprennent à se protéger du Sida. A force d’apprendre, ils veulent le mettre en pratique », peste un vieillard de Gasunu. Par ailleurs, ajoute-t-il, les filles et les garçons se partagent des vidéos pornographiques, se donnent des rendez-vous quand ils veulent et où ils veulent au nez et à la barbe des parents.
L’administration de Giheta souligne que la loi burundaise réprime l’adultère dans toutes ses formes mais qu’elle peut se trouver désarmée devant les cas des filles qui ne veulent pas dénoncer les hommes responsables de ce qui leur est arrivé.
« S’il s’agit d’une étudiante et d’un homme marié, c’est plus facile. La police appréhende le coupable et le met devant la justice. Mais, il arrive que la fille en question ait eu des aventures avec son ami d’école. Dans ce cas, nous ne pouvons rien faire. La solution est d’attendre qu’elle accouche et elle sera à la charge de ses parents », déclare Cyriaque Birushe, conseiller technique, Administratif et social de la commune Giheta. Cette autorité appelle en outre les parents de ne pas baisser les bras et les encourage à dénoncer tout comportement irresponsable de la part des adultes qui fuient leurs responsabilités.